Game of Thrones
8.2
Game of Thrones

Série HBO (2011)

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Une série populaire [Critique de Game of Thrones saison par saison]

Saison 1 :
Bien que fasciné par les bouquins de Tolkien depuis mes 15 ans, et ayant grandi en lisant le "Conan" de Robert Howard, j'ai toujours considéré l'Heroic Fantasy comme un truc un peu honteux, un peu niais même. Il m'a fallu lire beaucoup de critiques élogieuses sur ce "Trône de Fer" depuis une bonne paire d'années pour trouver le courage de m'y lancer. Et puis, surprise, surprise, la "touche HBO" est omniprésente, comme souvent à la limite du pompiérisme, mais avec une vraie "qualité" dans la narration, la mise en scène, etc. : les règles de la "nouvelle série TV" sont déclinées sans faute, loin du puritanisme et de l'infantilisme hollywoodiens, puisqu'on vit, on baise et on meurt avec tous les excès imaginables dans "le Trône de Fer", dans une débauche d'hyper-réalisme (évoquant quand même le "Gladiator" de Ridley Scott, si on veut) qui permet de transcender largement les codes de l'Heroic Fantasy. Les intrigues de cour, tortueuses - qui en fatigueront certains, sans doute -, nous ramènent aux temps maudits de nos Rois de France plutôt qu'à la fantaisie Tolkienienne, et les notations fantastiques sont - heureusement - réduites au minimum (le segment narratif du "Nord" avec ses zombies, le segment narratif de la princesse Targaryen avec le mythe (?) des dragons). Complexité des personnages et de leurs mobiles, qui les rendent résolument contemporains, absence totale de manichéisme (on est bien en peine d'identifier un seul personnage qui serait "bon" dans la saga), et vulnérabilité omniprésente (nul ici n'est l'abri d'une mort soudaine et horrible, quel que soit son âge ou son sexe) font que le spectacle, pour être parfois gentiment régressif, reste constamment surprenant, voire sidérant.
[Critique écrite en 2013]


Saison 2 :
La seconde saison de "Game of Thrones", qui a désormais gagné ses galons de série "culte" (grand public !), ne déçoit pas, poursuivant dans le ton de la première avec quelques "petits" ajustements : moins de systématisme et de clichés dans les situations, plus de complexité dans les personnages, d'où un résultat légèrement plus "adulte", plus satisfaisant encore du point de vue intellectuel... Sans doute à l'image des livres que j'avoue ne pas avoir lus ! On peut apprécier - ou non (certains éléments frisent le grotesque, et ne s'intègrent pas très harmonieusement dans le contexte ultra-réaliste général) - le fait que le fantastique est désormais plus présent, en particulier sur la fin de la saison, et regretter que le budget forcément contrôlé d'une série ne permette pas la représentation de batailles pourtant désormais centrales au récit, à l'exception notable de l'assaut de King's Landing, "acmé" de la saison, même si c'est surtout l'ascension et la chute du personnage de Tyrion Lannister (fantastique Peter Dinklage) qui cristallise notre intérêt à ce point du récit. Chacun pourra se plaindre - ou non - du traitement réservé cette fois à son ou ses personnages favoris, tous n'étant pas égaux devant la fiction (j'ai regretté le manque d'intérêt de la partie concernant la Princesse Daenerys, mais le dernier épisode rattrape le coup, et je me suis personnellement ennuyé devant la trahison de Theon Greyjoy), la seule vraie réserve qu'on puisse faire concerne le morcellement excessif de la narration, forcée se suivre la multitude de personnages et d'histoires qui se déploient parallèlement dans des lieux distincts et lointains : là encore, il s'agit vraisemblablement d'un respect (excessif ?) de la complexité du livre, que permet d'ailleurs le format de la série télévisée. Ah, un dernier commentaire : merci aux responsables du casting de "Games of Thrones" d'avoir retrouvé le grand, l'immense Charles Dance, acteur mal utilisé au cinéma, et qui illumine de sa prestance prodigieuse le personnage de Lord Tywin... On suivra en tous cas cette série avec une attention toujours plus grande !
[Critique écrite en 2013]


