Une fidélité désincarnée...

Bon, mon passif avec la série de livres me pousse à être amer concernant cette série. Pour rappel, j'ai publié ici une loooongue critique de la trilogie, que j'adore, avec tous ses niveaux de lectures, et surtout pour le fait que malgré son apparence première de conte pour enfant, jamais elle ne ménage le lecteur ou la lectrice dans la cruauté ou la dureté du monde réel.

La série, déjà, manque le "conte" pour n'être que dureté, que monde cruel, et un problème qui en découle est l'imagerie fasciste des années 30/40 qui en ressort. Alors oui, visuellement, ça a de l'allure, mais esthétiquement ça ne laisse aucun doute sur qui sont les gentils et qui sont les méchants. Par contraste, dans les livres, Lyra est régulièrement en proie au doute quant aux personnes en lesquelles elle doit faire confiance.

Mais soit, la saison 1 modifie un peu ses personnages, mais son récit est un décalque du livre. Et les changements de caractérisation sont...meh. Lee Scoresby passe d'un sexagénaire obsédé par sa retraite, dont c'est le dernier voyage, à un pick-pocket quadragénaire, absolument pas fatigué de sa longue vie aérienne. Lyra n'est déjà plus vraiment une enfant, avec ce que ça entraîne comme comportements envers les autres enfants et les adultes (admiration béate d'Asriel) ; Coulter est une pochtrone...ça n'a plus vraiment de sens. Et la plus grosse déception : la scène où le personnel de Bolvangar attrape Pantalaimon est juste molle, y a aucune force, aucune violence, rien de l'allégorie du viol qu'était censée être cette scène dans le livre. Sans compter le passage bien cringe où Lyra et Coulter se hurle dessus à travers la porte...Bref, dans les grandes lignes, la saison 1 était okay, un peu fade, mais correcte.

Il en va de même pour la saison 2, fidèle, quelques ajouts ennuyeux, mais correcte et fade.

Par contre la saison 3...D'abord, Ogunwe qui passe d'un roi d'Afrique à un simple général d'une quelconque résistance, ça amoindri son personnage (genre c'est un général qui a 30 pélos sous ses ordres quand il rejoint Asriel, alors qu'on parle d'un roi qui amène des milliers de fusiliers africains, et comme on ne précise pas de nationalité pour ces fusiliers, on sous-entend qu'ils viennent de tout le continent africains à l'appel d'Ogunwe...c'est immense et ça pose le personnage).

Les Gallivespins qui sont sous-exploités, sans libellules, passe encore, mais que la bataille dans l'Himalaya pour Lyra, ou celle de St-Jean-les-Eaux, deviennent juste des confrontations de 3 regards en champ/contre-champ, c'est nul, c'est mou, ça retire l'épique du bouquin.

Et niveau épique, la bataille finale qui se résume à Asriel qui fait du piou-piou sur 40 anges, pendant que les troupes au sol passent plus de temps à se cacher ou à se prendre mutuellement en otage, mais pareil, c'est mouuuuuuuuuuuuuu.

Pour être honnête, je n'ai rien ressenti à la séparation de Lyra et Pan, qui en fait des caisses de dialogues mais qui perd par conséquent en force (genre Pan qui dit ouvertement que Lyra préfère choisir Roger à lui, nan mais qu'est-ce que c'est que ça ? Dans le livre, il est dit MOT A MOT que Pan n'ose même pas poser la question à Lyra de qui elle préfère, car il en connaît déjà la réponse, sans toutefois donner explicitement cette réponse. C'est infiniment plus subtil et déchirant !)

Balthamos n'a plus rien du boudeur désagréable qu'il était, l'arc de Mary Malone est expédié, Will et Lyra qui finissent par s'embrasser tombe comme un pétard mouillé, mais surtout : Dieu qui meurt comme ça, d'un coup, les héros s'en foutent, personne n'en reparle, alors que dans le livre, ils sont déchirés pcq ils voulaient aider ce vieillard...Bref. C'est factuellement le bouquin, mais c'est totalement désincarné, fade, sans émotion aucune, et c'est malheureux.

Jusqu'ici donc, la seule bonne adaptation des livres est le jeu vidéo de 2008, prétendument l'adaptation du film, mais qui est bien plus fidèle au premier livre que le film, tout en restant suffisamment merveilleux pour capter le potentiel jeune public...