Lazy Company
6.9
Lazy Company

Série OCS (2013)

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Euh, si j'peux m'permettre Lieutenant, j'suis d'accord avec Hitler...

Je crois que si je n’avais jamais lu les magazines d’informations gratuits de ma région, je ne serais jamais tombée sur cette série. Parce que c’est bien grâce à un mensuel que j’ai découvert qu’une série créée par des personnes de ma région (le Centre, pour les infâmes curieux), et avec le soutien de cette dernière, existait (vous la sentez la branlette bien fière ?). Quand en plus, j’ai appris que cette série comptait Alban Lenoir parmi ses acteurs principaux, je n’ai pas réfléchi plus longtemps et l'ai regardée.
Résultat ? J’ai englouti les trois saisons de Lazy Company en deux jours.
Mon constat ? Il est juste en-dessous.


Les séries comiques françaises, y en a des pleines brouettes, suffit d’allumer sa télévision en soirée pour s’en rendre compte. Côté qualitatif par contre, c’est pas vraiment ça. D’une part parce qu’elles sont là pour brasser le plus de monde possible, et pour cela, elles vont uniquement dans le sens du spectateur, quitte à ne pas se renouveler, même pas au bout du 529ème épisode. Ça, les créateurs de Lazy Company, à savoir Samuel Bodin et Alexandre Philip, l’ont bien compris. C’est pour ça que seulement après quelques épisodes passés, ils n’hésitent pas à changer radicalement de ton pour mener leur scénario à bien, quitte à faire des victimes, non seulement du côté des téléspectateurs, mais aussi du côté de leurs personnages. Et croyez-moi qu’on s’attache très vite à ces derniers.
Quelques acteurs mis à part, que l’on n’a pas non plus vus dans de grandes productions, la plupart des têtes que nous apercevons dans toute la série, sont inconnues. Et ils sont loin d’apparaître comme des débutants puisqu’ils s’en sortent très bien, en cela, la direction et vraiment bien foutue, tout comme l’écriture des personnages qui est limpide, mais pas dénuée d’intérêt ni de sérieux. Après tout, les quatre personnages principaux, ceux qui forment la Lazy Company, sont des abrutis complets : le sergent/lieutenant Chester conduit ses troupes dans les maladresses en ayant la particularité de marcher sur des mines, le caporal Niels pense surtout à se faire des petites françaises, Slice sort d’un hôpital psychiatrique et est en fait une femme, quant au soldat Henry, il fait figure de bon élève qui va vite devenir un bourreau des cœurs français. Et généralement, les abrutis, ce sont les plus attachants, non ? Je vous citerai Forrest Gump ou encore Perceval et Karadoc (Kaamelott) comme exemples.
Pour les accompagner, une galerie de personnages secondaires totalement sympa : un général autoritaire et gueulard, une résistante au fort accent campagnard, un kamikaze japonais s’étant quelques peu égaré dans les campagnes normandes, un médecin pas très doué, mais aussi des grandes figures (tristement) historiques : Hitler, Goebbels, De Gaulle, Churchill ou bien Einstein… Le meilleur personnage secondaire reste pour ma part, Le Patriot, une sorte de Captain America ridiculement puissant mais tellement marrant.
En fait, ce que je tiens à vous démontrer, en vous présentant tous ces personnages, c’est que l’écriture de ces derniers est hyper bien foutue, ils sont drôles, attachants et leurs actions sont comiques. Tout est décalé et drôle.


Ceci étant, comme je vous l’ai dit plus haut, les réalisateurs n’ont pas hésité à changer de ton dès la deuxième saison pour muter le tout en quelque chose de plus dramatique et sérieux, sans pour autant effacer totalement le côté drôle. Je dois dire que ça a bien fonctionné. Parce que ok, voir le personnage d’Alban Lenoir marcher sur une mine à chaque épisode c’est marrant, mais à la longue c’est chiant… Et ça, les réalisateurs ont bien senti qu’il fallait faire autre chose, et je peux dire qu’ils sont aussi à l’aise dans le comique que dans le dramatique. Pour nous le montrer, ils tuent des personnages auxquels on a pu s’attacher au préalable.
Vu comme ça, Lazy Company me fait penser en ces nombreux points à une série chère à mon cœur, Kaamelott. Pur produit français, qui passe de l’humour au drame en un claquement de doigts, qui réunit des abrutis complets pour les transformer en de véritables héros, qui peut tuer n’importe quel personnage (et ok, présence d’Alban Lenoir).
Alors certes, la Lazy Company prend une trame de fond historique, à savoir la seconde guerre mondiale et plus précisément, le débarquement des Alliés, mais la modifie à son bon-vouloir. N’essayez donc pas de voir une portée didactique, même infime à la série, puisqu’il n’y en a pas. C’est là que je parle de Quentin Tarantino, parce que le final m’a fait penser à Inglourious Basterds… Ce final clôt la série d’une très belle manière, rappelant que tout le monde peut être un héros, et dans autre niveau, nous montre qu’on peut commencer une série en se marrant franchement et la terminer avec tristesse.


Pour tuer Hitler, Niels se suicide en faisant exploser une grenade dans le zeppelin où ils se trouvent tous les deux.


Cependant, même si Lazy Company peut ressembler (de très loin) à quelques autres œuvres télévisuelles ou cinématographiques, sa patte reste profondément originale et fraîche. C’est ainsi que l’on aura un épisode quasiment entièrement musical, où les personnages vont chanter et danser, un peu à la manière des véritables comédies musicales. On aura aussi un épisode façon film muet en noir et blanc, mais aussi des épisodes avec des gens déguisés en père Noël, où l’on voit un lieutenant de l’armée américaine déguisé en bohème tripotant Hitler himself…
Ses dialogues ne dérogent pas à la règle et sont eux aussi, plutôt bien écrits, on a quelques savoureuses répliques, renforçant l’attachement que l’on a aux personnages.


Les images sont très belles (il me semble que la plupart des scènes d’extérieur ont bénéficié d’un décor naturel), le son est un peu criard des fois (mais ça doit venir de mon pc en fait…), et j’ai eu quelquefois du mal à comprendre ce que disait La Jeanne avec son accent campagnard ultra-prononcé. Par contre, bravo au générique d’une minute qui est vachement bien fait et un énorme chapeau à la bande son de l’ensemble de la série. Signée Jean-Sébastien Vermalle et Thomas Cappeau, elle a des sonorités très western et années 70. Et tout ça, contribue à effacer le manque de moyens : on n’y voit parfois que du feu.
Même si j’ai eu un peu de mal à rentrer dans Lazy Company, peut-être parce que je ne voyais pas grand-chose d’original au début, j’ai avalé tous ses épisodes en un week-end et regrette tellement que ce soit déjà fini. C’est pourquoi je vous recommande cette série, même si je reste convaincue qu’elle ne plaira pas à tout le monde et que je sais qu’elle n’est absolument pas parfaite, et loin d’être homogène (la saison 2 était la moins bonne selon moi).


Je crois que je chanterai « Les femmes, ça sert à rien, et le lieutenant Erika encore moins » pendant encore quelques jours…

Szagad
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le 3 avr. 2016

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