Saison 3 :
Finalement, la troisième saison de "Game of Thrones", c'est un peu la même chose que la saison 2, non ? Éparpillement des personnages en sur-nombre à travers une géographie pas forcément compréhensible pour qui n'a pas une carte en main (carte non fournie avec les DVDs, mais elle doit exister avec les livres... que je n'ai pas encore lus, je l'avoue piteusement !). Mélange d'intrigues à l'intérêt forcément très variable. Répétition vite irritante de lieux communs typiques de l'Heroic Fantasy, un genre qui souffre quand même du manque - relatif - de budget d'une série télévisée. Manque d'homogénéité d'un casting qui alterne le meilleur (Charles Dance comme toujours immense, Peter Dinklage fascinant même quand il en fait un peu trop, Jack Gleeson délicieux de perversité, Nikolaj Coster-Waldau, Iain Glen...) comme le pire (le boulet Kit Harington qui ne sait rien jouer, Emilia Clarke de plus en plus en gnangnan, et beaucoup d'autres...). Manque de souffle d'une mise en scène ultra-classique qui ne sait jamais rien faire d'autre que se mettre au service du "story telling", soit - d'ailleurs - la faille de la plupart des Séries TV, il faut bien le reconnaître... Alors pourquoi aime-t-on quand même "Game of Thrones" ? Eh bien, parce que, justement, les histoires "éternelles" qu'il raconte - la famille l'amour, le pouvoir - nous touchent et nous passionnent, et parce que du coup, elles nous permettent de développer un véritable rapport avec des personnages dont l’ambiguïté et les faiblesses constituent le charme principal. Du coup, l'avant-dernier épisode, quasi traumatique, en réglant leur compte à plusieurs personnages qu'on avait appris à aimer, relance violemment l'intérêt un peu déclinant qu'on pouvait avoir pour la série. Disons qu'en une demi-heure mémorable, Benioff et Weiss renouvellent joliment notre addiction. Bien joué !
[Critique écrite en 2014]


Saison 4 :
Tous les ans, c'est un peu la même chose : pas vraiment d'envie de se replonger dans l'univers un peu kitsch de "Game of Thrones", ce moyen-âge pour nerds et fans d'heroic fantasy qui permet toutes les libertés à des scénaristes en roue libre... corbeau à trois yeux, dragons, zombies, géants, squelettes sortant du sol l'épée à la main, enfants maléfiques, etc. etc. Et puis, passé une paire d'épisodes qui permettent de s'y retrouver entre tous ces personnages éparpillés à travers la Terre du Milieu... non pardon, là je me trompe de bouquin... le "charme GOT" opère, et nous voici à nouveau scotchés devant ce grand délire barbare et politique - ou plutôt politique et barbare - qui nous promet du sang, de la sueur, du sperme et des larmes... et qui tient ses promesses. On pourra bien sûr critiquer la partie purement "road movie" de la saison, fastidieuse, répétitive et sans grande utilité, si ce n'est de créer une sorte de limbo où certaines des fictions restent suspendues en attendant que d'autres fils de la narration se déroulent. On pourra aussi reconnaître que le principe de faire mourir par surprise des personnages importants est désormais devenu une sorte de "truc" des scénaristes pour relancer l'intérêt du spectateur... un "truc" dont cette saison abuse un peu, mais il est indéniable qu'on est à chaque fois électrisé devant ces coups de force : le spectaculaire empoisonnement de l'ignoble Joffrey, le procès à haute intensité émotionnelle de Tyrion, l'horrible retournement de situation dans le duel entre Oberyn et la Montagne, et le remarquable affrontement final entre Tyrion et son père sont des moments marquants, absolument tétanisants, qui s'élèvent par ailleurs au dessus de simples astuces de scénario grâce à la qualité générale - impressionnante - de l'interprétation (... Dinklage en tête !). Car, comme dans toute bonne série TV qui se respecte, ce sont les personnages, beaucoup plus que le spectaculaire des situations (personnellement, j'ai du mal à me passionner pour les batailles à l'épée dans la neige, et la partie dite du "Mur" me semble toujours la plus faible) qui emportent notre adhésion dans cette quatrième saison, comme dans les précédentes.
[Critique écrite en 2015]


