Cobra Kai
7.3
Cobra Kai

Série Netflix (2018)

Voir la série

J'en suis à l'épisode 7 de la saison 1. J'estime avoir le droit de pondre quelques commentaires sur cette daube après m'être tapé 7 épisodes de premier second degré tout droit sorti des années 80. Hajime !



École du poing fantôme



Tout comme une fameuse série de films dont les 8 derniers opus (si on inclut un spin-off) s'adressent (s'adressaient ?) aux amateurs de bagnoles mais ne parlent pas de bagnoles et n'en ont rien à foutre des bagnoles, Cobra Kai ne parle pas de karaté.


Voilà, c'est dit. À l'imagine de Karaté Kid, vous ne verrez pas de karaté. Très très fidèle au film des années 80, cette série reprend la recette du « on-prend-un-truc-en-vogue-et-on-lui-chie-à-la-gueule-en-respectant-rien » bien connue des producteurs de films ou de télé. Sauf que là... bah le karaté c'est plus tant en vogue, en fait (MMA FTW BABY !). Et malgré ça Cobra Kai arrive à faire fort en s'éloignant encore plus de l'art martial en nous donnant en pitance une teenage romance bancale et réchauffée et déjà vue et... voilà.


Non, le karaté c'est pas qu'un sport mal pratiqué par des clodos en rûte qui cherchent à prouver au monde leur masculinité. C'est pas non plus des katas arthritiques pratiqués par un mec qui arrive même pas à tenir debout. C'est plein de choses, y'a plein de courants, et y'avait de quoi réparer les conneries des Karate Kid car même dans les pires McDojo (comme disent nos maîtres américains) l'enseignement y est plus profond et intelligent que ce que la série laisse paraître. Mais non... rendez-vous manqué entre Cobra Kai et karaté-san.


Les enfants, le karaté ne pourra pas venir, il a eu un empêchement. Donc, adieu karaté ! Bye, bye ! De manière générale, cette série est une insulte à tous les sports et à tous les sportifs. Mais rassurez-vous, la série ne se rattrape pas par tous ses autres aspects !



Il est frais ! Il est frais mon vomi de clodo !



Avec une voix de bande annonce américaine... Dans un lycée... où tout le monde conduit une bagnole sauf le pauvre de service, et où des vilains méchants mènent la vie dure à des gentils gentils... Un obscure art martial bidon vient chambouler les mœurs et remettre en cause les fondements de notre société. Préparez-vous à être époustouflés par des scènes dans des couloirs de lycée devant des casiers en métal... Par des scènes dans des bals de promo... Par des scènes dans des fêtes foraines avec des peluches énooooormes... Par des nerds qui jouent les nerds et par des pouffes qui jouent les pouffes et par des méchants garçons qui méchantent les autres garçons ! Ceci est... CO-BRA KAI !


Une comédie pas rigolote produite en 2018 par des gens restés qué-blo dans les années 80 qui n'ont pas compris pourquoi on ne faisait plus des séries comme dans les années 80 en 2020 parce que c'est bon on a déjà vu pas mal de ces merdes et faut bien innover dans les saveurs de caca à un moment si vous voulez continuez de nous refourguer vos productions micro-ondées surtout que c'est pas comme si on y était pas habitués sur Netflix...


Sérieusement, les gars... Y'a une raison pour laquelle les années 80 sont restées dans les années 80. Je préférais encore le Karate Kid bien manichéen avec les bons d'un côté et les méchants de l'autre. Ça avait du sens ; c'était con mais ça avait du sens... Là c'est une bouillie informe, résultant en une série qui sait pas où elle va, dont les personnages n'ont pas d'âme. Le scénario, il est écrit sur un PQ en court de dissolution... Les acteurs, ils savent pas jouer. Surtout les deux vieux cons là. S'ils ont pas fait carrière c'est pour une bonne raison. Surtout le blond. Surtout lui. On sait qu'il essaye de se rappeler de ses répliques avant de les réciter ! Ça se voit !


Vraiment... le passé c'était mieux avant.



Nostalgie en promo, -90% made in Bangladesh



Et pourquoi y'a zéro effort dans cette série ? Parce que c'est un « comeback ». Donc on s'fait pas chier pour ce genre de choses. C'est comme pour Stars 80 : ils ont le mérite d'être encore en vie, applaudissons-les ! Bravo ! Bravo ! Et ça marche parce qu'en cette période bien merdique la nostalgie c'est une corde qui résonne (et y'a toujours rien à matter sur Netflix). Y'a pas à se faire chier : du rock, une guitar à grosse disto qui joue que de l’aiguë, une voiture américaine mythique (mais qui était une bouse en réalité), et voilàààààààààà ! Magie ! Nostalgie !


