Love
6.5
Love

Série Netflix (2016)

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Netflix est désormais un vivier de nouvelles séries à découvrir, et Love de Judd Apatow, Paul Rust et Leslie Arfin aurait pu en faire partie. Mais le cynisme constant auquel nous sommes confrontés rend la série tout aussi antipathique que ses héros (trop) imparfaits.


Love explore la rencontre et l'idylle de deux trentenaires atypiques, loin des stéréotypes habituels des comédies romantiques : Gus (Paul Rust) est un loser sans caractère au physique difficile et Mickey (Gillian Jacobs) lutte contre ses addictions à l'alcool, au sexe et à l'impolitesse chronique. Le premier, tuteur à Hollywood pour enfants acteurs, ruine l'avenir de ceux-ci par son manque d'autorité manifeste, et la seconde fuit les lieux après être rentrée dans un véhicule parce qu'elle écrivait un texto. Ce type de comportement dure dix épisodes, et lorsque Gus et Mickey se font mutuellement subir leur incapacité manifeste à entretenir une intimité émotionnelle avec un autre être humain, nous devrions nous y attacher.


Le plus gros souci avec Love est pourtant l'impossibilité de créer de l'attachement pour ses personnages, et en particulier ses deux héros qui se révèlent dès le départ tout bonnement insupportables. A l'inverse d'un Girls (également produit par Apatow) qui met en avant les caprices et imperfections de ses héros avec affection, Love fait preuve d'un cynisme qui nous coupe de toute émotion. Si nous espérions voir une évolution se produire, excusant en partie leurs déviances et justifiant de continuer à nous intéresser à eux, la déception est au rendez-vous. L'écriture patine et les gags s'enchaînent sans créer l'ombre d'un sourire ou un semblant d'empathie : ils sont vraiment désespérants. Pire encore que sa compagne qui provoque un peu de pitié à la longue, Paul Rust rend son personnage franchement détestable, ajoutant peu à peu la malhonnêteté à la lâcheté.


Pourtant, tout n'est pas à blâmer dans cette nouvelle production de Judd Apatow : Love dessine le portrait acerbe d'une génération égocentrique, éternellement insatisfaite, en recherche permanente d'un Autre idéal, qui photographie son frigo vide pour le poster sur Instagram et subit les affres de la technologie lorsque celle-ci fait défaut (plus de réseau, donc pas de réponse dans la seconde, donc drame et inquiétude en quelques heures comme on n'en connaît qu'au 21è siècle). Au passage, Hollywood et ses travers en prennent également pour leur grade - avec une enfant star jouée par la fille même de Judd Apatow, comme c'est meta.


A force de faire du politiquement incorrect, Love nous fatigue et nous agace. De nombreuses critiques positives louent son réalisme, mais ce serait baisser les bras que d'affirmer une chose pareille. Un esprit provocateur dirait que seuls les célibataires chroniques et blasés y verront un reflet conforme à la réalité, mais nous préférons imaginer que ces protagonistes détestés de leurs scénaristes trouveront bientôt un nouveau souffle et un peu de véritable amour.

Filmosaure
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le 29 déc. 2016

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14 j'aime

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