Les Boondocks
7.7
Les Boondocks

Série Adult Swim (2005)

South park, les simpsons, family guy, les séries animés américaines sont nombreuses, plus ou moins cultes, elles représentent la nouvelle génération de série politiquement incorrect. Pourtant, « The Boondocks » passe inaperçu en dehors des Etats-Unis, cette série étant sans aucun doute ce qui fait de mieux en matière d'œuvre subversive. Moins vulgaire que South park, plus engagée que les Simpsons, sans aucun doute une œuvre majeure de la culture américaine.

Le synopsis est très simple : Huey et Riley Freeman, et de leur grand-père Robert Freeman. Devenu riche, Robert Freeman décide de quitter Chicago pour une ville imaginaire dans le sud des États-Unis nommée Woodcrest. Ainsi Huey et Riley, vivant avec leur grand-père, quittent le ghetto de Chicago pour se retrouver dans une banlieue majoritairement blanche, riche et paisible.

Le titre en lui-même signifie « banlieue ennuyeuse », en rapport direct avec le changement d'univers pour les enfants qui viennent du ghetto. En 3 saisons, cette série a su se faire une place grâce à son ton critique et son univers unique. A la base, c'était un comics strip, Aaron McGruder dessinait quelques cases avec ses personnages et les publiait dans de nombreux journaux en 1997. Il publia 7 volumes. Puis il stoppa le strip au profit du dessin animé qui parut pour la première fois en 2005.

Le personnage principal et narrateur (voix-off), dans les épisodes, est Huey, qui est inspiré de Huey P. Newton, militant des Black Panthers. Jeune garçon allant à l'école primaire Edgard Hoover, il est persuadé que Jésus était noir, il est d'une maturité étonnante pour son âge. Futur militant, son regard sur la société et les rapports entre les blancs et les noirs est pessimiste et cynique.
Son frère Riley représente le stéréotype du jeune noir qui veut devenir Gangster à l'instar des rappeurs comme « Gangstalicious ». Quand au grand père, il a vu l'histoire des Etats-Unis et ses grands évènements, il argue à qui veut bien l'entendre que Malcolm X lui doit 5 dollars.

Le ton est totalement décalé, enchaînant entre épisode de pur divertissement et épisode engagés politiquement, le propos intrinsèque est toujours présent et interessant. L'idée même de la série était risqué, parler de la place des Afro-américains aux Etats-Unis et donner une vision des USA vu par des Afro-américains et non des blancs.
Le réalisme a été poussé au maximum ainsi le terme « nigga » est plus que courant, cela a provoqué aux Etats-Unis un bon petit scandale maison. McGruder s'est défendu en ces termes : "McGruder has defended the show's heavy use of the word "nigga" by arguing that the large-scale usage of the word provides the show with a level of realism, due to the word being commonly used in the everyday conversations of many African Americans."

(Traduction : McGruder a défendu l'utilisation importante du terme "negro" en insistant sur le fait que la grande utilisation de ce mot augmente le niveau de réalisme de la série, parce que ce terme est communément utilisé dans les conversations de tous les jours d'un grand nombre d'afro-américain. »)

Ainsi, tout au long de chacun des épisodes nous avons le droit à la vision de Huey et Riley qui du haut de leurs 10 ans n'ont pas un regard candide mais totalement désabusé comme l'est celui d'un enfant d'un quartier de chaud de Chicago. La série passe au vitriol tous les grands thèmes susceptibles de gêner l'Amérique des WASP. Ils attaquent le thème de la Religion, de la politique, des médias, du Hip-hop, d'Internet, la ségrégation et le racisme etc.... Bref tout les malaises de la société américaine. Les thèmes d'actualité sont moins abordés mais la saison 3 s'y intéresse via Obama entre autre. L'ambiance générale de la série est directement inspirée du Hip-Hop, le générique étant de Asheru (un rappeur Afro-Américain évidemment !). A noter, le grand nombres de références à la culture asiatique et à la shaw brothers, ce qui m'a tout de suite fait penser au wu-tang clan.

A la différence de south Park ou des simpsons qui critiquent sans jamais prendre une position claire, The Boondocks est engagé clairement en faveur des afro-Américains en dénonçant la situation des noires dans une société favorisant les blancs. Pourtant, cela n'empêche pas que dans tous les épisodes de McGruder, on retrouve de nombreuses critiques des noires et une utilisation des clichés qui montre toute l'absurdité des situations et des idées préconçues de la plupart des gens.

Du côté de l'animation, la série lorgne sur la japanimation, mais il est clair que la forme est présente pour servir le fond car tout repose sur les dialogues. Même si l'ont assiste à quelques combats qui ne sont pas sans rappeler samurai champloo ou cowboy bebop. La saison 3 a tout de même évoluée vers un style graphique plus travaillé et donc plus agréable à regarder.

Les références au cinéma et aux classiques sont Légion, s'inspirant de menace to society, de shinning, de l'exorciste, du silence des agneaux ou même d'halloween. Cette série fourmille de détail et de références cachées qui donnent envie de la revoir plusieurs fois pour en profiter au maximum.
Evidemment, aux Etats-Unis cette série a fait couler de l'encre, et a été interdite aux moins de 17 ans et au Quebec et au Canada, interdite au moins de 18 ans. Le nombre de ses détracteurs augmente de plus en plus, plusieurs épisodes étant été censuré, les créateurs de la série ont refusé l'utilisation de « bip » sur les mots dérangeants. La Black Entertainment Television étant régulièrement visée par The Boondocks, elle a plusieurs fois provoquée des scandales.

Militante, dérangeante, controversée, intelligente, cette série est sans aucun doute la série la plus mature et la plus aboutit aux Etats-Unis. Malgré les levers de boucliers et les scandales, la série garde le cap et se révèle toujours plus intéressante dans son regard sans concession de l'Amerique.
Corrosive et pratiquant l'autodérision, elle vous fera autant rire que réfléchir. Time magazine l'a élu 5ème dessin animé le plus controversé au monde.
CREAM
10
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le 22 avr. 2011

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CREAM

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