Issa, Issa, Issa.

Attention, dans mon immense charité, je dois vous prévenir : Homeland est une série totalement addictive.

A priori, le thème ne me tentait pas. Terrorisme, Irak, prisonnier de guerre, C.I.A ? Non merci. J'avais l'impression qu'il s'agissait d'une énième série incompréhensible et chiante, pro-américaine et totalement foireuse. Mais, à voir les mines complètement fascinées de mes parents, scotchés devant leur télé tous les Jeudis soirs, je me suis dit que peut être, Homeland méritait un petit visionnage.

Dès le pilote, ça envoie du lourd (je sais, mon langage est fleuri). Pas à proprement parler mais les enjeux sont lancés, et la grande question arrive : Brody est-il un terroriste ? Question qui hante toute la première saison et qui n'est pas totalement élucidée. Pour éviter de spoiler, je ne donnerai pas mon avis là dessus. Concrètement, il ne se passe pas grand chose dans Homeland. Il y a beaucoup de scènes de tergiversations, de réunions, de disputes entre Carrie et ses supérieurs, de repas de famille etc. Les indices sont semés à petite dose, à chaque épisode. Néanmoins, on ne s'ennuie jamais et ces salauds de scénaristes ont bien compris comment nous faire appuyer compulsivement sur la touche menu de notre télécommande, pour, les yeux brillants et le souffle haletant, se lancer dans l'épisode suivant. J'ai quand même regardé la première saison (12x45/50 minutes) en 3 jours, c'est dire à quel point c'est addictif.

C'est crédible, réaliste, bien filmé, rythmé pile comme il faut. Du point de vue technique, c'est impeccable. Ajoutez à cela un scénario plein de rebondissements, parfaitement logique, pas trop tordu pour le moment. Chaque fin d'épisode comprend un petite chute qui vous donne envie de voir le suivant. Tout est savamment calculé pour vous rendre accro et vous transformer en être presque autant paranoïaque que les personnages de la série. Après Homeland, on va se coucher en se rongeant les ongles, en se tournant 90 fois dans son lit, avec plusieurs questions qui nous brûlent les lèvres : "quel est le problème de Carrie ?" ou "Brody est-il un terroriste?????".

Mais ce qui est génial dans Homeland, ce sont les personnages et les acteurs qui les incarnent. Claire Danes, à part le fait qu'elle possède un délicieux prénom, est absolument merveilleuse. Elle incarne parfaitement cette femme complètement timbrée, à la fois ultra flippante et en même temps tellement clairvoyante. Évidemment, on sympathise énormément avec Carrie, on se fait un sang d'encre pour elle. Il faut dire que vie plus pourrie que la sienne, tu meurs. Bon, Claire Danes est géniale, ça c'est fait. Damian Lewis est également magistral. On a envie de détester son personnage (surtout dans le dernier épisode, mais passons) et en même temps, impossible de ne pas avoir de l'empathie pour lui. Il arrive à faire passer un nombre incroyable d'émotions. Leurs deux personnages sont incroyablement complexes et ambivalents, d'une profondeur assez inhabituelle dans une série télé.

Ce qui est très agréable dans Homeland, c'est que en tant que spectateur, on a vraiment l'impression de participer à la série (ou c'est juste moi, et dans ce cas là, je suis folle). Nous aussi, comme Carrie, sommes de vrais voyeurs au début de la saison. On cherche, comme elle, tous les petits détails qui laisseraient à penser que Brody a été "turned" (excusez moi, je la fais à l'américaine). Pire, on surpasse parfois notre Carrie préférée. SPOILER On sait avant elle Brody s'est converti à l'islam, qu'il a connu Issa et l'a aimé, qu'il veut venger sa mort, qu'il avait prévu de se faire sauter dans un bunker avec nombre de politiciens. FIN DU SPOILER. C'est tout de même carrément jouissif de voir Carrie découvrir par elle-même ce qui nous a été directement donné. C'est un peu le procédé Columbo, vous voyez. Ma comparaison vaut ce qu'elle vaut.

Sinon, Homeland me fait bien rire quant à la vision qu'elle donne de la société américaine. Et ce n'est pas la seule série à faire ça, loin de là. 70% du temps, la femme de Brody est montrée en train de cuisiner, faire la lessive ou laver les plats. Parfois, elle s'émancipe un peu, sort de sa cuisine et...fait les courses ! Waouh ! Cette pauvre Jessica devrait dire fuck à son mari et arrêter de jouer à la boniche, si vous voulez mon avis. Je dis "fuck" parce que je reste dans l'esprit de la série, où Carrie dit un peu près sans arrêt "Holy fuck". On entend également des centaines de "Christ", "Jisuuus Chriaaast", ce qui est nettement plus chic qu'un simple "putain". Bref, on en apprend un petit peu sur la société américaine et à quel point elle peut être conventionnelle. Oui, c'est une série, oui, c'est déformé, mais il y a forcément une part de vérité dans le rôle qui est attribué à la femme, ménagère obéissante et dévouée face à son mari marine et viril qui ne pense qu'à la défense de son territoire. Je préfère Carrie, elle au moins, elle est badass.

Tout ça pour dire que si le thème vous intéresse un minimum, si vous avez du temps à dévouer à une série, si vous n'avez pas peur de finir insomniaque, FILEZ REGARDER HOMELAND. Ceci est un ordre. Je pourrais tout à fait vous mettre sous surveillance et vérifier que vous regardez bien la série...


(EDIT : la saison 2 est juste HALLUCINANTE. Je pensais que la première saison avait atteint un niveau inégalable. La saison 2 prouve le contraire. C'est encore plus rythmé, plus fou, plein de tension et de suspense. Quant au final de la saison, n'en parlons pas, je ne vais jamais m'en remettre. Je ne peux que vous recommander cette série. Ne vous laissez pas avoir par vos préjugés sur le sujet de Homeland, lancez vous !)