Présentée comme l'héritière de Fais pas ci fais pas ça, c'est avec grand intérêt et une curiosité certaine de voir débarquer Le Grand Bazar, première série du couple Baya Kasmi - Michel Leclerc sur M6. Si ce dernier s'atèle normalement à la mise en scène de leurs plus notables réussites (Le Nom des Gens, Télé Gaucho et le dernier très réussi La Lutte des Classes) Baya Kasmi reste toujours scénariste ou collaboratrice très proche, et son seul essai dans la réalisation Je suis à vous tout de suite (tiré de son court-métrage J'aurais pu être une pute), sorti en 2015, s'avérait maladroit de par la multitude de sujets lourds qu'il voulait aborder.
Pourtant Le Grand Bazar est bien loin de ces adjectifs. Si l'on retrouve tous les sujets chers au couple (le pluralisme culturel, la famille recomposée, le père au foyer) la série souffle pourtant un vent frais sur la plupart des productions télévisuelles françaises (Hors Canal +) et sur les dernières créations du couple Kasmi-Leclerc.
Enrichi d'un nouveau casting (le toujours très bon Grégory Montel de Dix pour Cent et la fabuleuse révélation de Patients, Nailia Harzoune, et même la voix de Ramzy Bédia) le couple revisite sa filmographie en brassant tous les thèmes qui leurs sont chers dans des épisodes dont le tempo comique (et celui de la mise en scène) s'avère jouissif et inspiré.
Si le côté souvent maladroit et bricoleur faisait la richesse comme le défaut de certaines de leurs propositions (à l'image de la fin du récent La Lutte des Classes) ici rien ne semble laissé au hasard, comme si la rigueur du format télévisuel imposé avait su offrir un cadre à leur joyeux bordel ambiant.
Qu'il est donc bon de voir ces sujets actuels traités avec panache, humour et la marque de fabrique de leurs créateurs intact débarquer à heure de grande écoute sur le pâle écran télévisuel. Quelques jours avant le réussi Family Business (où l'on retrouvait déjà Julia Piaton et Oussama Kheddam) qu'il est bon de voir que le monde des séries française se porte bien.