Mille pompons, saperlichaussette, ce fantôme en jupon, un peu concon, est plutôt chouette !

Un cavalier qui surgit hors de la nuit court vers l'aventure au galop !
Son nom, il le signe à la pointe de l'épée, d'un F ....
Attendez ... quoi ? F ... comme Flint ?
Non ! F comme ....



Dès que le danger l'appelle
Elle cascade et elle tague:
F comme Fantômette !
Avec tous ses gadgets,
Elle résout les enquêtes:
F comme Fantômette !
Elle sait karattaquer,
Rouler roulé-boulé:
F comme Fantômette !
Tout en noir, tout en classe,
Partout où elle passe, le crime s'efface !
Fantômette ! Fantômette !
Sur sa Fantômobile,
La nuit, elle se faufile:
F comme Fantômette !
F comme fantastique,
F comme forme olympique,
F comme Fantômette !



Eh, oui, l'héroïne de la bibliothèque rose née sous la plume virtuose et poétesse de Georges Chaulet, qui a amené Marie Darrieussecq à lire Duras et Thomas Clerc à lire Stevenson, c'est F comme Fantômette !
C'est surtout en 1993 une série qui propose l'alternative féminine au très masculin Zorro de Guy Williams au rire aussi diabolique et tonitruant que les ennemis de la petite super-héroïne de 9 ans, qui, dans cette série en a 14.


La série accuse de nombreux défauts, on ne saurait le dissimuler.
Pour commencer, son générique qui ressemble à une publicité de jouet Barbie de l'époque et qui fera penser au célèbre héros de James Coburn comme à la réclame de Swiffer: "Quand Swiffer passe, la poussière s'efface !"
Ensuite, les intrigues d'une simplicité affligeante, jamais très loin du nanard. Sans compter les facilités scénaristiques permettant de déjouer les plans des méchants ou d'empêcher que l'on ne découvre l'identité de Fantômette !
Enfin, le vieillissement impressionnant de cette série que l'on aimera le plus certainement quand on l'aura vu enfant. Ordinateurs improbables, trottinette façon Batmobile, décors réels camouflés en Framboisy, tout pâtit du manque de budget. Reste les pirouettes incongrues et désuètes de Fantômette qui se prend pour Panpan dans Les Diamants sont éternels ...
Les lectrices et lecteurs passionnées de la petite super-héroïne détesteront sans doute le traitement comique à la Batman d'Adam West, la révélation initiale faite au spectateur de l'identité de Fantômette. Les adultes découvrant la série se sentiront extrêmement gênés devant le cabotinage désespéré d'acteurs parfois très bons, cherchant à meubler la vacuité des dialogues. La nostalgie seule des aficionados des Minikeums des nineties, qui se rappelleront en avoir pincé, étant jeunes, pour la mignonne petite Françoise de leur âge, fera un succès renouvelé pour cet hilarant ovni.


Cependant, il n'y a que les imbéciles qui ne sauraient tirer avantage même infime d'une belle petite série mièvre et naïve telle que celle-ci.
A commencer par le traitement du langage, bien inspiré des romans, qui a quelque chose de poétique et qui interpelle dès le générique: dans le monde de Fantômette, on karattaque comme dans les escargoélands de l'OULIPO et on roule roulé-boulé à fond dans les sonorités et les jeux de mots. La jeune ficelle sera d'ailleurs l'incarnation de cette langue de Chaulet, pleine du charme d'un langage revisité par une enfance marquée sixties.
La série n'est pas qu'un concentré d'intrigues faciles et d'action idiote limitée aux moyens de la production. Elle ambitionne la vulgarisation de séries animées telles Il était une fois, Le Magicobus ou encore l'excellente série Ordy ou les Grandes découvertes. Fantômette est ainsi une héroïne écologiste qui insiste sur les dangers qui menace l'écosystème mais qui se permet aussi de rencontrer Jeanne d'Arc ou Escobar à l'instar d'un Docteur Who ou de faire la caricature de la société, fustigeant la mode, la politique.
Quant à l'héroïne proprement dite, elle est une Emma Peel pour adolescentes et adolescents, permettant - suivant en cela la formule de Brian Clemens - aux filles de s'identifier en elle et aux garçons de la désirer.
Ce qui ravira les adultes et le jeune public de l'époque devenu adulte, ce peut être Justine Fraioli, qui a incroyablement changé, devenue plus svelte et devenue l'alter-ego d'Oeil de Lynx !
Ou bien, le temps d'un épisode de Marcel Philippot, éternel client contestataire qui a surtout fait les beaux jours de la série Palace.
Mais le réel point fort de cette mascarade aigrelette, c'est à n'en pas douter le brave et hilarant Michel Crémadès, injustement relégué aux seconds rôles quand son comique, qui mime Sim et Daniel Prévost, pourrait s'exprimer plus librement dans un grand rôle. C'est d'ailleurs le cas dans cette série de France 3 fauchée (dans tous les sens du terme) où, lorsque les autres vedettes cabotinent de façon inane et triste, Crémadès joue de manière également outrancière mais avec une authenticité et une réelle volonté de déclencher le rire de tous les publics. Le voir jouer les bandits pris sur le fait au volant de sa voiture rendre les bijoux comme si de rien n'était, sur le départ comme un invité quittant une soirée déclenche un rire franc. Parodie décomplexée du génie du crime, as du déguisement, tour à tour vieille dame, gardien de square ou même Fantômette inversée, celui qu'on a pu voir jouer les Triple-patte dans Astérix: Mission Cléopâtre ou le voisin craintif de Benoît Poelvoorde dans Le Boulet, fait montre de son talent comique. Fantômette a donc au moins ce mérite de mettre un peu plus en lumière ce comédien trop obscur.


Une série
F comme foutraque,
F comme folle
F comme Fantômette !

Frenhofer
5
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Créée

le 5 mai 2019

Critique lue 715 fois

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Frenhofer

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