Glacé
5.5
Glacé

Série M6 (2017)

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Je viens de finir de regarder le quatrième épisode, et il faut de toute urgence que j'en parle à quelqu'un. Vous êtes là ? Vous m'écoutez ? Dites oui, s'il vous plaît. Je ne peux pas rester tout seul devant ce monceau de stupidités. J'ai besoin d'une oreille attentive et d'une épaule compatissante. Ne me lâchez pas, je vous en prie. Je risque de ne pas m'en remettre...


Mais qu'est-ce qu'ils ont, bordel, les auteurs de séries françaises, pour être aussi mauvais ? Oui, je sais, je généralise. Il y a sûrement des séries bien de chez nous qui échappent au massacre, autre que Kaamelott (mais là on est dans le hors catégorie, la classe internationale, le génie pur, limite ça ne compte pas.) Ce n'est toutefois pas avec Glacé que mon avis va s'améliorer.
Pourtant, ça commençait plutôt correctement. Pas génial non plus, mais suffisamment prenant pour avoir envie de passer d'un épisode à un autre. C'est peut-être parce qu'ils ne durent que 45 minutes, la souffrance est relativement brève...


Bon, non, j'exagère. C'est juste que ce que je viens de voir me sidère tellement que je perds tout sens commun.
Je reprends. Les deux premiers épisodes, donc, ça allait. Avec de petites alertes toutefois - Berling pas à son top, un peu trop taiseux, un peu trop mou, pas très crédible en bon flic, même ex-bon. Soit. Attendons la suite. Ah, Pascal Greggory, chouette ! Mais pourquoi on le voit aussi peu ? On le met dans une salle, l'échange dure deux minutes, et hop, fini. C'était la peine de le déranger pour si peu, franchement - et nous avec ?
Bon. D'accord. Ça avance. Jolis paysages, c'est beau les Pyrénées quand même. On arrive dans du connu, l'histoire d'un patelin où tout le monde se connaît et a des choses à cacher, bien bien bien... C'est du déjà vu, mais bien ficelé, avec ce qu'il faut de subtilité, ça peut passer.


Ah tiens, épisode 3, on sort les vieux cadavres du placard (une histoire de suicides d'ados remontant à plusieurs années), qui concerne à la fois les notables les plus importants de la région (évidemment, toujours à magouiller des saloperies, ceux-là) et la gendarmette en charge de l'affaire à côté de Berling. Tu la vois venir, la boulette ?


Bingo ! La boulette, c'est l'épisode 4. Celui où les scénaristes, fatigués de manipuler un matériau à la con, ont décidé de partir en vacances aux Bahamas, histoire de se refaire la cerise.
- Ah, merde, chef ! Qu'est-ce qu'on fait ? On tourne quand même ou on attend qu'ils reviennent ?
- On s'en fout, on tourne. Avec ce qu'on a déjà posé dans les trois épisodes précédents, ça va rouler tout seul. Et puis on a Pascal Greggory et Charles Berling quand même, on peut pas les laisser trop poireauter.
- Et Anne Le Ny, aussi. C'est pas n'importe qui, Anne Le Ny.
- Ouais, elle aussi. On la voit pas beaucoup, mais tu as raison, une pensée pour Anne, on continue.


Et là, donc, ça dévisse. Dans un prodigieux enchaînement de n'importe quoi, tous les personnages se mettent à partir en vrille et à accumuler les fautes professionnelles. La psy - qui ne devrait pas être là - tabasse un de ses patients. La gendarmette ne répond pas à son téléphone, cache qu'elle est impliquée dans le bazar, se fait mettre à pied mais continue à jouer les justicières à peine masquées.


Désolé, je spoile un peu, mais faut que ça sorte. Et puis c'est tellement débile !
Attendez, attendez, il y a encore mieux. Allez, je vous en raconte une dernière, la meilleure pour moi. Promis, ce n'est pas un spoil. A un moment, la gendarmette va trouver le maire, qu'elle pense mouillé jusqu'au cou dans une affaire pas jolie jolie. Il l'envoie balader, elle le menace avant de partir en claquant des talons avec morgue. Bref, tout est normal.
Une heure après, le maire quitte la mairie en catastrophe. Visiblement, la petite entrevue avec la gendarmette l'a ébranlé. Il part au volant de sa voiture à toute vitesse. Et la gendarmette, restée planquée depuis tout à l'heure, le prend en filature.
Dans sa voiture de gendarmerie.
En plein jour.
Visible comme le nez au milieu de la figure.
On est bien d'accord, le maire flippe, il se sent menacé. Il est dans sa voiture, s'il est pas trop con, il passe son temps à contrôler le rétroviseur, non ? Et du coup, la gendarmette, visible comme le nez au milieu de la figure, il la calcule, hein ?
Ben non.


Je n'ai pas lu le roman de Bernard Minier dont est tirée cette série éblouissante. J'avais essayé, il y a quelques années, mais le style pataud et la grande ressemblance entre le début du roman et celui de Jean-Christophe Grangé, Les Rivières pourpres (sacré thriller, celui-là - lui ausi maltraité, quoique un peu moins, par son adaptation cinématographique signée Mathieu Kassovitz) m'avaient dissuadé d'insister.
Dommage, j'aimerais bien savoir si ces délires de junkie surdosé s'y trouvent, ou si les scénaristes ont juste brodé à partir du canevas en se croyant plus malins que tout le monde.


En tout cas, mon indulgence des premiers épisodes, c'est terminé. Je vais sans doute essayer de mater les deux derniers, histoire de ne pas laisser cette souffrance en suspens - mais avec la certitude, désormais, qu'il n'y aura pas de miracle. Et que rien ne pourra remonter ni mon estime, ni ma note.
Trop bon, trop con. Trop con, trop pas bon !

ElliottSyndrome
3
Écrit par

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le 5 déc. 2019

Critique lue 657 fois

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ElliottSyndrome

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