Ah mais... ça se passe en 2018 en fait. Et dans la photo on retrouve pas la pétillance des couleurs des 80s. Et tout le monde est sur son smartphone. Et les ados sont tous sarcastiques... Ah merde.


Mais attends ! Attends ! TIENS ! Des flashbacks ! Tiens ! Des magazines des années 80 ! Tiens ! Des... Nan, bah désolé mais c'est tout. À part le terminator blond qui s'est gouré d'époque j'ai plus rien. T'en veux du blond ?



BEAUFAMINATOR 2000 !



C'est Schwarzenegger qui rentre dans un bar, et qui demande ton blouson, ton pantalon, et tes bottes. Et puis il sort, il va se blottir sous un pont, et il émerge 35 ans plus tard à la recherche de sa cible : la finesse d'esprit.


Cobra Kai c'est une série dont le personnage principal est Johnny Lawrence, le petit connard de Karate Kid. 35 ans plus tard, et quelques milliers de litres de bière dégueulasse, Johny est devenu un bel et gros connard. C'est beau, le temps passe si vite. Et c'est le personnage principal. Quel était le plan, Riri, Fifi et Loulou ? On est censé s'identifier à ce connard ? On est censé avoir de l'empathie pour ce connard ? Serait-ce... une série pour les connards ? Vous êtes des connards ? Non. Bah voilà.


Au début j'ai cru que ça allait être (un chouille) intelligent et subtile, que le méchant d'avant avait mis de l'eau dans son vin et était devenu un personnage aigri mais sage dont le karaté avait évolué. Que dalle. Il aide son p'tit voisin dans le premier épisode puis il prouve durant toute la première saison que c'est qu'un gros fils de pute (comme on dit). Le mec respecte rien ni personne, il insulte ses élèves, c'est une larve, un misogyne, un homophobe, il a abandonné son fils, il évolue pas... et c'est le personnage principal ; le gars qui passe son temps à donner des leçons alors qu'il dort dans son vomi un soir sur deux. Elle a bien faibli la lueur d'espoir des années 80.


Daniel LaRusso c'est pas franchement mieux. Le mec était le gentil, c'est toujours le gentil, sauf qu'il est qué-blo dans les années 80 et qu'il ne parvient définitivement pas à pardonner à son vieil adversaire d'avoir perdu le tournoi ! Quel enculé ce Lawrence de lui avoir volé son enfance alors que lui est devenu un père de famille accompli qui a tout ce qu'un américain moyen (mais alors... très moyen) voudrait avoir ! Donc j'ai pas franchement eu de sympathie pour lui non plus.


Puis, je me suis dis que tout ça il fallait le prendre au second degré, que c'était l'exposition et que ça allait se calmer par la suite... mais nan ! C'est du premier degré. Y'a pas de sous-texte. Y'a rien. C'est pire au fur et à mesure. « Tu veux une gonzesse ? Strike hard ! Strike first ! Never accept defeat ! » (en français ça veut dire « viole-la »). Ils sont sérieux ! Y'a pas derrière une leçon de morale qui vient rappeler à ce gland de Johnny que depuis les années 80 les femmes se sont trouvé un cerveau et elles ne mouillent plus à l'idée qu'on viennent leur susurrer « chienne » dans la nuque avec une haleine de cadavre sponsorisé Coors Light. Johnny peut balancer ses conneries sans aucun soucis ! C'est normal !


C'est tellement bas du front, purée... Le gars (Johnny, encore) il va pour convaincre un comité que son club mérite pas d'être banni d'une compétition sportive et il dit très sérieusement que si ça fonctionne pas il les marave tous. Sérieusement ? C'est un lycéen qui lui explique que ça serait mieux de pas frapper, et il a raison ! Comment tu peux prétendre être « Sensei » si t'es pas sensé et qu'un môme te donne une leçon de vie ? Ah mais c'est la fameuse relation symbiotique entre le professeur et l'élève ! Ah mais oui ! Suis-je con ! C'est bien sûr ! Oui, sauf que là Johnny il passe son temps à insulter son élève. Quelle symbiose de folie ! L'un insulte, et l'autre reçoit.


Bon, heureusement, personne l'écoute, Johnny... C'est d'ailleurs ce qui sauve un peu cette beauferie de merde, c'est que Johnny donne des leçons (de merde) et personne ne l'écoute, pas même ses élèves. Ses élèves sont les personnages les plus intelligents et les mieux construits, en fait. Ils sont pas beaucoup moins caricaturaux mais ils ont le mérite de se laisser influencer par leurs aînés tout en « écoutant leur cœur » et en restant Netflix approved.


J'aurais jamais cru dire ça un jour, mais c'est la tendance très inclusive à la con plus la moralité d'une bande dessinée pour enfant handicapé de Netflix qui sauve les meubles. Qui l'eût cru ?


Je sais, la série a été originalement diffusée par YouTube. Blanc bonnet, bonnet blanc, tout ça.



