C'est ta mère le titre de la critique

Ouais, j'ai eu beau chercher, aucun titre sympa ne m'est venu.

NB: pardon pour les fautes d'orthographe éventuelles, il est hyper tard et j'ai pas pris le temps de me corriger. Voilà voilà.

Donc, je me suis laissé tenter et ai commencé Hannibal. Comme à mon habitude j'attendais d'avoir vu la première saison pour donner un avis correct, voilà donc chose faite.

Hannibal, c'est une série sur laquelle je suis partie sans a priori. Je n'ai pas été touchée par la comm qui a été faite à sa sortie, il n'y a que ma meilleure amie qui, connaissant mes gouts, m'a suggéré que ça devait me plaire, et oui ça m'a beaucoup plus.
Résumons un peu pourquoi.

Tout d'abord je dois le dire, je n'ai pas lu les livres de Thomas Harris bien que j'en connaisse le contenu, je n'ai vu que les films ô combien cultes, dont Dragon Rouge que j'avais vu au cinéma.
Cette série en est le préquelle.

Je connais ces personnages, leurs démons, je savais donc à quoi m'attendre dans la forme, mais j'ai été surprise agréablement, par cette série.

L'esthétique pour commencer est remarquable, les images et - même si c'est assez bizarre de l'admettre - les meurtres mis en scène sont visuellement très beaux.
Je n'y ai pas vu de surenchère dans cette façon de présenter les choses, l'esthétique appuie la dimension psychologique avec justesse.

L'esthétique comme l'ambiance de la série m'ont mis extrêmement mal à l'aise, mais pas dans le mauvais sens du terme. Tout ici me met mal à l'aise, de l'attitude des personnages jusqu'aux meurtres et leur mise en scène en passant par les scènes de diner.

Les images hallucinatoires de Will sont absolument magnifiques, même si peut-être un peu difficile à déchiffrer. Je pense à l'image du cerf, qui représente l'éventreur et son copieur. On ne sait pas nécessairement que le cerf est l'animal qui symbolise la famille Lecter, bien qu'on puisse se douter en faisant le rapprochement avec le cerf en bronze qui trône dans son cabinet et qu'on prend toujours grand soin de nous mettre dans le cadre, bien visible. Bien visible de Will, qui l'a vu et l'a imprimé dans son cerveau.
Ce lien, qui fait bien sûr référence à ce qu'on peut lire dans le livre, Dragon Rouge, est subtil, et je le trouve très bien mis en images.
On pouvait se demander "mais pourquoi il voit des cerfs partout?", bah la réponse c'est parce que c'est son cerveau qui le prévient que Hannibal est l'assassin qu'il recherche, obviously, le cerf qui semble mauvais et inquiétant est là pour le prévenir que "hé-hey! Hannibal c'est pas trop trop un ami à se faire!".

Je parlais des diners. Ils sont tout bonnement répugnants, et surtout ils mettent extrêmement mal à l'aise.
Déjà, je suis végétarienne, donc voir des gens manger des bouts d'animaux avec délectation, ça me fait frémir, ça aide déjà pas. :o)
Mais en plus de ce détail, on connait tous Hannibal, on sait tous qui est ce personnage et quelle est sa spécialité.
A caque scène de diner, je n'ai pas pu m'empêcher de frémir et de penser "non mais les gens STAHP il vous fait MANGER DES GENS!!!".
Mais bien sûr les personnages n'ont pas conscience de qui est la personne qui les invite à sa table, ils y viennent en toute confiance.

Parce que Hannibal est un personnage charmeur doté d'une aura tout à la fois malsaine et séduisante. Il inspire confiance, manipule les autres comme on cuisine un plat, et tout le monde lui sourit et en redemande. Personne ne se doute du monstre qui se cache derrière ses paroles apaisantes, et surtout pas Will Graham.
Un homme profondément torturé, par son esprit comme par son cerveau, physiquement.

Personne ne voit qui il est sauf nous, spectateurs, parce que même si on n'a pas forcément lu les livres ou vu les films, on sait que Hannibal est un personnage dangereux qui est entré dans le panthéon des "méchants" les plus célèbres.
On sait qu'il est manipulateur, et c'est quelque chose de frustrant de le savoir, et en même temps ça renforce le lien d'empathie qu'on créé avec les autres personnages, principalement avec Will.

