Bienvenue à Halloween (de ”L’étrange Noël de Monsieur Jack”) par Heavy

Chanson d’ouverture du film, elle instaure dès ses premières notes, une atmosphère hors du commun, une atmosphère mystérieuse, qui donne envie de se plonger dans le monde qu’elle nous propose justement de découvrir. Et c’est porté par le son des violons, de la contrebasse, et de la harpe qu’on se laisse alors porter par ce souffle horrifique.
Une voix exceptionnellement grave et sombre nous accueille, et nous invite à entrer dans ce monde d’une poésie noire étonnante. Accompagnée d’une voix ensorcelée plus discrète, voilà que le sort lancé commence à faire effet ; on est alors pris à la fois de peur et de curiosité.
Les voix se succèdent sur fond d’une mélodie fantastique aux sonorités semblables à celles d’une rythmique carnavalesque ; nous voilà au cœur d’une ronde horrifique où l’effroi, le frisson, la peur et la mort se côtoient pour former un joyeux chaos teinté de noirceur. Un tourbillon prend forme et nous entraîne dans un univers auquel on ne peut alors plus échapper. L’impression d’être entouré de monstres en tout genre, au sein d’une immense maison hantée de laquelle on ne peut plus sortir, nous envahi. Crier, hurler, ne sert plus à rien, il est trop tard. On succombe. Viennent alors les martellements de la contrebasse soutenus par les éclats de cymbales et les cliquetis des tambourins. Les voix, plus étranges les unes que les autres se succèdent, donnant l’impression qu’une multitude de monstres surgit de nulle part. En fond, une sorte de tic-tac sourd se fait entendre, comme pour nous avertir que désormais le temps nous est compté. Et c’est entouré d’une horde de créatures terrifiantes que l’on se laisse malgré nous tombé dans ce gouffre, dont le c(h)oeur nous conduit tout droit en enfer.
Les voix s’enchaînent, s’entremêlent, s’harmonisent pour se désaccorder ensuite ; parfois grinçantes, perçantes, sinueuses, vicieuses ou solennellement macabres, elles semblent parfaitement s’entendre à nous déboussoler, à nous faire perdre tout sens de la réalité. Pris dans un tourbillon vocal, on ne sait plus où tendre l’oreille. On se retrouve au cœur d’un chaos toutefois terriblement bien organisé.
Soudain, une voix perçante se fait entendre ; elle surgit de nulle part dans le but de nous surprendre, de nous faire peur. Tel un sursaut, elle nous assaille malgré nous. Ce sentiment de surprise et de frisson est tout de suite amplifié par le duo menaçant que forment les deux voix bien harmonisées des deux sorcières ; on a alors le sentiment qu’elles viennent nous chercher, nous déloger de notre torpeur pour nous inviter à la fête. Alors, ce chœur monstrueux devient chant funèbre. L’expression « mourir de peur » prend alors tout son sens ; la peur, le frisson, la mort nous frôlent et semblent nous tendre les bras. Pourtant, une voix plus douce tend à percer ce halo de terreur. Mais au lieu de nous rassurer sur l’issue de cette danse macabre, elle ne fait que nous envoûter d’avantage comme pour nous hypnotiser. La menace et l’angoisse se font de plus en plus pressantes. Lorsque le Vent vient nous murmurer à l’oreille, un frisson nous envahit aussitôt. Puis, la voix d’Oogie Boogie, grave, sombre et intense, vient confirmer cette sensation ; le rêve se transforme en cauchemar. L’ambiance devient petit à petit mystique et le refrain prend alors des airs d’incantation morbide. Se joignent à ce chant funeste, des voix d’enfants ; on pourrait alors se sentir rassuré, apaisé par l’émergence de cette apparente douceur, mais il n’en est rien. Le chant n’en devient que plus effrayant et vicieux, puisque même les enfants sont pervertis par l’horreur et le plaisir de susciter la peur.
Vient alors ce que l’on peut qualifier d’apothéose : une montée en puissance des instruments qui intensifie de manière considérable le caractère mystique de cette cérémonie macabre et amplifie le sentiment d’angoisse qui nous pénètre de plus en plus puissamment. La cérémonie « halloweenesque » suit son cours et voit approcher l’avènement de son roi ; Jack Skellington. Le chant tend alors vers la célébration fanatique. La musique est de plus en plus intense et effrayante. La fin de la chanson et donc de la cérémonie approche, et s’apparente à une véritable procession funèbre ; l’avènement du Roi des Citrouilles sonne comme l’avènement du mal, du plaisir pervers et malsain. C’est alors que les instruments se révèlent. Ils sonnent comme un véritable tourbillon de sonorités intenses qui nous entourent et nous emprisonnent dans une sensation de peur contre laquelle on aurait envie de lutter, à laquelle on voudrait pouvoir échapper. La musique sonne comme une harmonie de sons et de voix, suivant un chemin sinueux, avançant vers nous, comme pour s’infiltrer dans les recoins les plus sombres de notre âme et nous pervertir à notre tour, nous entraîner dans cette farandole morbide. Le mal et le plaisir qu’il procure semble alors s’immiscer en nous, nous pénétrant de toutes parts : invités, puis accueillis, nous voilà désormais intégrés à Halloween Town.
La chanson cérémoniale d’ouverture se termine en apothéose carnavalesque : des rires diaboliques, mutins, vicieux et satisfaits éclatent de toutes parts, résonnants tel le glas, sonnant à la fois la fin de la cérémonie, symbole de notre entrée dans ce monde particulièrement diabolique et la fin du spectacle horrifique qui vient de nous être joué. Toutefois, il faut l’avouer, le charme a bel et bien fonctionné : on se laisse persuader par l’esprit qui règne dans cette ville et finalement, la peur se transforme vite en excitation, en curiosité.
Heavy
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le 6 janv. 2013

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