L’Hymne de nos campagnes
6.2
L’Hymne de nos campagnes

Morceau de Tryo (1998)

Hé, les mans, faut faire la part des choses.

Les chansons de Tryo sont prisonnières de l'image du groupe, de sa destinée.

C'est une gangue qui inspire les passions contraires, le déferlement des clichetons à base de keffieh, car c'est bien clichesque, ça, le keffieh.

Hippie ! C'est devenu une insulte ; vous aussi, vous avez remarqué ?

Aujourd'hui, Tryo, c'est le dévouement de générations successives de lycéens depuis maintenant 12 ans, sans fléchissement notable à ma connaissance. Tryo, c'est depuis 2005 environ l'essor médiatique, le sceau de France Inter, l'édition par Sony Music Entertainment, la diffusion par NRJ, la sortie de clips. Pour beaucoup de raisons, d'abord musicales, Tryo a toutes les chances de n'inspirer que mépris à des mélomanes comme moi.

Revenons à 1998, un peu. Quand le morceau est enregistré, Tryo n'est pas tout ça. Au départ, c'est du reggae acoustique sans prétention, non ?

Ici, évidemment, les voix, la mélodie sont sirupeuses. Le texte, lui, est incomparablement plus puissant et modeste que celui d'un Furnon sur "Respire". Au hasard.

Mais nous ne trompons pas, l'Hymne ne braille pas la cause de l'environnement qu'on pollue. L'Hymne se pose sur un autre terrain. L'Hymne fait gracilement une offrande à la Vie.

L'adresse est précise : l'habitant désœuvré de la jungle urbaine. Le temps d'une chanson, l'Hymne lui offre simplement de changer de monde. Voilà, classique, ressort fondamental et toujours efficace de la culture populaire. Le monde trivial, le monde de fantaisie, le sujet, la translation entre les deux mondes. Le petit brin d'herbe.

"Nos campagnes", c'est un espace magnifié, non situé. C'est le très loin, le pays imaginaire, l'autre côté du miroir, etc. C'est un jardin luxuriant comblé de personnages fondamentalement bons et riants. L'appréhension de cet ailleurs bigarré soulage et régénère la personne par les yeux. Le sujet s'y transcende (comme les super-héros). Comment ne pas se figurer, notamment, cet écureuil ? Comment ignorer la pointe d'humour ?

Comme souvent, l'utilisation de la fantaisie est un truchement pour t'introduire et t'enfoncer dans une réalité. Ici, le fait que tu vis. La vie biologique, la vie sensorielle, la vie comme devenir.

Cette plume d'humanisme est devenue un classique des chants au coin du feu, chez les scouts ou ailleurs.

Ce n'est pas (que) circonstanciel.

[A noter, une vidéo amateur qui associe très justement les mots de Guizmo aux images de Miyazaki du film Totoro (http://www.dailymotion.com/video/x3n9l_clip-tryo-l-hymne-de-nos-campagnes_music)]
Lefolam
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le 23 déc. 2011

Modifiée

le 22 août 2012

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Lefolam

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