J'aurai tellement aimé pouvoir traverser l'écran et tout lui dire, pour qu'il arrête d'endurer toute cette douleur inutilement. J'aurai aimé pouvoir dire a ses amis qu'ils regardaient du mauvais côté, dans le dernier épisode de la saison.

Alors oui, ça avait quelque chose de frustrant de savoir.

J'ai lu une critique qui disait que Hannibal "n'a pas de mobile défini" pour certains de ses meurtres, qu'il ne sait pas trop quoi faire du pouvoir qu'il exerce sur les autres, sur Will. Quelles sont ses motivations?
C'est là aussi que c'est intéressant, justement, la série nous montre cette rencontre entre Hannibal et Will comme un passage important dans la vie du premier.
Il voit en Will "un ami" comme il le dit, ou plus comme un potentiel égal. Il veut en faire son alter ego, il m'a semblé parfaitement évident que son mobile était là, il veut façonner Will à son image, parce qu'il peut voir à travers ses yeux. Il peut le comprendre, donc il le pousse toujours plus loin jusqu’à faire de lui un meurtrier. Du moins à lui faire croire qu'il en est un.
Mais Will est aussi pour lui un danger, sa perspicacité peut très vite se retourner contre lui, et c'est pour cette raison qu'il doit le garder sous contrôle.

Donc non, Hannibal n'est jamais "perdu" dans le pourquoi il agit, à chaque instant, il sait très exactement ce qu'il fait et pourquoi il le fait, et c'est bien pour ça qu'on connait Hannibal Lecter comme étant le personnage de roman / de film le plus dangereux.
D'autre part, il a toujours un mobile, qu'il soit culturel et/ou gastronomique, mais il faut bien comprendre qu'au moment où se déroule la série Hannibal est déjà un tueur très prolifique, que ses meurtres n'ont pas tous un lien avec l'intrigue présente, comme c'était le cas avant qu'il rencontre Will. Il fait ce qu'il fait toujours, simplement ce n'est pas sur cet aspect là qu'est tournée la série, bien plus axée sur Will et l'action que Hannibal a sur lui.
A vrai dire le vrai personnage principal de cette série, c'est Will. Et tant mieux, j'ai envie de dire, parce que c'est un personnage qui n'a pas encore été très exploité jusqu'à présent.

Le gros défaut que j'ai trouvé à cette série c'est simplement qu'on appuie tellement sur la psychologie de Hannibal et de Will qu'on en expédie les autres aspects intéressants de cette série. Je parle des autres meurtres, de l'homme qui cultive des champignons sur des corps humains à celui qui créé des violons humains, ils sont à peine effleurés là où on aurai pu tellement creuser.
Et j'ai aussi trouvé le système de déduction de Will un peu capillotracté, surtout au début, parce qu'il sort des explications un peu de nulle part, en fait il devine plus qu'il ne fait de connexions, je trouve dommage qu'on ne voie pas mieux comment il établis ces connexions.

Mais au final ça n'est pas tellement grave. Au niveau des autres meurtres - puisque le principal intérêt de cette série réside en Will. Les meurtres bien qu'intéressants ne sont là que pour aider à comprendre les personnages, la façon dont ils fonctionnent et les liens qui les relient.
Et en ce qui concerne le système de déduction de Will, ça peut paraitre paradoxal, mais c'est pas non plus le plus important de savoir comment il déduit, l'intérêt est plus dans ce que ces connexions avec les tueurs lui font psychologiquement et physiquement. En bref, l'origine de ses déductions est moins importante que les conséquences qu'a son mode de pensée.
Ça ne m'a en tout cas pas dérangé outre mesure. C'est pour ça que je la note si bien, cette série souffre de défauts, comme beaucoup d'autres, mais très honnêtement, ces petits défauts là sont vraiment anecdotiques, ils ne suffisent pas à ne serait-ce qu’entacher le plaisir qu'on a à la regarder.

