Revoir Devilman Crybaby après Night Is Short, Walk On Girl est assez surprenant. L'un absolument dionysiaque, l'autre plus qu'hédonisto-sceptique, la définition du jour et de la nuit. Une nouvelle perspective bienvenue dans le travail de Yuasa, comme si Kemonozume était écrit par un auteur soviétique fataliste.
Comme d'habitude avec son réalisateur, le graphisme de la série est très déroutant mais non sans charme, et sert bien le propos. Les démons sont aussi grotesques que les hommes, dont les seules préoccupations charnelles sont les plus basses, sans être moralisateur pour autant, loin de là. Yuasa n'est pas dupe sur les passions humaines, et plutôt que de les montrer avec un mépris hautain, il les met en scène très frontalement, avec une exagération possible grâce à l'animation. En dix épisodes, on assiste à une enivrante débauche ininterrompue, au rythme d'une bande-son synthwave/house (insérez le sous-genre que vous pensez le plus approprié) martelée. Et le nombre restreint d'épisodes évite le remplissage insupportable auquel n'échappent pas les productions plus longues.
Dommage que la symbolique chrétienne vienne alourdir la série, car si l'idée du pardon poussée dans ses derniers retranchements, mettant à rude épreuve la foi de Miki et ses parents, peut sembler bonne, elle s'accommode mal à la grossièreté maîtrisée du reste, et sonne finalement assez convenue... malgré les deux derniers épisodes atteignant des sommets Evange-liques (sans mauvais jeux de mots), avec même une citation directe.
Un orgasme de dix épisodes qui ne s'estompe qu'à la fin de l'acte, accompagné un terrible sentiment de vide... Euh non, ça c'est un branlette. Je crois que la série essaie de dire quelque chose...