I'm Alan Partridge
7.5
I'm Alan Partridge

Série BBC Two (1997)

Chef-d’œuvre du chef-d’œuvre, une leçon de comédie

Alan (Steve Coogan) a quitté Londres, lui et sa rancune se sont installés à Radio Norwich où il anime la nuit son émission et occasionnellement un quizz basé sur l’histoire militaire pour une chaîne du câble. Il habite à l’année dans un hôtel entre Londres et le Norfolk, on ne sait jamais si un besoin urgent d’animateur se fait sentir à la BBC… Alan n’a quand même pas tout perdu puisqu’il est secondé par la douce et bonne pâte Lynn (Felicity Montagu). La seule à le traiter avec déférence. A l’hôtel l’ambiance est bancale. La directrice (Barbara Durkin) sort ses plus beaux sourires et tente d’être la plus accommodante possible mais les deux nouvelles recrues ne semblent pas vouloir épargner Alan de ses innombrables bides. Heureusement il peut toujours compter sur Michael (Simon Greenall), un homme simple hanté par ses souvenirs de l’armée. Alan se fait bananer souvent, il s’engueule avec tout le monde mais Alan s’en fout, il sait qu’il aura le dernier rire.


Je vous avez déjà vanté l’excellence de Knowing Me, Knowing You with Alan Partridge, on va désormais passer un niveau supérieur. Plus de sublime, place au GE-NIE. Oui du génie ! Du génie dans les détails, les seconds rôles, la cohérence, l’interprétation, les dialogues et Steve Coogan (<3).


Alan a cette faculté surprenante de rebondir. Si lui rêve toujours de retourner sur le petit écran et de signer ce foutu contrat pour une saison 2 de Knowing Me, Knowing You with Alan Partridge, le spectateur s’étonnera de sa capacité à rester au micro d’une radio, si locale soit-elle. Rassurez-vous, Alan est toujours incapable de mener une conversation à bien, de saisir les fines plaisanteries et finit souvent par s’embrouiller avec l’auditeur. Ses vaines tentatives se soldent par des débats sur les conséquences d’un jet d’eau bouillante sur un nid de guêpes ou le classement des Lords (of the Ring ou Riverdance). Certes quelques propositions continuent d’arriver comme celle d’un réalisateur de pub (Simon Pegg) ou les programmateurs d’une chaîne irlandaise (Arthur Mathews et Graham Linehan). Lors de la 1ère saison Alan est surtout charger de meubler la nuit de Radio Norwich façon horloge parlante. Rien de plus simple, sauf lorsqu’on passe la main au présentateur suivant à coup d’allusions privées. Alan n’envisage sa vie professionnelle qu’à travers le prisme de l’affrontement, pensant que l’attente est un mérite suffisant et la flatterie, même grossière, paye.


Entre deux propositions foireuses Alan tente de maintenir un semblant de vie sociale. Il a cette façon très enfantine de gérer sa vie privée qui contraste avec le tyran qu’il peut être au travail. Comme avec ce fabuleux Michael à l’accent grandiose, la seule véritable personne avec qui Alan aime discuter, jusqu’à développer un sentiment de possession :


Alan a un ami. Cet ami a d’autres amis. Alan est jaloux. Alan n’a plus d’ami. L’ami revient. Alan demande « Can we make friends ». Alan a 47 ans et il est seul.


Et lorsqu’il pense être à deux doigts d’une nouvelle et gratifiante amitié Alan est … comment dire… persistant ? https://www.youtube.com/watch?v=NwW3ytid4DA


Mais attention, Alan fait l’amour. Avec Sonja, une ukrainienne attentionnée et complétement conne. Heureusement pour son égo Alan peut se prévaloir d’avoir une femme bien plus jeune que lui. « Cashback » comme il le dit si bien…


L’écriture est un sommet de finesse rarement atteint dans une sitcom. Grandement aidée en cela par l’éblouissante performance de Steve Coogan. Alan Partridge est un grand et beau personnage. Capable de fournir autant de mimiques, de répliques cultes, de running gags tout en se permettant de construire un portrait complexe de l’homme. Le visuel est indissociable du dialogue, I’m Alan Partridge ne serait pas parfait si chaque geste, chaque détails ne correspondaient pas à Alan. Savamment pensé Partridge est une source infinie de gags qui le nourrissent sans pour autant l’enfermer dans une description définitive. Car on ne sait pas vraiment ce qui anime Alan. Un égo sans limite, une absence totale de jugement critique ou une vraie méchanceté ? Il est ridicule, il est pathétique mais sans vraiment en souffrir, les scénaristes parviennent à attendrir le spectateur sans que l’empathie ne parasite le rire. Cette vidéo combine tous ce que l’humour peut offrir. Un comédien parfait (la chute du fauteuil à 2’10), des trouvailles visuelles excellentes (la table balançoire mérite de la coordination, 2’25), un dialogue efficace, des jeux de mots et une imitation inappropriée. Cette scène, une des meilleures de la série, résume parfaitement à quel point la comédie est un art à part entière, où lorsque les liens se forment, lorsque l’attention est portée sur la cohérence on obtient la perfection.


Créé et écrite par le fidèle trio composé de Peter Baynham, Armando Iannucci. Le casting des réguliers et apparitions éclaires est un clin d’œil à la nouvelle génération. Coogan évidemment, maîtrise son art comme personne, parvenant à sublimer la moindre banalité, de la grimace au récit d’un film de James Bond. A ses côtés Felicity Montagu campe une pauvre femme qui porterait physiquement les échecs d’Alan, si ce n’est ses petites victoires qu’elle remporte à l’insu de son patron furieux. Simon Greenall est la révélation, allant jusqu’à rivaliser avec Coogan, par maîtrise parfaite du rythme ses répliques sont désarmantes de simplicité et hautement déconcertantes. On ne compte plus les invités comme Peter Serafinowicz, l’excellent Stephen Mangan, le duo des créateurs-scénaristes Arthur Mathews et Graham Linehan (Father Ted, Black Books), Chris Morris, Simon Pegg, Rebecca Front, Julia Davis et bien sûr Rob Brydon, dont la présence permet à Alan de conclure avec panache la série.


Si vous ne devez voir qu’une seule sitcom dans votre vie, c’est celle-là. Magnifiquement interprétée et écrite. Une œuvre soignée dans ses moindres détails pour un portrait aussi touffu qu’hilarant d’un homme pathétique et touchant.


Quelques épisodes pour vous convaincre : To Kill a Mocking Alan (Avec Linehan, Mathews et le plus grand fan d’Alan), The Colour of Alan (le rdv autour de la table/porte et la soirée animé par un Alan au bord du malaise) ou Never Say Alan Again (Alan est jaloux des amis de Michael et tente un marathon James Bond).


Retrouvez sur mon blog un portrait/hommage à Steve Coogan - L'observateur obsessionnel https://dismoimedia.com/2016/10/20/portrait-de-steve-coogan-lobservateur-obsessionnel/


https://dismoimedia.wordpress.com/

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le 4 mars 2016

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