Saison 5 :
Alors que les critiques ont été nombreuses de ma part des fans de George R. R. Martin du fait de l'éloignement grandissant entre la série et les livres, quel est en fait le vécu d'un téléspectateur lambda qui ne connaît pas les livres (et se fiche donc éperdument des "puristes" sur un sujet qui ne vaut clairement pas de tels embrasements de passion !) ? Eh bien, le problème fondamental de cette cinquième saison n'est aucunement le scénario, assez intelligent, mais plutôt le rythme et la structure de la saison. On assiste en effet à une mise en place extrêmement minutieuse des divers arcs narratifs, qui rendent les quatre premiers épisodes terriblement fastidieux. Puis vient une montée en puissance des différentes intrigues qui ont le tort de toutes culminer plus ou moins simultanément dans les trois derniers épisodes - évidemment extrêmement excitants et addictifs - et donc se conclure dans un feu d'artifice de sensations un tantinet excessives dans le 10ème et dernier. Voilà une gestion de l'intérêt des téléspectateurs pour le moins curieuse, pas forcément très "performante", puisqu'on passe de la disette à la saturation. Ceci posé, la saison 5 de "Game of Thrones" ne mérite certes pas les critiques qu'elle a affronté : elle nous permet de voir enfin cette fameuse armée des morts conduites par les White Walkers - cinq ans qu'on l'attend, cela devenait une sorte d'Arlésienne ridicule -, et surtout, surtout, elle met en scène assez brillamment la montée du totalitarisme religieux dans une société lorsqu'il est encouragé par les politiques (qui croient y voir un moyen de mieux contrôler leurs ennemis), totalitarisme qui finit par engloutir les apprentis-sorciers qui ont présidé à son ascension : pour la première fois, "Game of Thrones" nous parle de notre époque, et ce n'est pas un mince exploit des scénaristes, n'en déplaisent à ces fameux "puristes". Et qu'on en arrive ainsi à plaindre la belle Cersei - alors qu'on n'aurait jamais plaint Bush et consorts -, c'est l'un des petits miracles de la fiction télévisée !
[Critique écrite en 2016]


Saison 6
Je pense qu'on est tous d'accord pour dire que "Game of Thrones", l'une des séries télévisées les plus populaires de tous les temps, devrait s'arrêter. S'arrêter avant d'épuiser notre patience et de nous gâcher les bons moments qu'on aura passés devant ses intrigues au long cours interrompues seulement par la mort - de préférence inattendue - de ses personnages. Car, quand même, il y a une limite dans la répétition à l'identique des mêmes situations, des mêmes conflits, des mêmes... histoires. Parce que, malgré la grande classe formelle de la série (une sorte de nouvel académisme est né...), il faut bien dire que "Game of Thrones", à quelques notables exceptions près (comme le fanatisme religieux depuis 2 saisons), n'a rien à nous dire de vraiment pertinent, si l'on veut bien prendre un peu de recul par rapport à ses récits classiques d'ambition et de vengeance. La bonne nouvelle de cette sixième saison, la plus aimable de toutes sans doute, celle qui a le moins de passages à vide et d'invraisemblances (... encore que...), c'est que les scénaristes commencent à régler les comptes et à solder des pans entiers de "Game of Thrones" : beaucoup de vrais "méchants" (car tout le monde l'est un peu, méchant, bien sûr...) trouvent une fin peu enviable à leur trajectoire sordide, tandis que de nouvelles alliances se forment qui indiquent le chemin d'un possible conclusion. Le téléspectateur prendra donc sensiblement plus de plaisir à cette saison, grâce en particulier à une impressionnante "bataille des bâtards" où s'empilent les cadavres de manière saisissante, et, bien entendu à la liquidation apocalyptique - et donc réjouissante - des ennemis de la vénéneuse et magnifique Cersei. On attend désormais l'affrontement final, encore différé cette fois, avec les hordes de zombies des White Walkers, qui devrait logiquement être au cœur de la prochaine saison.
[Critique écrite en 2016]


