Inside No. 9
7.6
Inside No. 9

Série BBC Two (2014)

Inutile de passer par 4 chemins, disons-le d'office, Inside N°9 est la meilleure série anglaise de la décennie. Je sais bien qu'il y a matière à discussion car les anglais sont très au-dessus de tout le monde en Europe. Que Black Mirror a tutoyé les sommets lors des deux premières saisons, qu'il n'y aurait pas eu Veep sans The Thick of it, que beaucoup sont tombés en pâmoison devant Years and years, ou que Sherlock a raflé de nombreux prix et a contribué à stariser Benedict Cumberbacht. Mais il convient de rétablir la vérité. La série de Reece Shearsmith et Steve Pemberton domine tout ce petit monde gentiment, et sans trop forcer.


30 minutes inside


Devant les 4 saisons de ce programme de la BBC, on pense immanquablement à de prestigieux auteurs classiques : Edgar Poe, Hitchcock, Agatha Christie. Des artistes cruels, imaginatifs qui n'hésitaient jamais à mettre de l'humour dans leur noirceur et qui refusaient de se placer en autorité morale dans leur univers. Un sort malheureux s'abattant bien souvent sur leurs personnages.


Et c'est également la marque de fabrique de ce duo, qui s'était alors illustré dans des séries amusantes mais qui ne s'embarrassaient pas d’exigences aussi élevées. La Ligue des Gentlemen & Psychoville rappelaient un peu Little Britain, autre programme outrancier qui misait sur l'humour trash, les rires enregistrés agressifs, et les "catch phrases" (mécanismes comiques que Ricky Gervais a en horreur, mais dont on peut reconnaître l'efficacité). Toutes les facilités liées à ces séries ont été gommées dans ces épisodes qui ne dépassent jamais les 30 minutes.


Avec Inside N°9, le duo entre dans la cours des grands et signe des mini huis clos à l'humour noir qui innovent plus que bien des comédies d'1h30 U.S pleines de bons sentiments. Car les créateurs l'avouent, ils sont incapables de choisir entre l'humour et le drame. "À chaque fois qu'on écrit un scénario sombre, on a besoin de mettre des blagues dedans, sinon on a le sentiment que c'est incomplet". Le style est reconnaissable entre mille : C'est verbeux, précis, sanglant, le plus souvent avec un twist à la fin, et ça démontre systématiquement une réelle maîtrise de la narration.


Close to me.


Dans l'épisode 2 de la saison 1, "A quiet night in", deux cambrioleurs s'attaquent à un tableau d'art contemporain entièrement blanc chez un particulier très riche. Aucun mot n'est échangé durant l'épisode. C'est un bijou de mise en scène et de tension où les événements les plus inattendus trouvent une parfaite cohérence. Chaque épisode peut sembler familier ou redondant, mais ils constituent toujours des petites expériences scénaristiques brillantes.


Parmi les sommets on peut détacher : La couchette, Cold comfort (filmé uniquement à travers des web cam et des caméras de surveillance), Tom and Gerri, Bernie Clifton's Dressing Room (mon préféré), Once remove (avec sa construction à la Memento), The 12 Days of Christine (au montage poignant), Sardines (on pense évidemment au clip de Cure, Close to me), Tous valent la peine d'être vus et célébrés.


Si la série est aussi brillante ce n'est pas uniquement en raison de l'écriture incisive. Il faut mettre en lumière les performances incroyables de ces deux acteurs qui charbonnent dans les rôles les plus farfelus qu'on puisse imaginer. Deux caméléons avec un sens de l'observation ultra développé qui appartiennent à la race des Vittorio Gassman, Michel Serrault et autres Peter Sellers. Des types capables de faire rire sans le moindre complexe à l'aide de blagues potaches, de foutre les jetons ou d'émouvoir sans pathos. Ces palettes ultra étendues donnent une imprévisibilité remarquable à la série. Surtout que ces personnages très travaillés sont abandonnés à jamais une fois l'épisode en boite (c'est de l'anti Copycomic par excellence).


La nouvelle saison débarque cette semaine, et c'est une bonne raison pour prendre le train en marche (dans la voiture 9 évidemment).

Negreanu
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures séries de 2023

Créée

le 2 févr. 2020

Critique lue 764 fois

10 j'aime

2 commentaires

Negreanu

Écrit par

Critique lue 764 fois

10
2

D'autres avis sur Inside No. 9

Inside No. 9
Pikatyr
9

Une comédie grinçante (critique sans spoiler)

Je n’aime pas les comédies. J’aime rire devant une série mais je suis, à de très rares exceptions près, incapable d’apprécier une œuvre dont le but principal, voire unique, est de me faire rire...

le 17 oct. 2014

12 j'aime

2

Inside No. 9
Negreanu
8

Neuf clos

Inutile de passer par 4 chemins, disons-le d'office, Inside N°9 est la meilleure série anglaise de la décennie. Je sais bien qu'il y a matière à discussion car les anglais sont très au-dessus de tout...

le 2 févr. 2020

10 j'aime

2

Inside No. 9
Cocolicot
7

Au numéro 9...

Bienvenue au n°9. Quel n°9? Peu importe! L'appartement au premier étage de cet immeuble, le manoir au 9 de cette sombre impasse, le wagon-lit n°9 de ce train. Ou peut être, qui peut savoir, le n°9 de...

le 23 sept. 2016

10 j'aime

10

Du même critique

The White Lotus
Negreanu
7

The tanned

Saison 1 :Voilà une série qui n'a pas fait grand bruit à sa sortie et qui est pourtant riche d'une écriture assez unique. En cette période de disette, où toutes les séries sont standardisées,...

le 14 déc. 2022

36 j'aime

3

The Outsider
Negreanu
4

Et si The Outsider était la nouvelle arme des américains pour faire chier nos jeunes ?

Un meurtre d'enfant aussi sauvage que sordide, des preuves accablantes qui incriminent contre toute attente un citoyen respectable d'une paisible bourgade (elles le sont toutes là plupart du temps...

le 10 mars 2020

29 j'aime

6

Mort à 2020
Negreanu
2

Death to "Death to 2020".

Charlie Brooker n'y est plus. Les deux dernières saisons de Black Mirror le laissaient présager, mais son faux docu sur 2020 pour Netflix est le plus souvent consternant et confirme la mauvaise passe...

le 6 janv. 2021

25 j'aime

10