Leonardo
6.7
Leonardo

Série Rai 1 (2021)

Un scénario digne d’un alchimiste hasardeux

Ce qui dérange dans la série Leonardo , c’est encore la volonté des scénaristes de broder des vérités autour du personnage de De Vinci. La jeune femme dont le peintre/inventeur s’éprend s’appelle Caterina, alors qu’il s’agit du prénom de la mère de Leonard De Vinci. De plus, l’artiste de la Renaissance n’a jamais fait de prison pour une présomption de meurtre dans son existence. On dirait que cette longue intrigue fil rouge est digne d’un « giallo » ( enquête policière) pour captiver un spectateur actuel sans mesurer l’incidence d’une telle proposition.Ainsi le personnage fictif de l’enquêteur ( même s’il est bien campé par Freddie Highmore) est celui qui dérange car il est factice et simplement là pour orchestrer une vision potentielle de la vie de De Vinci.Voilà comment on peut légitimement penser que les raccourcis du scénario de Leonardo sont dignes d’un alchimiste hasardeux. Pour le positif de la série, il s’agit bel et bien de l’atmosphère car on montre sans fards qu’un artiste était comme un mercenaire vendant ses services aux plus offrants. Les maisons Médicis, Sforza et Borgia sont ainsi montrées et assez justement comme des entités qui se sont attachées les services de Léonard de Vinci pour leur propre rayonnement et le congédiant du jour au lendemain car les projets pharaoniques demandés n’étaient pas réalisables. La vérité captée que De Vinci a ainsi réalisé par pure hasard des chefs d’œuvre comme une Cène du Christ à Milan ou la Joconde ( suite à des revers de fortune) est plutôt bonne. Leonardo a aussi le mérite de montrer qu’une vie d’artiste/inventeur/ingénieur n’était pas si confortable et qu’il fallait une volonté hors du commun pour s’accrocher, ne pas sombrer pour enfin avoir une once de satisfaction artistique. En tant que co-production mondiale, Leonardo parvient à fédérer des acteurs anglo-saxons, français et italiens ainsi que des techniciens internationaux. Un défi assez remarquable pour distribuer dans plusieurs langues la série. J’ai noté une seule petite maladresse quand Caterina lit une lettre de Léonardo écrite en anglais, alors qu’il aurait mieux fallu traduire l’italien par souci d’authenticité.Ce qui m’a aussi fait tiquer dans la relation Caterina di Cremona/Leonard de Vinci, c’est cette incompréhension de la muse face à l’artiste ( surtout quand elle lui dit à la fin: tu es l’homme le plus bizarre que j’ai rencontré) Caterina, même si elle est issue du peuple, paraît intelligente et apte à raisonner et elle devrait parfois comprendre mieux les élans de l’artiste et la finalité de son engagement artistique. En présentant Leonardo comme un génie incompris pour son amour bienfaisant et bienfaiteur pour Caterina, on aurait tendance à le rendre inaccessible et il est fort probable qu’un artiste de son calibre aurait pu transmettre quelques unes de ses visions à son inspiratrice. Au lieu de cela, Caterina reste une mère qui aura apprécié de vivre hors du commun des mortels mais pas vraiment pour avoir du recul sur son expérience. Je n’ai pas vraiment aimé cette façon de considérer la jeune femme qui aurait mérité une meilleure exposition.L’un dans l’autre, la qualité visuelle du spectacle l’emporte de nouveau sur le contenu « fourre-tout » et malhabile. Leonardo est donc à l’image des séries de cette décennie 2020 où l’emballage prévaut sur le contenu dramatique.Pas un ratage complet, mais un gâchis notable.

Specliseur
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le 23 févr. 2022

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