L'Autre Monde
7.6
L'Autre Monde

Anime (mangas) WOWOW (1999)

Shuwa, notre héros au grand cœur, est d'une naïveté grotesque, d'un optimisme insupportable, il porte en lui une foi inébranlable en l'être humain. En tentant de sauver une étrange fille aux cheveux gris cendrés et au regard d'un bleu abyssal, il se retrouve catapulté dans un monde à l'agonie, dont on ne sait pas très bien s'il s'agit d'un monde parallèle ou du futur de notre planète. Seule sa témérité et la pureté de son cœur pourront le sortir de ce mauvais pas.
Autant dire que le héros est fortement antipathique dès le début, et si l'on ne m'avait pas conseillé cette série, il aurait suffit à me convaincre de passer à autre chose.

Seule une poignée d'humains vivent encore dans le monde désertique de "Now and Then, Here and There". Le méchant Hamdo, maître de la citadelle d'Helliwood, est animé par une soif de pouvoir inextinguible. Il épuise les dernières ressources naturelles et humaines de la planète, n'hésitant pas à détruire ce qu'il ne peut contrôler. Psychologiquement instable, il endosse tour à tour les personnalités de dirigeant paternaliste, enfant capricieux, dangereux paranoïaque, séducteur, et bien d'autres encore...
Une obsession hante les délire du tyran. Le village de Zarzibar, caché quelque part dans le désert, est le dernier obstacle à sa domination totale.

Le moins qu'on puisse dire c'est que l'intrigue manque d'originalité. Les personnages principaux sont caricaturaux voire purement utilitaires. Alors que reste-t-il ?

Tout d'abord de la violence. Beaucoup de violence.
On assiste à l'enrôlement de force d'enfants-soldats, à des scènes d'ultra-violence à la pelle, physique mais aussi psychologique, de la torture, des viols d'enfants plus ou moins suggérés, et tout cela est accepté par la majorité des personnages comme normal, inévitable, ou du moins comme un mal nécessaire, voire comme la moins pire des alternatives.
Mais contrairement à d'autres séries, comme par exemple Evangelion qui contient les même éléments, dans NTHT toute la responsabilité de cette violence est reportée par un système de délégation pyramidale sur le méchant Hamdo. Et puisqu'on nous donne un responsable à haïr, toute cette violence se retrouve catalysée, édulcorée et désamorcée, tandis qu'Evangelion nous laisse face à nous-même comme seul responsable. Dans NTHT, la violence a avant tout un but illustratif.

Car outre la psychologie d'Hamdo, la série s'attache à décrire de façon très précise les mécanismes de l'obéissance, en particulier chez les enfants soldats. On nous montre de façon détaillée comment leurs croyances,leurs aspirations, leur conditionnement, leurs espoirs ou au contraire leur désespoir sont utilisés pour les faire non seulement obéir, mais adhérer à ce qu'ils font.
Les modes de résistance sont également abordés, notamment dans le village de Zarzibar, mais de façon beaucoup plus succincte, et moins détaillée que dans par exemple un film comme Pompoko.
Beaucoup de personnages dans NTHT ont avant tout une valeur symbolique. Notamment, si le personnage de Shuwa est si caricatural, c'est parce qu'il symbolise la nécessité de conserver un espoir, même s'il parait enfantin et dérisoire face au cynisme et au nihilisme totalitaires.
On trouvera de nombreux autres symboles dans la série. Un chat mort par exemple. Comme le suggère son titre anglais, c'est dans le parallèle entre le monde d'Hamdo et le notre que réside l'intérêt de la série.

Malgré une intrigue écolo peu originale qui semble un peu pompée sur celle de Nausicaä, et la faiblesse de certains personnages, le scénario est prenant et riche en rebondissements. Les graphismes à l'ancienne sont très réussis, et l'animation est de bonne qualité.
Le doublage en français n'est pas extraordinaire, mais je trouve que Vincent Violette sort du lot, restituant efficacement l'instabilité d'Hamdo en déployant toute une palette de voix très différentes.

Pour peu que vous arriviez à supporter Shuwa, vous devriez prendre plaisir à regarder cette série, qui s'illustre à la fois par une aventure passionnante et par un propos pertinent. Alors n'hésitez pas, mais sachez à quoi vous attendre.
Anthelix
7
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le 28 sept. 2011

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