Que peut-on regarder d'autre ?



Alors, c'est vrai que l'année 2020 est une année famélique en terme de sorties. Tout a été repoussé, annulé, mais on conserve cependant le patrimoine d'avant. Et donc, que peut-on regarder à la place de Cobra Kai ?


Pour les amateurs de Karate... Rien. Rien que je connaisse. Dans les bons films d'arts martiaux il faut taper dans le cinéma américain pour la boxe anglaise ou le cinéma chinois pour du kung-fu. On a eu droit à quelques bons films d'action concernant le Muay Thai mais ça s'intéresse pas à l'art martial en soi. Donc à ma connaissance il n'y a pas de bon film qui parle de karate.


Pour les amateurs des années 80, bah... Regardez des films des années 80.


Pour les amateurs de romances adolescentes, y'en a un paquet. Sex Education, c'est pas catastrophique.


Pour voir une bonne relation sensei-kohai bah y'a ce bon vieux Good Will Hunting qui nous prend pas trop pour des cons... et dans lequel on philosophe un peu mieux que dans Cobra Kai.


Puis bien sûr y'a des centaines d'alternatives que j'ai pas en mémoire là tout de suite mais y'a pas d'mal à se faire du bien et à aller taper dans des trucs pas tout récent. J'dirais même qu'on peut aller visiter ses grand-parents ou sa maman qui est à l'hospice, ou alors aller balader son chien, aller courir au parc, parcourir le trottoir pour y compter le nombre de chewing-gum collés, essayer d'attraper une mouche avec des baguettes, tenter de lécher son coude, ou bien compter le nombre de poils qu'on a sur la jambe gauche...


... N'importe quoi, mais pas Cobra Kai.



Conclusion



Quand « conclusion » c'est mon titre, ça veut dire que je ne sais pas comment conclure. J'sais pas quoi dire. C'est d'la merde. Voilà.


Et puis tant pis pour les gens qui ont fait cette bouse. C'est pas parce qu'ils sont parvenu à écrire un scénario, qu'ils ont tenu un casting, et qu'ils ont tourné des scènes qu'il y a du mérite. Les techniciens ont du mérite, mais ils ne sont pas responsables de cette merde (et il faut bien gagner sa croûte).


C'était une opportunité pour réhabiliter Karate Kid vis-à-vis du karaté, transmettre de belles valeurs, envoyer du pâter sur les scènes de baston... mais au lieu de ça c'est qu'une grosse fumisterie.

kevsler
3
Écrit par

Créée

le 19 oct. 2020

Critique lue 1.7K fois

3 j'aime

1 commentaire

kevsler

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

3
1

D'autres avis sur Cobra Kai

Cobra Kai
Quinlan-V
9

Comment faire une bonne suite?

Si un jour, on veut donner un exemple d'une suite qui fait correctement son travail, on pourra maintenant citer "Cobra Kai". Les suites c'est souvent soit une copie ratée de l'oeuvre originel, soit...

le 8 mai 2018

37 j'aime

5

Cobra Kai
Larrire_Cuisine
5

LA PEUR N'EXISTE PAS DANS CETTE CRITIQUE !

DISCLAIMER 1 : La note de 5 est une note par défaut, une note "neutre". Nous mettons la même note à toutes les oeuvres car nous ne sommes pas forcément favorable à un système de notation. Seule la...

le 27 juin 2018

22 j'aime

4

Cobra Kai
doc_ki
7

Triple squizz dans les corones avec un salto dans ta face ! cobra kai is back

Bonjour et bienvenue dans ma critique rapide comme un serpent de cobra kai, la série préférée de Chuck Norris junior dans ta face le karaté couillon arraches moi les poils Bruce !! Vous cherchez une...

le 1 sept. 2020

15 j'aime

15

Du même critique

Ex Machina
kevsler
5

C'est peut-être le film que vous suspectiez qu'il fût... ou pas.

Au commencement, il y avait Asimov. Pour ceux qui ne le connaissent pas, c'était un brillant scientifique qui a apporté au monde Les Robots, les lois de la robotique et plein d'autres merveilles. On...

le 27 mai 2015

51 j'aime

30

Papers, Please
kevsler
9

« Cause no trouble »

Papers, Please vous propulse au fabuleux poste de guichetier au sein du seul poste de frontière d'Arstotzka, un pays fictif aux relents non contenus d'URSS. Je parle là de l'URSS à son apogée :...

le 26 août 2013

36 j'aime

8

Titan
kevsler
2

Mi-homme, mi-poisson, et re mi-homme derrière.

Warning : spoilers. Mais c'est pas grave car c'est d'la merde. Mais qu'est-ce que c'est que cette merde ? C'est la phrase qui n'a cessé de tambouriner dans le fond de mon crâne vers la fin du film...

le 2 avr. 2018

33 j'aime

15