And "Voilaaaa" ! Je m'étais donné jusqu'au 31 pour terminer le rattrapage de la fameuse série dont tout le monde me parlait et après plus de trois mois d'assiduité, me voilà là, 7 saisons plus tard, 3 docteurs et un nombre incalculable de Daleks.
Verdict : Y'avait effectivement urgence sur la chose ! Docteur Who est définitivement une série qui vaut le détour mais reste trop imparfaite pour un petit esprit très ou trop attaché à sa logique. Elle s'en sort toutefois avec un score mémorable : 8.75 (les décimales n'existent pas sur senscritique, mais avec Dr Who, rien n'est impossible).
Et oui ! C'est bien ça le problème ! Rien n'est impossible !
T'as eu des cours de physique, de maths ou de chimie organique autrefois ? Tu sais calculer des intégrales et tu maîtrises les développements limités ? Tu sais calculer la vitesse d'un électron dans un champ magnétique ? Bah tant mieux pour toi. Oublies tout ça et cares toi le bien.... hum hum.... Dans Docteur Who fuck la physique et la logique. Le temps peut parfois être réécrit, parfois non. Parfois ce qui arrive est déjà arrivé et tu ne fais que faire ce que le toi du futur a fait. Et des fois non, tu le fais juste pour la première fois. Parfois tu créé un paradoxe et ça fige le temps, d'autres fois ça créé une voiture qui passe dans la rue en boucle et des démons qui attaquent une église et parfois encore ça peut tenir parce que le TARDIS le permet. D'autres fois, tu peux plonger dans toi-même et ça sépare ta vie en petits morceaux éparpillés dans l'histoire, et puis à un autre moment, ça va te ramener des morts et te déposer juste devant ta tombe devant un ange pleureur.
Dans Docteur Who, j'ai rarement pleuré. Pourquoi ? Parce que je savais jamais si c'était définitif ou non ! Comme rien n'est impossible, on ne croit même plus aux morts ! Des fois les gens meurent et reviennent. Des fois, ils meurent pour de bon. Des fois, on les met dans un univers parallèle mais on les reverra plus parce que la faille va être fermée et des fois on les revoit quand même, puis à nouveau on les voit plus. Des fois, la personne perd ses souvenirs, des fois elle les retrouve, puis les reperd. Des fois, elle meurt, puis elle remeurt. Des fois, son passé est réécrit mais son présent continue d'exister. Des fois, elle est envoyée dans le passé, mais il ne pourra plus la revoir. Mais pourquoi ? POURQUOI ?? Des fois, des gens disparaissent dans une faille et on les oublie, des fois, on les oublie pas parce qu'on pense fort à eux et des fois même on les fait revenir comme ça. Des fois le mec peut sauver la galaxie et déplacer carrément une vingtaine de planète mais il est pas foutu d'aller rendre visite à ses deux meilleurs amis éjectés dans le passé par un ange pleureur ?!
En fait, c'est ça Docteur Who : c'est souvent disproportionné et ça n'a aucune logique. Les épisodes de fin de saison en particulier et certains épisodes spéciaux font de la surenchère : toujours plus loin dans l'impossible. Le docteur se rencontre lui-même en 3 versions pour les 50 ans du show et au moment de se séparer, pour expliquer le fait que les deux plus jeunes ne se souviennent pas de ce moment, on va vous dire : "c'est parce qu'ils sont pas sur la même je-ne-sais-pas-quoi temporelle", c'est parce que QUOI ? WHAT ? Beeeee eee aaa ? WHAT ?!!! Il aurait pas pu les faire toucher un ver qui efface les derniers souvenirs ? Ou se servir de l'engin qui efface les souvenirs dans la salle secrète de la tour de Londres ? Non, faut juste qu'on gobe ça ? Alors, toutes les fois où il s'est croisé plus jeune ou qu'un autre personnage s'est croisé plus jeune, le plus jeune a oublié ? Et LA ! C'est le moment, où il vous vient toujours plein de contre-exemples en tête.
Un problème majeur d'ailleurs de cette série, c'est que, évidemment comme bon nombre de séries qui ne connaissent pas vraiment leur durée de vie à l'avance, les scénaristes doivent s'efforcer de trouver de nouvelles histoires toujours plus fortes à chaque saison ou présenter une nouvelle compagnon toujours comme plus importante que la précédente. Mais ces nouveaux arcs apparaissent très souvent comme un cheveu sur la soupe et ont généralement été travaillés maximum une saison à l'avance. Le meilleur arc travaillé à l'avance reste River Song rencontrée par le dixième docteur et développée plus tard : un éclair de génie celui-ci. Mais beaucoup trop rare. La plupart du temps, on ne pense pas à faire venir des personnages du futur qui feront partie du casting dans plusieurs années (trop délicat sans doute), et quand on interagit avec son propre avenir, c'est toujours un avenir proche (on ne va pas faire mention de son prochain visage, à part pour River). Ainsi, par exemple, la petite dernière assistante, Mlle Soufflé doit sembler avoir toujours été là dans la vie du Docteur mais on ne l'a jamais vue par le passé et même s'ils ne connaissaient pas l'actrice à l'époque, ils pouvaient préparer le terrain avec les phrases clé et trouver une excuse pour son changement d'apparence. Le fait est qu'ils ne le font pas car ils ne peuvent pas prévoir à l'avance tous les arcs qu'ils vont développer. Mais bien souvent, devant la surenchère d'épisodes impressionnants, ils sont tout de même contraints d'intervenir sur tout ce qui a déjà été diffusé.
