Fais-moi du couscous, chéri...

Fais-moi du couscous, chéri...

J'étais enfant à l'époque de la guerre d'Algérie qui opposait aussi le FLN au MNA...
Et ma mère (et moi qui habitions Roubaix) m'avait défendu d'aller jouer en trottinette du côté de ces bistrots algériens qui pullulaient dans les quartiers voisins... Mais on sait que les jeux interdits sont ceux qui attirent le plus les gosses...
En effet, la guerre d'Algérie avait été exportée en France, notamment là où le besoin en main d’œuvre bon marché était abondante... On voyait débouler une voiture de laquelle jaillissait un commando armé qui mitraillait tout ce qu'il y avait dans le bistrot algérien, et qui repartait à toute allure...
J'ai vu un tel raid, de loin, et inconscient du danger...
Puis survenaient quelques jours après les représailles d'un commando dans un autre café de mouvance adverse et ces réglemente de compte finissaient par se banaliser...
Un commissariat de quartier fut même attaqué à Roubaix et ses policiers tués, ce qui fit grand bruit à l'époque et valut une sentinelle à chaque commissariat.
Mon cousin dont le père était lui policier à Tourcoing et qui patrouillait seul de nuit, s'est soudain vu encercler par des algériens...
Sans même sortir son arme de service, il a pris son bâton blanc servant à la circulation, et a commencé à matraquer ceux qui venaient pour l'agresser et s'approchaient de trop près...
Le sang a jailli et tous les agresseurs ont fui comme des lapins ! Il a été décoré pour cet acte de bravoure.
C'est dire si ce qui s'est passé en Algérie à l'époque de la guerre m'avait sensibilisé à l'époque...
Mais me sensibilise toujours...
D'autant que mon père était inspecteur de police à "la criminelle", n'aimait pas les "bougnouls", et était donc bien au fait de tout ce qui se passait dans les milieux interlopes du crime....
J'ai connu aussi de ces filles fiancées à de jeunes appelés ayant été en Algérie et qui n'ont jamais vu revenir l'être aimé. Si pour certaines, la vie a repris ses droits, d'autres ne s'en sont jamais remises et en ont perdu la raison....
Et c'est peut-être le seul reproche que je ferai à ce reportage : montrer toute la dureté de ces atrocités sans effleurer leur côté psychologique ou conséquences.
Mais c'est peut-être voulu car déjà, en s'en tenant aux faits historiques, retracer une telle guerre en si peu de temps ressemble à une gageure, un pari impossible...
Les trois épisodes de ce récit sont un témoignage d'histoire particulièrement réussi.
Que de rancœurs entre-temps... Mais combien aussi de musulmans ai-je entendu dire : c'était bien mieux du temps des français même si c'était perfectible...
La guerre en elle-même, n'est jamais la solution aux maux...
Et elle met aux prises des gens "qui se tuent et ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais eux ne se tuent pas" selon l'apophtegme...
Tellement vrai en ce moment où quand j'écris ces lignes, Poutine a envahi l'Ukraine !

LCP le 11.10.2022-