Et bien, voilà un roman qui mérite d'être classé dans les livres de "hard science" !
Le récit commence pourtant par une mise en situation somme toute classique pour la SF : celui du premier contact avec une espèce extraterrestre. La Terre ayant été photographiée sous toutes les coutures par une espèce non-identifiée, une expédition va être envoyée aux confins de notre système pour y établir le premier contact et déterminer si cette espèce est ou non, un danger pour la Terre.
Cette expédition a été confiée à un équipage un peu particulier, composé de 5 membres : une linguiste aux personnalités multiples (au nombre de 4), une militaire maternaliste et pacifiste, un biologiste interfacé, un synestésiste (sorte de spécialiste du langage capable, à partir du langage corporel de déduire les pensées profondes de ses interlocuteurs) chargé d'observer la mission et de rendre compte auprès des autorités terrestres, et un chef de mission qui n'est rien moins qu'un vampire !
Tout ce joyeux petit monde va donc établir le contact, et c'est cette expédition que nous suivons, par les yeux du synesthésiste, au fil des pages.
Ce pitch de départ va en fait servir de prétexte à une exploration du cerveau humain, notamment par le biais de ses défauts de perception, ses insuffisances et des moyens qui existent de les exploiter et/ou les contourner.
Parfois ardu à suivre, tant les mécanismes décrits sont complexes, le roman n'en est que plus prenant et plaisant à lire. Le suspens reste à son comble jusqu'au bout, les dialogues sont intelligents et, bien qu'assez techniques certaines fois, restent intelligibles (ce qui pouvait relever de la gageure)
Le roman proprement dit est suivi de notes et références de la main de Peter Watts qui, outre son humour (déjà présent dans le livre), révèlent la somme hallucinante de documentation qu'il a ingurgité lors de l'écriture de son roman.
Notes très intéressantes donc, car elles permettent de démêler ce qui relève de l'état d'avancement de la neurologie au moment de l'écriture du texte, et ce qui relève de la licence poétique de l'écrivain.