Le livre de 186 pages, paru dans les éditions folio, et bien écrit dans l'ensemble, a demandé à l'auteur beaucoup de travail et de temps. En voici un extrait :


"Doukipudonktan", se demanda Gabriel excédé. Pas possible, ils se nettoient jamais. Dans le journal, on dit qu'il y a pas onze pour cent des appartements à Paris qui ont des salles de bain, ça m'étonne pas, mais on peut se laver sans. Tous ceux-là qui m'entourent, ils doivent pas faire de grands efforts. D'un autre côté, c'est tout de même pas un choix parmi les plus crasseux de Paris. Y a pas de raison. C'est le hasard qui les a réunis. On peut pas supposer que les gens qui attendent à la gare d'Austerlitz sentent plus mauvais que ceux qu'attendent à la gare de Lyon. Non vraiment, y a pas de raison. Tout de même quelle odeur.


Gabriel extirpa de sa manche une pochette de soie couleur mauve et s'en tamponna le tarin.


"Qu'est-ce qui pue comme ça ?" dit une bonne femme à haute voix.


Elle pensait pas à elle en disant ça, elle était pas égoïste, elle voulait parler du parfum qui émanait de ce meussieu.


"Ça, ptite mère, répondit Gabriel qui avait de la vitesse dans la repartie, c'est Barbouze, un parfum de chez Fior.


– Ça devrait pas être permis d'empester le monde comme ça, continua la rombière sûre de son bon droit."


Je n'ai pas vraiment aimé, même si c'est le dernier livre que j'ai lu!


Les personnages sont, sans aucun doute, attachants, mais les mauvaises habitudes ne sont pas pour me plaire: la fillette boit de la bière, donnée et payée par un homme dont elle ne connaît rien, un véritable inconnu qu'elle côtoie, après s'être s'enfuit de chez elle, alors qu'elle devait être en train de dormir...je me suis arrêté de lire quand, par hasard, elle veut se choisir un "bloudjinnz" dans un marché. Je ne peux pas lire plus loin, j'aime les romans d'action !


L'auteur Raymon Queneau, signe, ici, une oeuvre classique burlesque, parue en 1959.
C'est le premier succès populaire de Queneau ; il y met en scène une galerie de personnages pittoresques mais il présente aussi une réflexion philosophique sur l'identité et la vérité.


Raymond Queneau, né le 21 février 1903, fait des études de lettres et de philosophie à Paris ; on retrouve des allusions à sa formation à travers le livre. Lors de la publication de son œuvre, il n'est pas très populaire, mais est cependant reconnu par les médias. C'est seulement après que Raymond Queneau devient célèbre.


Pour moi, l'auteur "essaie" d'être burlesque et y réussit plus ou moins. Ceci étant dit, c'est une bonne idée de mettre une petite fille, du reste pas très éduquée mais gentillette, en héroïne de 9 ans, et d'adopter, pendant tout le livre, un langage des poissonniers néo-français et même, assez familial: l'argot.


Ici, à la lecture des premières lignes, on aime ou on n'aime pas, car l'on découvre vite une petite fille et son désir irrépressible de connaître le métro, jusqu'à ce qu'elle apprenne que le métro est fermé à cause d'une grève. Alors l'on a assiste à une véritable tristesse et déception de la fillette qui va faire la connaissance de personnages, après avoir vu la tour Eiffel et d'autres attractions touristiques de Paris avec son oncle, auxquels elle n'accroche pas vraiment.
A partir de sa fuite pour connaître le métro, va commencer une quête et un voyage qui va se mêler à un essai de roman policier (un interrogatoire d'un personnage, plus loin dans le livre, d'après Wikipédia). Des thèmes sont abordés: le travail, l'argot, le tourisme, l'amitié, mais aussi la violence, l'homosexualité, etc.
Thèmes accrocheurs au début, on se lasse vite de l'histoire, et cette lassitude va se prolongeant.


Ce qui est intéressant, toujours d'après Wikipédia, c'est que la petite fille paraît assez mâture, et même précoce et son oncle Gabriel, un autre personnage du livre, la fait découvrir Paris d'une manière différente qu'on croirait dans les premières pages. La fillette n'est pas dépourvue d'esprit critique et d'insolence et, si l'auteur avait mis un peu plus de piment, et moins forcé sur son aspect du langage "néo-français", c'est cela qui m'aurait fait dévorer l'histoire du début à la fin !


Nous pouvons terminer en disant que, selon moi, ce qui peut être vraiment intéressant est que l'on aborde le thème de l'homosexualité de manière naturelle pour l'époque (je rappelle que l'oeuvre a été publiée en 1960) puisque l'oncle de Zazie, qui aurait une femme au début (Marcelline), à la fin du livre se révèle un homme (Marcel) ce qui complète les aventures de cette petite Zazie, ce qui, bien évidemment, ne manque pas de discernement et de surprise!

Ana_Antoine
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le 6 avr. 2015

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Ana_Antoine

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