Cherry Miel
5.9
Cherry Miel

Anime (mangas) TV Asahi (1973)

Cutie Honey a été prévu, à l'époque, comme un projet multi-support : il y aurait un manga de Go Nagai, un anime – réalisé par Tomoharu Katsumata (UFO Robot Grendizer, Devilman, Wingman), avec notamment Shingo Araki (Saint Seiya, Versailles no Bara, Ulysse 31) au chara design, Takeo Watanabe (Mobile Suit Gundam, Alps no Shojo Heidi, Candy Candy) à la musique, et Ken Ishikawa (Getter Robo) lui-même à l'adaptation du manga, bref un casting impressionnant – et une chanson interprétée par Yoko Maekawa en guise de générique. Ah ! Le générique de Cutie Honey... Une musique entraînante et inoubliable, des paroles un peu osées, et une responsabilité dans le succès de la série ; il faisait partie intégrante du projet, et a été conservé – sous différentes versions – dans tous les animes estampillés « Cutie Honey » qui lui ont succédé.

Le concept de la série est simple, il est le même que pour les autres séries télévisées de Go Nagai datant des mêmes années : il s'appuie sur un schéma de type sentai. Un ennemi arrive, Cutie Honey le met sur orbite. Simple, mais efficace ; et contrairement aux autres séries susnommées, Cutie Honey est un anime court – seulement 25 épisodes – ce qui permet de ne pas trop user le spectateur, même si celui-ci enchaîne les épisodes. Mais si ce devait être là son seul point fort, il aurait autant valu parler de Grendizer ou de Devilman.
La première particularité de Cutie Honey reste qu'il s'agit d'un anime profondément ancré dans son époque. Dans les mauvais côtés comme les bons. En fait, il y a surtout un mauvais côté : l'animation. Pour faire simple, la technique employée est la même que celle de Hanna et Barbera pour des séries telles que Scooby-doo ou Capitaine Caverne ; c'est vraiment représentatif de l'époque, mais c'est une animation pauvre. Heureusement, le côté seventies ne s'arrête pas là ! Les graphismes et les couleurs utilisées possèdent une puissante inspiration pop / flower power, avec des tons flashy et des associations qui nous paraîtraient aujourd'hui improbables ; cela ressemble un peu à un film d'Austin Powers, à la différence que si ce-dernier est une caricature de ces années-là, Cutie Honey est en une véritable représentante. Cela crée un style graphique un peu psychédélique qui change de tout ce que nous pouvons voir de nos jours ; cet anime fonctionne comme une formidable machine à voyager dans le temps.

Évidemment, la musique vient se poser sur l'ensemble pour renforcer cette empreinte des années 70. Mais leur influence se ressent aussi dans l'ambiance : c'était une époque de liberté, notamment sexuelle, et malgré le fait que ce soit un anime télédiffusé – qui devrait donc se montrer convenable – les allusions autour de notre héroïne libertine vont bon train. Par exemple, elle sera à de nombreuses reprises victime de l'intérêt tout particulier que lui porte Ms Alphonne (Mlle Alphonsine), la vice-directrice du pensionnat.
Les responsables de cet anime nous offrent un témoignage de leur temps à travers lui.

Au-delà de son époque, Cutie Honey a un autre atout dans sa manche : son héroïne. Honey, en théorie, est une magical girl comme peuvent l'être Creamy ou Sally la Petite Sorcière ; en témoigne sa capacité à se transformer et à changer d'apparence. Néanmoins, non seulement elle est plus vieille que les représentantes classiques du genre, mais surtout elle a un comportement qui va avec cette différence d'âge : elle est plus extravertie, c'est une fille libérée qui ne s'en laisse pas compter. Forte et n'étant pas contre l'utilisation d'un minimum de violence pour vaincre ses adversaires, cette héroïne sexy a un caractère bien trempé, et n'est pas du genre à attendre bien sagement que le premier rôle masculin – Seiji Hayami (Serge Tatami) – lui vienne en aide ; au contraire, c'est plutôt elle qui doit voler à son secours. Et une héroïne japonaise qui ait du tempérament, cela reste rare ; pour autant, elle ne perd jamais sa féminité, à la différence de certaines de ses contemporaines, comme Oscar de Jarjayes (Versailles no Bara) ou Saphir (Ribbon no Kishi), chez qui « féminité » et « courage » semblent contradictoires, et qui doivent parfois choisir entre ces deux possibilités.
Avec son ambivalence, Honey est un personnage qui a su plaire autant aux filles – qui trouvent en elle un modèle de courage et de féminisme – qu'aux garçons – qui peuvent savourer les scènes d'action tout en se délectant de la plastique parfaite de la belle combattante ; d'autant plus que lors de chaque transformation, elle se retrouve un court instant dénudée. D'ailleurs, il n'y a pas que lors de ses transformations qu'elle dévoilera son anatomie, ce qui pour l'audimat est un atout de taille.
Voilà : Cutie Honey rassemble de l'action, une héroïne hors du commun, un peu d'érotisme, et une ambiance des années 70 autant dépaysante que surréaliste.

Créée

le 15 mai 2012

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Ninesisters

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