Au moment où nous entrons dans le palais de l'empereur nous savons que nous n'en sortirons plus... une série passionnante et glaçante sur la vie des concubines au travers du destin de l'une d'elles. Costumes somptueux, étoffes chatoyantes, profusion de bijoux et de pierreries dans le miroitement des lampes chinoises, décors élégants, tentures richement brodées, les servantes et eunuques s'affairent avec diligence dans cette partie du palais reconstitué avec le soin du détail: le harem.
Tout n'est que beauté, richesse, les fleurs s’épanouissent au printemps comme sous la neige dans les jardins où règne l'harmonie. Les concubines sont promises à une existence paisible jusqu'à la fin.
Là, les règles sont nombreuses, la politesse et la déférence dirigent les échanges, mais sous les paroles élégantes couvent le venin et la fourberie. Complots, jalousies, trahisons, même celle qui souhaite vivre à l'écart devra le jour venu se préserver des autres.
Le harem est un abime, celle qui y entre renonce à tout: entièrement dévouée au plaisir de son empereur, elle ne gardera pas même son nom. Il y a en effet de nombreux rangs chez les concubines, d'Impératrice(1ère, seconde...), consort, 1ère servante, 2ème... et simple concubine. Chaque promotion s'accompagnant d'un nouveau nom octroyé par l'empereur. Elle ne garde pas son nom et n'a plus droit à penser, désirer, exister. Elle n'est plus qu'un objet d'ornement, un jouet malmené par la rancune de celles qui sont de plus haut rang. Les punitions sont nombreuses et inventives, et malheur à celle qui est enceinte et devient la cible haïe, malheur à celle qui tombe en disgrâce et finit ses jours au palais froid si elle n'est pas contrainte à se suicider.


L'évolution de ces jeunes filles, fraiches et naïves au début, plongées dans la fosse aux serpents est bien restituée. Enfermées dans un réseau complexe de codes et de convenances, peu à peu dépossédées, dépersonnalisées, elles n'offrent que l'apparence de la séduction qui leur est exigée, dissimulant un puits de solitude, d'ennui, de souffrance et de rancune.
Et les chats? Humour involontaire et incongru: les chats sont les tueurs du harem, provoquant fausses-couches et accident mortel ou déjouant les tentatives d'empoisonnement. Mais il n'y a aucun chat réel, seulement d'effrayants chats de synthèse, gueules béantes et poils hérissés, plus surprenants et drôles que crédibles dans ce contexte scrupuleusement reconstitué. Étonnante bouffée d'humour décalé parsemant l'étouffante sophistication du cauchemar doré.

boomba
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le 13 mars 2018

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