Breaking Bad
8.6
Breaking Bad

Série AMC (2008)

Voir la série

lave plus blanc que blanc, surtout quand vous lui mettez des bâtons dans les roues. Mais au fond c'est un bon américain, il fait tout ça "pour sa famille" parait-il, du moins il essaie de s'en persuader


(presque jusqu'au bout)


.


C'est toujours délicat de décerner le titre de "plus grande série de tous les temps", parce qu'il y a toujours des séries importantes qui nous échappent, qu'on ne voit pas, qui ne résistent pas à une rediffusion 10 ans plus tard - celle-ci résiste sans problème à l'épreuve des dix ans. D’ailleurs, je ne suis pas un gros consommateur du genre, c’est trop chronophage. Mais tout de même, d’instinct je dirais que Breaking Bad ne doit pas être loin de la première marche du podium tant elle atteint la perfection.


Perfection formelle dans la réalisation, pleine d'inventivité visuelle dans les cadrages et - surtout - le montage, qui confine carrément au génie. Perfection dans l'interprétation, où tout commentaire serait superflu tant les acteurs semblent jouer leur propre rôle et faire oublier qu'ils sont des acteurs - mentions spéciales à Anna Gunn et Aaron Paul qui ont des rôles extrêmement difficiles à assurer et qui s'en sortent haut la main.
Perfection dans l'écriture, tant cette série atteint une profondeur rarissime pour ce type de média - avec des dialogues aussi hilarants que percutants, et parfois franchement glaçants.


Pis cette entame de chaque épisode et les 3 notes de génériques qui claquent sans crier gare. Quel coup de génie, cela provoque à chaque fois un effet variable : comique, épique, décalé, tragique, intriguant...


BB est extrêmement subversive dans son propos : les piliers de la société américaine - famille, mariage, méritocratie, argent - sont attaqués sur leurs bases, bouffés à de l'acide dans un bidon en plastique (on avait dit pas la baignoire Jesse). Le système de santé américain est au passage passé au vitriol, factuellement et sans lourdeurs démonstratives.


Jamais manichéenne : au contraire, tout Breaking Bad démontre que les frontières entre le bien et le mal sont particulièrement fongibles et peuvent être traversées plusieurs fois dans les deux sens par n'importe qui - même si certains ont tendance à creuser inéluctablement pendant que d'autres espèrent remonter. J'ai adoré comment certains personnages, y compris ceux pourtant indéniablement du côté du bien, cèdent parfois plus ou moins longtemps à leurs penchants sombres - avant de retrouver la clarté - puis de replonger, de retrouver de nouveau leur éthique, etc. etc. Un tel refus du manichéisme est remarquable - même Walter White au fond du trou de l'enfer et de son océan de mensonges est encore capable de bonnes actions et de franchise touchante, même Hank l'ange grande gueule fragile qui veille sur la société est capable de saloperies peu avouables si cela lui permet de coincer sa cible. Dans BB, la fin justifie les moyens, mais à quels prix !


Un petit mot sur la musique, toujours utilisée avec parcimonie mais fort judicieusement. On y trouve même une reprise de Mano Negra sortie de nulle part dès le tout début de la série.


Mais le gros point fort ce sont évidemment les relations entre les personnages, et notamment celles père-fils / amour vache entre Walter - le brave type camusien qui se transforme en cousin de Kayser Söze et Jesse, junkie dostoievskien paumé, bien trop doux pour ce monde de brutes et dont le haut niveau de moralité est complètement incompatible avec la voie professionnelle choisie !


Attention, Breaking Bad rend complètement accroc et provoque une mini-dépression une fois le dernier épisode de la dernière saison visionné ! D'ailleurs, hasard ou pas, je n'ai quasiment plus regardé de série après, même si quelques unes ont pu trouver grâce à mes yeux ; mais rien qui ne puisse faire oublier Breaking Bad, qui a mis tout le monde d'accord. Ou presque. (si vous n'avez pas aimé cette série...et bien ce n'est pas grave et je vous souhaite d'en trouver d'autres qui vous procureront autant de plaisir qu'elle m'en a donné).


le petit point cancel culture
Série beaucoup trop


bien


complexe pour être analysée sous l’angle woke par la commission des oeuvres autorisées en dix secondes. Celle-ci rendra son verdict après le 3e visionnage. Ou le 4e. Ou le 5e.

openupandbleed
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 10 Séries

Créée

le 2 avr. 2019

Critique lue 218 fois

1 j'aime

openupandbleed

Écrit par

Critique lue 218 fois

1

D'autres avis sur Breaking Bad

Breaking Bad
Hypérion
9

Cristallisation de la crise

Breaking Bad c'est, au sortir du visionnage de cinq saisons exceptionnelles, une superbe série noire, glauque, remarquablement écrite, qui cristallise en un seul personnage, Walter White, tous les...

le 21 oct. 2013

217 j'aime

32

Breaking Bad
YellowStone
10

Growth. Decay. Transformation.

Je considère Breaking Bad comme la toute meilleure série que j'ai pu voir, ni plus ni moins. Elle occupe donc logiquement la première place de mon Top 10, et mérite bien que je lui consacre le temps...

le 25 janv. 2013

213 j'aime

29

Breaking Bad
Vincent-Ruozzi
10

Le Crabe aux pinces d'or

Breaking Bad : 5 saisons haletantes, 62 épisodes de bonheur, des dizaines d’heures sacrifiées pour la bonne cause, une série culte. C'est certainement la série avec l’anti-héros le plus charismatique...

le 6 mars 2015

111 j'aime

23

Du même critique

Génération offensée
openupandbleed
7

Génération ouin-ouin

Génération offensée, certes, mais aussi chouineuse, fragile, et surtout offensante vis-à-vis des humanités classiques et de la vie intellectuelle. Bon, le livre de Caroline Fourest n'apporte pas...

le 5 mai 2020

14 j'aime

5

Cœurs noirs
openupandbleed
9

bindgeu wouashing

Tiens, livrons-nous à un petit exercice de typologie. - tu regardes un seul épisode, peut-être deux : série nulle ou archi-vieillie. Manifest - tu regardes quelques épisodes, peut-être une saison...

le 2 mars 2023

13 j'aime

Soit dit en passant
openupandbleed
7

Autobiographie et dossier de défense judiciaire

Je comprends très bien que Woody Allen en ait gros sur la patate après Mia Farrow, il s'excuse d'ailleurs en fin de bouquin d'avoir consacré tant de pages à cette affaire, mais moi j'aurais préféré...

le 4 août 2020

12 j'aime