Une histoire de renaissance

Il y aurait beaucoup à dire sur cette mini-série : si sa promotion pour le grand public a été largement assurée par la présence au casting de Richard Madden (Game of Thrones) et de Dustin Hoffman, ce sont là les seules véritables ambitions commerciales des producteurs.

On s'aperçoit vite, en effet, que la série n'a pas pour prétention de dessiner une large fresque romanesque - encore que... - mais plutôt de proposer un genre de documentaire romancé sur la vie des Médicis au début du XVème siècle à Florence. L'idée d'être plus fidèle aux événements historiques était certes louable, mais aurait pu être beaucoup mieux exploitée sans devoir tomber dramatiquement dans un récit historique insipide qui manque clairement de conviction... Tout comme l'acteur principal, qui incarne Cosme de Médicis (le héros de l'histoire). Je n'ai personnellement rien contre Richard Madden, qui remplissait parfaitement son rôle dans GoT, mais je dois avouer qu'il est pour beaucoup dans la note mitigée que j'ai attribuée aux Médicis. On se serait pourtant attendus à découvrir un personnage énergique, charismatique, susceptible de passer par toute une palette d'émotions différentes au fur et à mesure que les épisodes et les événements s'enchaînent... Mais on se serait trompé : il n'en est rien. Richard Madden s'est cantonné à incarner un charmant jeune homme, froid, taciturne et renfermé, qui aurait certes pu être perçu comme mystérieux au début mais qui finit par sérieusement lasser. Son personnage devient rapidement inintéressant (une fois épuisée l'idée qu'il voulait être artiste mais a du faire face aux responsabilités qui lui incombaient vis-à-vis de sa famille), au profit d'autres figures dans la série, certaines très agaçantes (le fils de Cosme) ou bien moins importantes (son homme de main, Marco). Les intrigues politiques qui se déroulent à Florence et dans le reste de l'Italie en ce début de Renaissance auraient pu faire leur petit effet si les protagonistes qu'elles mettaient en avant n'étaient pas si manichéens. Tout ce qui a trait à la religion est assez mal exploité (tournant parfois au ridicule, d'ailleurs) ce qui est dommage pour une série dont l'ambition principale semble être de coller à une réalité historique. J'avais lu dans plusieurs critiques que les décors étaient exceptionnels et retraçaient très bien l'Italie de cette époque-là, mais je dois dire que là encore, je n'ai pas pu me laisser convaincre : on a certes quelques plans aériens de Florence, mais mis à part la cathédrale et le Dôme (sachant que des logiciels très perfectionnés permettent désormais des reconstitutions fabuleuses...), on est tout de même très souvent en intérieur ou dans les campagnes et vignobles (rien de très sorcier, donc). J'aimerais aussi ajouter que le format (50mn) de la série n'est pas vraiment adapté et que 40mn auraient largement suffi : les épisodes comportent pas mal de longueurs, voire quelques scènes inutiles (la musique était d'ailleurs particulièrement intrusive et poussée à plusieurs reprises, ce qui devient vite pénible au bout de presque 8h d'épisodes...)

J'ai tout de même noté quelques points positifs, comme l'importance du rôle des femmes qui est mise en avant avec le personnage de Contessina de Médicis (dont l'actrice mériterait d'être plus connue), l'un des seuls protagonistes réellement captivant. Pour une fois, le spectateur est face à une série historique qui se veut raisonnable en litres de sang versés et en scènes de sexe, même si c'est en général un combo gagnant dans le genre (on pense bien évidemment à Rome et aux Tudors). Il y a donc une certaine prise de risque dans ces choix scénaristiques qu'il faut tout de même mettre en avant, ou tout du moins une volonté de se démarquer des autres séries qui ont marqué le genre.

On retiendra des Médicis que c'est une énième série à prétention historique qui ne propose finalement qu'une Histoire parmi tant d'autres - à ceci près qu'il s'agit, cette fois-ci, d'une histoire de renaissance.