Breaking Bad, le rêve de tout quinquagénaire
Ce n'est pas seulement une série, c'est une oeuvre à étudier, à comprendre, à regarder tout en repérant minutieusement toutes les nuances de ton dans l'écriture de Vince Gillian, créateur de la série.
Walter White, dans la cinquantaine, est un père de famille qui travaille dur pour nourrir sa femme, enceinte, et son fils, handicapé moteur. Sa vie n'est pas rose mais il semble s'en contenter. Seulement voilà, ses douleurs au torse ne sont pas anodines : Son médecin lui diagnostique un cancer du poumon. Mais là où Walter pourrait baisser les bras et se laisser mourir, il va chercher avant cela à laisser à sa famille de quoi survivre une fois que le cancer l'aura emporté. Mais ce n'est pas en travaillant dans une station de lavage qu'il va y arriver ...
Quoi de mieux alors, pour ce chimiste reconnu et ultra-qualifié, mais simple professeur de lycée, que de produire la plus pure méthamphétamine de tout le pays ?
Pour le pitch, ça ressemble à un croisement entre Weeds et The Big C, mais le ton est beaucoup plus sérieux, plus dramatique, même s'il subsiste un peu d'humour ( noir, la plupart du temps ).
On pourrait croire que la série se limite à son personnage principal, mais une des grandes forces de Breaking Bad, c'est sa gestion des personnages : Ils sont peu nombreux, mais diablement importants à l'histoire, notamment le jeune Jesse Pinkman, junkie et vendeur de meth, qui va devenir son partenaire pour la production et la revente.
Au fil du temps, on rencontre une floppée de personnages tous plus intéressants les uns que les autres. Et surtout, tous les acteurs savent leur métier. Bryan Cranston, qui a joué dans Malcolm et est apparu dans quelques épisodes de How I Met Your Mother, trouve ici un rôle à sa hauteur, qui lui a permis de gagner 3 fois de suite l'Emmy Award du meilleur acteur dans une série dramatique. C'est loin d'être immérité. Aaron Paul qui campe son jeune partenaire, est impressionnant de justesse, il n'est pas qu'un junkie paumé, il donne une vraie profondeur à son personnage.
Sans oublier les Anna Gunn, Dean Norris ...
Vince Gillian a tenté le pari de donner une patte artistique très inhabituelle : La série se passe au Nouveau-Mexique, entre culture hispanique et grands paysages déserts. La façon de tourner, le scénario en constant renouvellement et imprévisible, font que Breaking Bad pourrait être portée sur grand écran à chaque épisode.
Mais c'est avant tout une série qui ne se regarde pas du coin de l'oeil mais qui s'étudie de fond en comble, car s'il y a une série qui fait la part belle au symbolisme, c'est bien celle-ci. Cela peut paraître parfois un peu convenu, mais renforce la puissance des scènes.
Même si les histoires secondaires sont bien trouvées et remarquablement bien insérées dans la trame principale, Breaking Bad, c'est avant tout la métamorphose de deux hommes, Walter White et Jesse Pinkman.
Walter utilise son amour pour sa famille pour se complaire dans l'illégalité de la production de drogue. Celle-ci est un moyen pour lui de se sortir du train-train habituel qui était le sien, et lui donne une dose d'adrénaline que jamais il ne pourra oublier. Sa drogue devient la production de drogue elle-même. Quand il doit s'occuper de sa famille, quand il a des responsabilités en tant que père ou en tant qu'être humain, Walter lâche tout pour retourner dans son laboratoire. Il se transforme. Jusqu'à devenir un monstre.
Jesse est tout le contraire. C'est un drogué pur. Il se transforme au contact de Walter, et s'établit presque une relation père-fils que Walter peine à trouver avec son propre fils de sang. Les deux partenaires vont traverser des situations impossibles qui atteindra son paroxysme dans les deux épisodes de fin de saison 3.
En somme, Breaking Bad ne fait pas l'apologie de la drogue, au contraire. Là où Weeds donne une vision détachée de la réalité, Breaking Bad montre ses ravages à la manière d'un The Wire, même si la série de David Simon fait le parti d'un réalisme absolu, alors que Gillian fait passer la psychologie des personnages avant tout.
Si les deux premières saisons sont déjà saisissantes, la troisième montre que Breaking Bad est déjà devenue culte. Tout concourt aux évènements qui arrivent dans cette saison, et à chaque épisode, on est scotché, surpris, et toujours dans le bon sens. Certaines scènes sont déjà cultissimes.
Si vous ne me croyez pas, et si vous aimez les séries dramatiques, foncez.
Personnellement, certains épisodes de la saison 3 sont largement dans mon Top des meilleurs épisodes de série tous genres confondus.
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Bon visionnage !
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