C'est un peu comme si la série évoluait et que le début n'était plus cohérent avec la fin. Comme si après avoir fini de diffuser 12 saisons du Dr Who, ils décidaient de tout réécrire, en intégrant tous les arcs dès le début.
Alors voilà ce que je lui reproche. Alors pourquoi lui avoir mis 9 ? Et bah, pour tout le reste ! Je n'ai jamais vu de série plus fangeek que celle-ci. Je pensais savoir ce que c'était être accroc avec Buffy, Chuck ou encore How I met. D'enchaîner les épisodes, de recycler les répliques, d'identifier des situations du quotidien à une situation dans la série, de se remémorer des scènes à tout moment de sa vie. Mais je n'avais encore rien vu. Docteur Who, c'est au-delà de tout ce qu'on peut imaginer en matière de fanatitude. D'abord, c'est une série avec un lourd bagage historique : on a beau découvrir Docteur Who en commençant par Dr Who 2005 mais en suivant Docteur Who, on ne peut s'empêcher de lire les critiques, son wikipedia, de voir des vidéos sur Youtube, de voir les mini-épisodes, de voir l'ampleur du phénomène, la place occupée par la série dans le marchandising geek, les références dans les autres séries, etc... On peut découvrir quelques extraits des anciens Docteur Who, ou revoir tous les génériques. On apprend à parler "dixième docteur", "onzième docteur" et non pas 2ème et 3ème. On a beau ne pas connaître Sarah Jane, on comprend tout de suite qu'elle est une personnage importante issue des anciens Dr Who. Alors on se renseigne, et elle devient alors une personnage emblématique (alors qu'elle a pas fait grand chose dans Dr Who 2005). Docteur Who, c'est aussi des chansons qui vous restent en tête toute la journée à commencer par le générique. Et puis ces chansons envoutantes qui arrivent dans les moments les plus intenses ! C'est aussi des répliques à tout va : "RUN !!", "Fantastic!", "Allons-y", "Géronimo", "Soufflé Girl / My Impossible Girl", "You're Brilliant", "The girl who waited so much", "Bad Wolf", "It's bigger on the inside", "(Just waiting for) A madmen in a blue box", "Exterminate, EXTERMINATE !", "Run, you clever boy !", "It's Wood ! It doesn't work on wood !", "TARDIS' Gift !", "Trust me, I'm the Doctor", "SPOILERS !"........
Des épisodes vraiment brillants de temps en temps et des idées géniales : mon préféré : Blink (The Weaping Angels), mais aussi la bibliothèque des ombres, le wifi qui uploade les gens, les boîtes noires qui apparaissent soudainement, l'embouteillage sans fin, l'épisode avec Rose qui joue au maillon faible et où les gens se font exécutés, le docteur qui menace un démon avec un pistolet à eau (Really !), l'épisode avec Van Gogh, les monstres qu'on voit et qu'on oublie dès qu'on les voit plus, le special Narnia, le special Shining (avec la peur dans chaque chambre)... Docteur Who c'est l'homme qui a rebooté l'univers, qui nous a emmené assister à la fin de l'univers, qui a recueilli les dernières paroles de The Face of Boe, qui a porté la flamme des jeux olympiques de 2012, qui a empêché le titanic volant de sombrer sur Buckingam Palace, qui a fait volé un bus Londonnien, grimpé The Shard avec une moto, vécu une histoire d'amour dans le désordre (brilliant !)... Docteur Who, c'est tout un tas de "trucs"-objets symboliques : la cabine de police, le tournevis sonique, les daleks, un noeud papillon ou des baskets, le fez, la montre à gousset (qui renferme la personnalité du docteur).
Et puis il y a les interprètes du Docteur, leurs manies, les gestes, leur façon de se comporter, leur énergie. Quand vous revoyez des extraits sur YouTube, ça vous remplit de Nostalgie. On les voit courir, sortir un truc épique au moment où tout bascule, ils ont fait tellement de choses. En fait, Docteur Who, c'est une série qui sait marquer les esprits. C'est une série à fans, faîte de moments très forts. Et puis pour malmener d'avantage notre nostalgie, ils remplacent le Docteur once in a while. Personnellement, je me suis fait assez rapidement au 9e (vu que c'était le premier que je découvrais), j'ai mis un peu de temps pour le 10e (au moins une saison à m'y habituer) mais j'ai adoré ce Docteur (mon préféré so far). Puis le 11e docteur, j'ai mis 2 saisons et demi à m'y habituer (c'est-à-dire avec l'arrivée de Clara). C'est très difficile de continuer à apprécier un show quand tout le casting a changé (y'a qu'à voir Misfits) mais c'est ce qui assure le renouveau de la série, une série qui n'a pas peur du changement, qui évolue avec son temps et les idées sont toujours là, ce qui fait qu'on l'aime aussi : on finit par retrouver ce côté fangeek, de la boîte bleue, des idées farfelues, du tournevis sonique, de bonnes répliques, des épisodes SF, des épisodes d'épouvante, des épisodes conceptuels à la black mirror... On finit toujours par retrouver le chemin de l'addiction.
En résumé : Docteur Who est une série folle, impossible et illogique mais addictive, imaginative et incontournable !