Trip d'une jeunesse déboussolée

Avant tout , je tiens à dire un grand merci à HBO. Car quand surgit le H le B puis le O à l'écran, je ne peux m’empêcher de me remémorer douloureusement ce qui aurait du être la plus grande série de notre décennie. Malheureusement , David Benioff et D.B. Weiss en ont décidé autrement.

Bref , je ne vais pas m'attarder sur une des plus grande frustration de ma vie d'un point de vue audiovisuel mais justement, rebondir sur la fabuleux talent qu'à HBO de dénicher les projets ambitieux.

Ainsi, en 2019 , Chernobyl et Euphoria ont vu le jour. Je ne peux que vous conseiller la première série tandis que je suis ici pour vous parler de la seconde.

Euphoria est un incroyable miroir générationnel de 8 épisodes. A partir de son titre et sa magnifique affiche , l'on peut déceler les prémisses d'un récit à la fois féerique et intrigant. Derrière cette larme qui coule le long de la joue de Rue, interprétée par la talentueuse Zendaya, on imagine à peine le choc auquel l'on va insister.

Dès les premières minutes , on s'incline devant la superbe mise en scène de Sam Levinson. Le ( très ) jeune réalisateur nous distille une image léchée avec des plans sublimes qui viennent illustrer un récit parfaitement maîtrisé.

En effet, Euphoria est un conte des temps modernes, le portrait générationnel d'une jeunesse en manque de repères dans un monde qui évolue de plus en plus vite. Sexe, drogue, alcool, troubles mentaux : tous les problèmes sociétaux sont dépeints à travers une galerie de personnage qui n'est pas sans rappeler la série Anglaise Skins.

Or, la ou Euphoria brille, contrairement à son homologue Britannique , c'est dans l'homogénéité de sa galerie de personnages. Originaux et réalistes en même temps, Levinson évite avec brio le cliché des adolescents boutonneux en pleine puberté pour créer le portrait d'une jeunesse qui subit le déclin d'une Amérique à bout de souffle.

Sans prendre des pincettes, les scènes basculent entre réalité crue voir choquante et métaphores visuelles magnifiques.
Car dans Euphoria, chaque scène est un bonbon sensoriel, une véritable synesthésie ou nos sens se retrouvent bousculés. Que ce soit les bad trip de Rue , l'ultra sexualisation de Cassie, la rage de Nate ... Rarement l'on aura eu autant la sensation d'être proche de ces personnages.
Pourtant, en terme d’équilibre, Euphoria ne souffre d'aucunes longueurs. Pas de focus trop long sur un personnage, pas de scènes inutiles. Le dosage est parfait. Que ce soit les scènes introductives ou l’alternance des récits entres les caractères, le rythme permet de toujours aller au bout des émotions sans atteindre une surcouche émotionnelle trop souvent présente pour ce genre de série.

Si l'on ajoute à ce récit magnifique, à ces personnages débordants d'émotion, à ces prises de vues époustouflantes, une bande son aux petits oignons, on obtient le cocktail EUPHORISANT que souhaitait, je pense, tant insuffler Levinson.

Cette série est l'allégorie d'un titre qui se suffit à lui même : L'euphorie, cette sensation de bien être, cette extase intense qui s'estompe aussi vite qu'elle est apparue. La sensation de ne pas maîtriser des sentiments qu'on aimerait savoir éternels, qui nous manquent cruellement une fois la sensation retombée. Ces adolescents sont tous à la recherche de leur identité, tous touchés pas une société, des proches ou des drames qui les ont marqués individuellement et qui influencent leurs relations.

J'attends la saison 2 avec impatience