The Kinslayer
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The Kinslayer

Morceau de Nightwish (2004)

On a tous cette musique que l'on peut citer à chaque conversation avec un nouveau compatriote musical. Cette musique qui nous transporte en dehors de la réalité, pas comme la majorité des musiques, mais bien au-delà, à un stade presque révélateur. Cette musique que l'on écoute, que l'on réécoute, et que l'on continue à adorer malgré le nombre de fois qu'elle a pénétré nos oreilles et les années qui passent et nous sculptent différemment. Eh bien, pour moi, The Kinslayer représente parfaitement cette oeuvre pour moi. Si ce ne sera pas sans doute pas le cas pour tous, je renie toute objectivité pour cette critique, où vous ne trouverez pas un récit placide et énuméré, mais un hommage personnel et venu du fond de cœur. La meilleure musique au monde ? Sûrement que non. Mais c'est celle qui a fait mon adolescence, et continue à me suivre encore aujourd'hui de façon tout aussi brûlante, et rien que pour cette raison, je pense qu'il y a mérite à en parler et à donner à d'autres de ressentir la même chose que moi avec ces quatre minutes de musique fraîches et puissantes.

The Kinslayer, c'est avant tout une musique à l'honneur d'un CD promotionnel de Nightwish. Pas la meilleure histoire pour être convaincant, hein ? Par ailleurs, le groupe à son origine n'est pas non plus mon préféré, je dois bien l'avouer, bien que j'apprécie une partie de leurs musiques (avec Tarja hein, après, c'est une autre histoire), et je dois lui reconnaître une profondeur bien trop superficielle par moments. Et pourtant, cette musique promotionnelle qui m'inspirait de base la méfiance, m'a ensuite ouvert à tout autre chose. Des sensations uniques, si forts à chaque écoute que je ne peux qu'abaisser les boucliers de l'objectivité et des préjugés. Une première oeuvre d'un groupe dont on ne m'a donné des qualités que mitigées... Et pourtant, j'ai été conquis d'une façon quasiment immédiate. Est-ce justement cette surprenante réplique à mes craintes qui a rendu cette première lecture si géniale ? Possible. Mais en tout cas, ces sensations ne s'effacèrent pas aux écoutes suivantes. En fait, elles ne s'effacèrent jamais.

The Kinslayer, c'est une histoire. Sur plusieurs aspects plus ou moins évidents d'ailleurs. La première chose à préciser sur cette musique est qu'elle est inspirée directement d'un fait divers, une fusillade dans une école secondaire des Etats-Unies ayant apporté bien des peurs et des soucis au pays. Et c'est un récit abstrait de cette histoire que nous retrouvons dans cette musique. Mais au final, ce n'est pas tant l'hommage touchant et ambitieux rendu par cette musique qui nous marque le plus. En fait, il n'y a même pas besoin d'être au courant de ce fait pour vivre cette chanson. Les paroles, simples, rares, concises, sont néanmoins fortes, subtiles et prenantes aux tripes. Un éclat de voix entre la place du regret, de la douleur et du désespoir de la femme, et de la cruauté et la folie de l'homme, chacun représentant respectivement les victimes et les coupables de ce tragique incident. Mais au final, ce qui nous reste le plus de cette musique, ce n'est pas ses paroles ou son contexte, mais bien sa musique elle-même.

Car cette musique, oui, nous ne nous contentons pas de l'entendre. Nous la vivons. Nous la ressentons alors que celle-ci raconte sa propre histoire à travers le rythme du batteur et les mouvements effrénés du guitariste. L'histoire de cette fusillade ? Oui, de très belle façon, mais pas seulement. Car au final, sans connaître cette anecdote, nous vivons tous une histoire différente, en fonction de ce qu'on l'en entend et ce que l'on ressent. A travers la profondeur des touches de piano, de la puissance de la basse et des voix, du rythme rapide plein d'adrénaline, nous sommes transportés dans une oeuvre qui nous surpasse sans pour autant nous perdre, et nous vivons notre propre histoire qui se termine selon l'être qui l'écoute sur l'explosion finale sinistre, symbolisant de base le coup de feu détruisant les espoirs de ces enfants désespérés, mais aussi quelque chose que seul chacun de nous peut connaître et ressentir. Une oeuvre personnelle qui raconte à chacun l'historie qu'il a besoin d'entendre... Rajouté à cela une force implacable qui nous fait battre du cœur à chaque écoute.

Voilà pourquoi je ne cesserais d'aimer cette musique, et que l'on l'aime, ou ne l'aime pas, peu m'importe, car je sais que tous ne l'apprécieront pas autant que je l'ai apprécié. Peu importe ? Car au final, elle aura apporté à un pauvre fou d'adolescent des émotions éternelles, qui auront forgé sa vie dans les pires moments, et rien que pour cela, elle mérite bien l'hommage que je lui consacre.
Capitaine-Bravo
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le 19 nov. 2014

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