Comment on en est venu à la guerre de cent ans

Série en 6 épisodes que Claude Barma a mis en scène pour la télévision en 1972. C'est tiré de la saga du même nom de Maurice Druon.

Je ne l'avais pas vue à ce moment-là mais à l'occasion d'une rediffusion ultérieure (années 90). J'avais bien aimé et même, me souviens avoir été tenté par la suite romanesque de Maurice Druon. Là, je l'ai en DVD. J'apprécie toujours mais je recule encore devant l'énormité de la lecture …

Il s'agit d'Histoire. Une Histoire qui, je n'en doute pas un instant, repose sur des bases avérées. Je rectifie, sur des bases établies par certains historiens, dont on voit qu'elles sont aussi contestées par d'autres historiens … Et comme toujours, tous ces historiens ont sûrement tous raison. L'angle sous lequel on regarde le prisme …

L'Histoire démarre à la condamnation au bûcher du templier Jacques de Molay qui maudit le pape Clément, le roi Philippe le Bel et la royauté de France sur treize générations. Et ce qui est tout-à-fait intéressant, c'est que cette que cette malédiction va frapper juste les bonnes personnes dans les délais requis et conduire cette même Histoire au déclenchement de la guerre de cent ans.

Il y a au moins une vraie logique de l'histoire (avec un petit h, cette fois). Avec un personnage qui en devient le fil rouge dans la personne de Robert d'Artois, justement toujours habillé de rouge.

On peut vérifier d'ailleurs que non seulement les personnages historiques ont bien existé mais aussi qu'il n'y a pas de flagrantes contre-vérités modifiant le sens général de l'Histoire. Ensuite, on rentre dans le domaine de l'anecdote, susceptible de varier d'un historien à l'autre pour définir si x est bien mort de cette façon, à cause de manœuvres de y pour le compte de z.

Reconnaissons à Druon puis à Barma d'avoir construit des personnages tout-à-fait convaincants et passionnants à suivre.

La grande caractéristique de la quasi-totalité de ces personnages étant qu'ils sont tous assoiffés de pouvoir, prêts à toutes les compromissions ou arrangements ou turpitudes pour se maintenir au pouvoir ou s'enrichir (sur le dos des autres, bien entendu). Même les grands du clergé savent, avec talent, s'appuyer sur une foi (à déplacer les montagnes) pour justifier leur état ou quémander une petite (ou grande) promotion. Ici, il n'y a pas de petits profits. Que des grands.

Le sexe et la religion : voilà deux moteurs qui sous-tendent et justifient les actions pour parvenir ou se maintenir au pouvoir. Et c'est souvent que ces moteurs sont démarrés.

La mise en scène est très théâtrale et donne un cachet particulier à la série. Elle laisse une impression de factuel, d'authentique. Très peu de vues extérieures. Les personnages sont assez statiques. Tout se passe comme si les propos sont l'essentiel. On n'est pas vraiment dans un divertissement. Pas question d'être distrait par des chevauchées, des batailles ou des cérémonies grandioses.

Une voix off (Jean Desailly) grave et cérémonieuse à souhait, recadre régulièrement les contextes et conséquences.

Par contre, les costumes sont très travaillés. Ils respirent, là encore, l'authenticité.

Le casting est assuré par de nombreux acteurs qui ont fait une carrière au théâtre. Ça se sent à la diction, à la présence de l'acteur ou de l'actrice sur scène.

Parmi les acteurs, on note le tonitruant Jean Piat dans le rôle de Robert d'Artois (le fil rouge) qui est face à sa tante haïe Mahaut d'Artois interprétée pat une fielleuse (mais excellente) Hélène Duc.

Un personnage va traverser la série, indispensable et occulte, le banquier lombard Tolomei, présent partout en Europe et au courant de bien des choses en sous-main. Le rôle est tenu par un impérial Louis Seigner, tout en rondeur et en fermeté.

Et puis Georges Marchal en Philippe le Bel, Catherine Rouvel en la séduisante et vénéneuse Béatrice, Henri Virlogeux dans un machiavélique cardinal, malin comme un singe.

Sans oublier Geneviève Casile qui joue la frustrée Isabelle de France, reine d'Angleterre. Enfin, elle joue quand il le faut la vertueuse mais ne l'est pas toujours …

Au final, une série qui met en scène une page d'Histoire très trouble, des "puissants" plutôt abominables et des personnages passionnants à suivre. On ne s'y ennuie pas une seconde.

Juste un regret : les distributeurs du DVD auraient été inspirés de faire une remastérisation de l'image qui est digne des antiques cassettes vidéo.


JeanG55
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le 25 sept. 2023

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JeanG55

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