Saison 7 :
Avec la poursuite, sinon l'amplification de la popularité globale de la série, il semble que tien n'arrête plus HBO avec un "Game of Thrones" de plus en plus spectaculaire, en particulier lors de la scène de bataille dantesque qui voit pour la première fois Danaerys employer ses dragons comme arme de destruction massive, et de plus en plus "agitée", confirmant la tendance de la saison précédente : plus question désormais de finasser, les scénaristes développent leurs intrigues à grande vitesse, et continuent à régler les comptes de certains personnages avec une méchanceté réjouissante (je pense à la très satisfaisante mort de l'ignoble Little Finger...). Cette urgence, confinant parfois à la précipitation, fait néanmoins cette fois une victime, très dommageable pour la crédibilité de la série : la topographie de Westeros, qui depuis le début justifiait, un peu comme dans le "Seigneur des Anneaux", les longs déplacements et les stratégies complexes des personnages, passe largement à la trappe, et les héros semblent bénéficier désormais d'une ubiquité assez ridicule ! Cette facilité avec laquelle les distances sont contournées culmine dans les deux derniers épisodes, avec un aller-retour express à pied, en corbeau et en dragon entre le Nord et le Sud qui est certes bien commode pour tirer nos héros d'affaire, mais gâche largement la grandeur de l'affrontement avec les hordes de morts. Bref, la rigueur des débuts est bien oubliée, on vise désormais la satisfaction rapide du public, et ceci nous confirme que la fin de la série annoncée est une très bonne chose.
[Critique écrite en 2017]


Saison 8 :
Si vous faites partie des 0,1% de la population mondiale qui n’a pas encore vu cette dernière saison de "Game of Thrones", alors, oui, le texte qui suit regorge de spoilers !


Il m’a semblé important de laisser passer un peu la vague d’hystérie globale qui a accompagné la diffusion de la huitième et dernière saison de la série la plus monstrueusement populaire de l’histoire de la télévision, pour échapper aux torrents de haine et de mépris déversés via les réseaux sociaux sur les têtes des scénaristes et show runners de"Game of Thrones", voire même à la pétition (on croit rêver) demandant le remplacement pur et simple de ces six épisodes par quelque chose de plus en ligne avec les attentes des fans, et plus respectueux vis-à-vis des principes de l’œuvre de George R. R. Martin… Important, mais illusoire, parce que j’imagine que, finalement, mes conclusions ne seront guère différentes de celle que n’importe quel spectateur ayant réussi à rester objectif dans ce contexte… difficile.


Il est tout-à-fait indéniable que, comme c’était d’ailleurs déjà le cas dans la septième saison, David Bénioff et D.B. Weiss ont délaissé totalement l’intégrité de la construction romanesque ambitieuse des romans (… paraît-il, je ne les ai pas encore lus…) et de la série jusqu’alors. Ils ont sacrifié ce choix remarquable d’une vision à la fois « stratégique » et « sociologique » de ces luttes politiques et ces guerres imaginaires, mais pas si éloignées de l’histoire britannique au Moyen Âge, pour la remplacer par un gloubi boulga psychologisant beaucoup moins original, et très peu crédible : de la chute accélérée de Daenerys dans une folie autoritaire et criminelle, à la coucherie improbable entre Jaime et Brienne, en passant par la réduction du pseudo-super héros Jon Snow à un amoureux pusillanime et bêlant, il y a de quoi pester devant la simplification réductrice de cette trajectoire finale de personnages jusque là complexes. Pire encore sans doute, les huit épisodes de cette dernière saison renferment tous leur lot de moments littéralement aberrants, à tous les niveaux : mentionnons pour le pur plaisir de râler le sacrifice absurde des Dothrakis lors du premier assaut contre l’armée des morts, la liquidation express d’une seule flèche de l’un des dragons, le manque de considération – voire d’intérêt - des survivants vis-à-vis d’Arya, qui a quand même sauvé à elle seule la totalité du continent de Westeros, et oublions la bonne vingtaine d’autres raccourcis et oublis, incohérences plus ou moins sérieuses qui ont sans doute permis avant tout à HBO de boucler sa saison phare à l’intérieur d’un budget certes colossal mais non élastique.


Pourtant, pourtant, tout ce travail bâclé n’a pas fondamentalement gâché le plaisir que m’a procuré une dernière fois une série qui a même réussi à atteindre un niveau spectaculaire littéralement dantesque, et faire souffler un ouragan épique dans nos salons. Le troisième épisode et son combat nocturne interminable contre le déferlement incessant des vagues de morts-vivants a ainsi su faire naître en nous une frayeur et un accablement inhabituels dans un tel méga-spectacle populaire. Même si le taux de survie de nos héros à la fin de cette nuit de cauchemar s’est avéré invraisemblablement élevé, il faut bien reconnaître que nous avons sombré durant de longues minutes dans un abime nihiliste qui n’a finalement pas de prix. J’en ai même souhaité que finalement, celui monte sur le Trône de Fer soit le Night King, ce qui aurait été finalement une conclusion audacieuse, et aussi une leçon méritée administrée à tous ces monstres et ces lâches que nous avons vus s’ébattre et s’étriper sans honte durant huit années…


