Dark Crystal : Le Temps de la résistance
7.7
Dark Crystal : Le Temps de la résistance

Dessin animé (cartoons) Netflix (2019)

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Jim Henson est un artisan absolument fascinant. Des Muppets à Dark Crystal en passant par Labyrinth, son œuvre est colossale, ne serait-ce que pour toutes ses participations à des projets cinématographiques. C’est bien simple, à chaque fois que je vois son nom, j’ai un petit pincement au cœur, des petits frissons me traversent le corps. C’est que tous les projets précédemment cités m’ont profondément marqué. Ils ont accompagné ma tendre jeunesse dans les années 90. Jim Henson a quelque chose qui relève du génie pour moi. 

Évidemment, quand j’ai vu qu’une série Dark Crystal allait sortir, j’ai quelque peu fait le vieux réac. « Mais qu’est-ce qu’ils vont encore toucher à une œuvre qui n’en a pas besoin ? Netflix va encore tout massacrer ». Je crois que je me suis rarement autant trompé. Et puis Louis Letterier en réalisateur… ça promettait le massacre (j’ai changé d’avis sur le monsieur depuis, en tout cas je suis beaucoup plus nuancé). Finalement, un couple d’amis a regardé la série. Après discussion, ils m’ont convaincu de laisser une chance à la série parce qu’ils avaient l’air particulièrement conquis. C’est donc sans grande attente que j’ai lancé le premier épisode en me disant qu’il y avait peu de chances que je regarde cette saison jusqu’au bout. Finalement, j’ai tout dévoré en deux jours. Pris d’une boulimie incroyable, je n’arrivais plus à lâcher la série. Et ce pour énormément de raisons. 

Sans passer par quatre chemins : j’ai clairement adoré la série (probablement une des productions Netflix que je préfère tous genres confondus – et aussi sans doute une des plus injustement sous-cotées). 

Passons maintenant par quatre (en fait cinq)chemins (mais sans trop en dire non plus). Tout d’abord le soin apporté aux marionnettes. C’était un peu une des premières appréhensions. Sans Jim Henson, comment faire ? Hé bien on peut dire qu’il a su transmettre son héritage à une équipe incroyable. Les marionnettes sont magnifiques, détaillées. Elles réussissent à transmettre des émotions avec une simplicité qui force le respect. Le making-of disponible sur Netflix nous permet de voir également la galère que ça a pu être de manipuler ces marionnettes, à deux sous un skeskis pour lui donner vie. Et le design du Chasseur… Magnifique. 

Ensuite, les acteurs et actrices. Mon dieu ce que j’aime les doubleurs et doubleuses. Notamment Simon Pegg et Jason Isaacs qui ont l’air de s’amuser comme jamais. Entendre le Chambellan parler me procure un plaisir de chaque instant. Quelle délectation et quelle passion  que de suivre chacun de ces personnages. Je ne cite pas tous les autres personnages, mais ils sont tous absolument magnifiques. 

La musique. Tellement belle. A la fois épique, mélancolique. Elle sait nous toucher quand c’est nécessaire et de la meilleure manière possible. Elle réussit également à rendre l’action (pourtant difficile à mettre en place avec des marionnettes) absolument grandiose. Clairement, sans la musique la série perdrait quelque chose, elle participe véritablement à accompagner ce mouvement. 

La réalisation. Qui eut cru que Louis Letterier pourrait nous fournir des plans aussi travaillés, aussi impeccable. Je détestait absolument son travail jusque-là. Pour moi, c’était synonyme de bouillasse visuelle (Le Choc des Titans... beurk), de pauvre mise en scène et de scénarios tellement cons qu’il peuvent parfois en devenir un peu amusants. Mais là, force est de constater que le bonhomme s’est impliqué de tout son être dans le projet. Le making-of est également intéressant à ce sujet, quand on le voit porter la caméra, la déplacer entre les décors, seul et animé d’un amour pour ce qu’il fait. C’est tellement satisfaisant et beau. 

Le scénario, globalement, c’est une préquelle au film original. Il nous montre les événements qui ont mené à la situation que l’on retrouve dans le film. S’il est assez manichéen, sa simplicité permet de faire preuve d’une créativité artistique absolument plaisante et de suivre une histoire simple, mais dans un univers riche et plaisant. Ma scène favorite est sans doute celle où SKekGra et UrGoh racontent une histoire (je ne spoile pas) en utilisant eux-mêmes des marionnettes. La boucle est magnifiquement bouclée. 

Finalement, cette série est clairement à voir et je déplore que personne (ou presque) ne l’ait vue… La condamnant à ne jamais voir de suite. Ce n’est pas si dramatique, mais Dark Crystal est à cause de cet échec plus ou moins amenée à ne pas revenir sur nos écrans. Et quand on voit tout le travail fourni (vraiment, regardez le making-of aussi), c’est ça fait un peu mal. Voilà deux ans que je l’ai vue pour la dernière fois. Parce que oui, j’ai vu cette saison deux fois. Et j’aimerais encore la voir. J’aimerais la voir à chaque Noël, un chocolat chaud dans la main, des petits biscuits à côté, emmitouflé dans une couverture (ce que je ferai probablement d’ici un mois). Parce qu’elle est là la belle nostalgie de mon enfance. Modernisée, certes un peu, mais la magie opère tellement bien que les (discrets après le premier épisode) effets numériques ne viennent pas gâcher cette expérience. Cette série, c'est la manière dont un art quasi-oublié essaye de résister. Elle est là aussi la poésie de cette résistance entre l'ancien et le moderne.  Je chéris cette série de tout mon être. Si regarder des marionnettes ne vous dérange pas, donnez une chance à cette série. Si cela vous dérange, hé bien… laissez-lui aussi une petite chance, peut-être que la magie prendra le dessus sur le côté un peu cringe. Croyez-moi, ça vaut le coup.  

Solid_Seneque
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le 12 nov. 2022

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