On se ferait pas un kem's plutôt ?

L'idée de départ, au potentiel redoutable, aurait pu accoucher d'une série culte : on se retrouve à la place avec une "netflixade" de plus, un truc qui ne va nulle part et ne dit jamais rien ; à ce titre, Netflix porte bien son nom, on est vraiment sur du "flick", ces films sans nom et sans caractère que l'on s'enfile en attendant que la pluie s'arrête.

Tout dans cette série sent la pose, à commencer par le personnage principal. Incarné par une actrice qui ne joue personne, mais prend la pose à chaque instant comme si les caméras étaient directement reliées à son compte Insta, la génie des échecs Beth Harmon aurait dû être magnétique, fascinante. Elle n'est, au final, rien. On ne comprend jamais ses motivations, c'est une sorte de poupée Barbie qui change d'attitude au gré des rencontres avec Ken ou des sorties shopping. Sa supposée addiction qui va et vient au gré du scénario n'a absolument aucun sens et n'est là que pour créer une tension complètement factice autour des capacités de l'héroïne.

La réalisation est aussi subtile et profonde que le jeu de son actrice principale : ça se passe dans les années 60 donc tout est sépia (?), mais nous n'avons pas juste un filtre sépia, non, on a l'impression que le monde était sépia à l'époque, les objets, les vêtements, les tapisseries... Ce doit être le filtre #vieux sur Insta. Les flashbacks sont eux teintés d'un filtre bleu (#mort sur Insta). Tout n'est pas raté visuellement, certains face-à-face autour du jeu d'échecs sont plutôt bien mis en scène (le petit "clic" du minuteur a un potentiel dingue sur le plan cinématographique), mais ce sont de rares moments de quasi-finesse cernés par des mammouths jeanpierrejeunesques qui barrissent "REGARDE COMMENT JE FILME BIEN".

Bref, je ne vais pas en faire des caisses : ami·es de la subtilité, ne vous laissez pas avoir par la note moyenne très élevée (j'imagine que quand on ne s'envoie que du Netflix en intraveineuse, ce truc devient soudainement du Kubrick). Fuyez en diagonale, pauvres fous !