Il faut maintenant en venir à ce qui constitue à mon sens l’honneur de cette saison, et de la série toute entière, c’est cet éprouvant cinquième épisode : en nous montrant très longuement les horreurs de la guerre (l’extermination de la population civile décrétée – et exécutée, pour le coup, sans intermédiaires - par un tyran paranoïaque ivre de pouvoir absolu), "Game of Thrones", quitte le domaine tellement confortable de l’Heroic Fantasy, trop souvent complaisante avec la violence et ne daignant jamais s’interroger sur les conséquences humaines de celle-ci, pour nous parler (… enfin ! me direz-vous…) de nous et de notre monde. Le clou est superbement enfoncé dans ce qui est sans doute la scène la plus forte du tout dernier épisode (épisode qui me paraît à moi remarquable, j’y reviendrai), celle de l’assimilation des troupes de Danaerys aux hordes nazies : les dents des fans ont apparemment grincé de voir leur blonde héroïne, même très déséquilibrée, assimilée à un criminel absolu, mais c’est pourtant exactement de cela qu’il s’agit dans "Game of Thrones", les luttes intestines de médiocres despotes aveuglés par le Pouvoir et rêvant en permanence de refaçonner le monde à l’image de leurs rêves paranoïaques, sans aucune préoccupation réelle derrière leurs discours idéologiques (la fameuse « Roue » que veut briser Danaerys…) pour leurs peuples.


Il aura donc fallu huit saisons pour que Game of Thrones devienne une série adulte, et cette maturité a déplu à une grande partie de ses fans, ce qui était inévitable... Et la réussite absolue de ce dernier épisode courageux, c’est de mettre en images l’intuition géniale de J.R. Tolkien à la fin de son "Seigneur des Anneaux" – que l’inepte Peter Jackson avait complètement loupé dans son adaptation cinématographique par trop infantile : après le temps de l’héroïsme, vient inévitablement le temps des désillusions. Entre Jon Snow, héros perpétuellement minable (je n’ai jamais personnellement compris ce que l’on pouvait trouver à Kit Harington, sans doute l’interprète le plus faible de la série, mais sa mollesse exsangue correspondait parfaitement à l’inconsistance de son personnage…) s’enfonçant dans le Grand Nord et Arya King préférant la griserie de l’errance et partant découvrir SON Amérique, en passant par la remarquable conclusion sur les débats du conseil du nouveau roi discutant de la réouverture des bordels, et bouclant donc la boucle avec la première saison, ce que nous dit cet épisode, c’est, résumé en deux phrases-slogans : « Tout ça pour ça ? » et « Meet the New Boss, Same as the Old Boss ! » (The Who – "Won’t Get Fooled Again"). Cela n’a rien de plaisant à admettre, c’est pourtant essentiel de comprendre la vanité ignoble de tout ce qui a précédé.


En épilogue de ce qui s’apparente finalement à une réhabilitation de cette dernière saison, je saluerai au moins deux positions courageuses et pas si politiquement correctes que cela, de cette conclusion (et de la série toute entière, d’ailleurs) : l’admission – fort choquante - que l’amour peut exister dans l’inceste, à travers le couple Cersei – Jaime dont la mort sublime la passion, et la romance entre Danaerys et Jon Snow, où jamais la proche parenté des deux amants ne semble poser problème, à la différence de leurs divergences sur la notion de pouvoir ; la reconnaissance que si la Femme est bien sans aucun doute supérieure à l’Homme, son triomphe ne signifie aucunement que le futur de l’humanité soit pour autant « entre de bonnes mains » !


Eh bien, savez-vous, et même si je déplore comme vous que Jon Snow ait abandonné après la bataille contre les Morts son fidèle loup blanc sans même une caresse, je crois bien que, avec tout cela, la balance penche du bon côté. Et que cette dernière saison de "Game of Thrones" est une petite réussite.


[Critique écrite en 2019]
Retrouvez cette critique et bien d'autres sur Benzine Mag : https://www.benzinemag.net/2019/07/27/un-exercice-de-rehabilitation-de-la-derniere-saison-de-game-of-thrones/

EricDebarnot
7
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Créée

le 12 juin 2013

Modifiée

le 27 mars 2014

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Eric BBYoda

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