Inventing Anna
5.8
Inventing Anna

Série Netflix (2022)

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Anna Delvey ou l'art (peu subtil) de répondre à la question :
HOW TO MAKE IT IN AMERICA ? : " FAKE IT UNTIL YOU MAKE IT".


Expression un peu trop prise au pied de la lettre par cette jeune manipulatrice de haut-vol, qui - véritablement convaincue de sa supériorité - va entourlouper avec une aisance déconcertante les élites new-yorkaises et mener grand train à leurs frais ... et à leurs dépens !


Après Jordan Belfort dans les années 80 (Le Loup de Wall Street) ou le plus récent Bernard Madoff, les spéculateurs new-yorkais auraient dû tirer des leçons de vigilance face à ces escrocs financiers qui ont mis Wall Street à genoux. Pourtant, la leçon ne semble pas retenue, puisque la jeune Anna Delvey (en réalité Anna Sorokin), parvient à infiltrer le milieu très élitiste de la haute société new-yorkaise.


Inventing Anna raconte en 9 épisodes, l'ascension puis la chute de cette jeune femme qui se dit héritière d'une fortune de 60 millions de dollars. Adoptant tous les codes de la haute-société (vêtements de luxe, vie dans de prestigieux hôtels, vacances 5 étoiles ...), Anna parvient, avec un talent remarquable, à embobiner des hommes d'affaires pourtant expérimentés, afin qu'ils l'aident à contracter un prêt de 40 millions.


Portée par la talentueuse Julia Garner - qui incarne à la perfection ce mélange d'arrogance et de suffisance qui donnent littéralement envie de lui donner des baffes - Inventing Anna se révèle à certains égards assez catchy, bien que décevante par moments.


CAPTIVANTE / CATCHY :


-> Incroyable de voir l'aisance avec laquelle cette jeune femme parvient à se créer une biographie prestigieuse, lui ouvrant les portes de la high society et ce, sans que personne ne se méfie !


-> Incroyable également sa capacité pathologique au mensonge, qu'elle semble peu ou prou bien gérer. Mentir à ses "amis" et leur emprunter de grosses sommes d'argent en sachant qu'elle ne les remboursera pas ? No problem. Vivre dans des hôtels de luxe à plusieurs milliers de dollars la nuit en feignant d'attendre un transfert de fonds depuis l'Europe pour apurer ses dettes ? No problem. Le mensonge est sa seconde nature et ce qui fait son identité.


-> La série dénonce bien le système vicié des personnes qui gravitent autour d'Anna. Oui Anna est une arnaqueuse et cela leur a été dommageable, mais tels des papillons de nuit attirés par les lumières, ces gens ont avant tout été attirés et intéressés par cette jeune femme, parce qu'elle représentait quelque chose d'essentiel pour eux : un retour sur investissement et de juteux bénéfices à venir. Cette vision non manichéenne et nuancée des choses m'a particulièrement marquée. Finalement, Anna n'a fait que parler leur langage, celui de l'argent et du profit.


-> La série retranscrit bien le comportement psychopathique d'Anna, qui répète à l'envi qu'elle n'est pas n'importe qui (elle croit vraiment à sa supériorité et son appartenance à une caste), n'hésite pas à manipuler les gens pour parvenir à ses fins sans aucun état d'âme et retourne la situation à son avantage, en blâmant violemment les personnes qui lui feraient l'affront de lui demander de rembourser les sommes qu'elle n'a jamais payées. Elle est prête à écraser quiconque mettrait à mal son projet grandiloquent et narcissique de création de sa fondation.


-> Le dernier épisode du procès montre heureusement le côté pathétique d'Anna (faisons tomber les masques), qui se rêve en vedette des médias et qui réclame des vêtements de couturier pour être à son avantage durant toute la tenue de son procès. L'apparence avant tout. Le vernis, toujours le vernis, quelle tristesse que cette soif inassouvie de superficialité !


DECEVANTE / AGACANTE :


-> Le parti-pris de raconter l'histoire d'Anna Delvey par le prisme d'une enquête journalistique est une bonne idée en soi. Sauf qu'Anna Chlumsky (qui incarne la journaliste en charge de l'enquête sur cette escroqueuse) en fait des tonnes, surjoue tout et j'ai littéralement eu envie de la baffer. Personne ne pouvait lui dire de faire preuve de nuances dans son jeu ?


-> Ah oui, on en parle de Shonda Rhimes ? Seigneur, la série sent le Shondaland à 8000 km ! Tel un mauvais épisode de Grey's Anatomy, on voit la mécanique scénaristique très codifiée avec des effets de style et un montage qui font par moments série bas de gamme. Sans mentionner que la Shonda ne s'est pas foulée niveau casting : elle est tranquillement allée piocher dans le vivier d'acteurs de Grey's, pour incarner des personnages secondaires (le père de Meredith, la mère de Meredith pour les connaisseurs).


-> J'ai eu la désagréable impression que par moments, la série encensait plus qu'elle ne dénonçait, le comportement malsain d'Anna. Le montage des séquences, la musique entraînante pouvant laisser à penser que ces façons d'agir : perverses, narcissiques, mensongères sont une façon fun et même enviable d'appréhender la vie.


BREF, une petite série Netflix sympa, qui a le mérite d'être divertissante et catchy, et qui vous fera passer un bon moment. Véritable carton d'audience sur Netflix, Inventing Anna reste quand même loin du coup de maître que fut par exemple Le Jeu de la Dame

Glaminette
6
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le 11 mars 2022

Critique lue 343 fois

9 j'aime

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Glaminette

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