J'aurai encore pas mal de points à aborder en creusant bien dans ma réflexion, mais je me contenterais de finir par dire que je suis admirative du jeu des acteurs, qui est excellent.

Je connaissais Mads Mikkelsen pour le rôle qu'il tenait dans Casino Royale, j'avais entrevu son potentiel en tant que "méchant", mais dans cette série, il sait en ne faisant aucunement dans le "remarquable" camper avec précision ce personnage froid, manipulateur et profondément inquiétant.
Je me rappelle d'Anthony Hopkins jouant dans le Silence des Agneaux un Hannibal imitant un serpent, cette scène est restée parmi les plus malsaines et perturbantes que je connaisse, je me souviens d'un Hannibal qui exprime son caractère malsain, visuellement et auditivement.
Mikkelsen ne fait rien de tout ça, à vrai dire il ne fait rien qui soit associé à quelque chose de malsain en dehors des scènes où on le voit tuer de sang froid, et c'est justement ça qui rend ce personnage plus inquiétant encore qu'il ne l'était sous les traits de Hopkins.
On sait qui il est, mais il ne le montre quasiment jamais explicitement, alors quand il assassine Miriam, son patient ou le neurologiste, ça surprend. Même si on sait, ça surprend. Et l'imaginer cuisiner des organes humains sans jamais que cela soit montré explicitement comme tel, ça le rend très très très inquiétant.
Tout est dans la suggestion, les scénariste ont très certainement pris en compte que les spectateurs le connaissaient, ils en ont tiré avantage.

Et parce qu'Hannibal est Hannibal, à aucun moment on ne nous le montre sous un autre jour que sous celui d'un criminel froid et manipulateur, et je trouve assez bien que de plus en plus de séries commencent à revenir vers une image du "méchant" pour qui on ne ressent pas d'empathie.
Avec Dexter, Dr House et d'autres; le criminel/ le misanthrope/ le salopard attendrissant était un concept original, mais ce concept original à très vite été repris et à commencé à prendre toute la place. C'est une bonne chose qu'on tempère sur cette volonté de faire des méchants auxquels on peut s'attacher en revenant un peu à de bons vieux basiques.
J'apprécie ça dans Hannibal, on essaie pas de me faire ressentir de l'empathie pour les assassins, en particulier pour Hannibal. Aussi parce qu'on est pas dupes et qu'on sait qu'un personnage tel que lui peut difficilement appeler l'empathie.

Pour en revenir aux jeux des acteurs, je terminerais par dire que Hugh Dancy s'est également magnifiquement glissé dans la peau de son personnage, et nous montre un Will Graham "cassé", harassé et tiraillé dans tous les sens. Il joue à la perfection la confusion et la douleur que subit Will.
Je ne connaissais absolument pas cet acteur qui s'avère être excellent, il parvient lui aussi sans en faire trop à nous "montrer" Will et son esprit tourmenté.

Pour conclure cette critique: je vous conseille vivement cette série, parce qu'elle est très bien réalisée et jouée.
Elle a aussi pour elle l'avantage d'être addictive, on se prend assez vite au jeu.
Assez vite - et pas immédiatement - parce que honnêtement pour moi les deux premiers épisodes ont été un peu dubitatifs, comme je le disais je n'ai pas été influencée par la liesse générale, mais par contre, je connais les films, et ils sont dans ma dévédéthèque idéale en très bonne place, donc, j'avais un peu peur de voir ce qu'ils allaient en faire, tout bêtement.
J'ai passé ces deux premiers épisodes en mode "comparatif", mais j'ai très vite lâché l'affaire en me disant que je regardais quelque chose d'original, ça m'aide à voir les choses plus objectivement.
D'autre part, j'ai trouvé que ces deux premiers épisodes justement étaient un poil longs et rébarbatifs, mais je suis pas du tout mécontente d'avoir continué (de toute façon je peux pas, je finis ce que je commence. :o) ), et les derniers épisodes offrent la satisfaction d'être tout à fait palpitants!
Ce qui a contribué à me faire regarder cette série avec régularité c'est avant tout l'esthétique et la dimension psychologique des personnages et des connections faites en eux comme entre eux.