Mme Maisel, série fabuleuse [Critique de la série, saison par saison]

Saison 1 :
Les deux ou trois premiers épisodes de la première saison de "The Marvelous Mrs Maisel" ont produit sur moi un effet inoubliable : comment était-ce possible que, en plain XXIè siècle, on puisse retrouver aussi clairement un peu de la magie de la comédie hollywoodienne des années 50 ? Oui, à ce point-là, oui, c'était bien cette même impression de bonheur, de jubilation, que je ressentais devant les comédies de Hawks, de Lubitsch, de Cukor... Bien sûr, ça n'a pas duré, ça ne s'est pas maintenu à ce niveau stratosphérique, et c'est peu à peu redescendu à un niveau - remarquable quand même - d'excellente sitcom. N'empêche que ça m'a touché comme ça, et pour ça, quoi que la série devienne par la suite, je l'aime.


Il y a des gens pour comparer "Mrs Maisel" à "Mad Men", soit pour en dire du mal, soit pour en dire du bien. Cette comparaison me paraît très superficielle, uniquement fondée sur l'aspect reconstitution soignée et convaincante d'une époque révolue : "Mad Men" est une série analytique, réaliste, politique même, alors que "Mrs Maisel" fonctionne sur le registre de l'énergie, de la comédie, de la fantasmagorie, et joue donc dans un tout autre registre. "Mrs Maisel" est avant tout un conte, une sorte de légende féministe, qui nous ravit en nous montrant le combat d'une femme sans peur et sans reproche, qui va tout envoyer valser (sa famille juive traditionnelle, son mari volage, son image de respectabilité) pour devenir une artiste. Rachel Brosnahan est sublime, elle pourrait être une Katherine Hepburn pour notre époque, si notre époque était encore intéressée dans ce genre de chose.


Tous les épisodes de cette première saison, je l'ai dit, n'ont pas la même qualité, mais la dernière partie est très convaincante, avec la rencontre de Midge avec Sophie (Jane Lynch, impressionnante !) et la révélation du gouffre nécessaire entre vie privée et image publique, puis l'accélération dramatique des événements dans la carrière de Midge.


[Critique écrite en 2022]


Saison 2 :
Inutile de répéter les louanges adressées à "la Fabuleuse Mme Maisel" lors de sa première saison, car on est bien en peine de souligner de quelconques différences de qualité dans cette seconde volée d'épisodes haut de gamme. En poursuivant dans le même registre, les scénaristes ouvrent la série sur des "ailleurs" (Paris, les Catskhills...) qui l'oxygènent et en renouvelle les enjeux de manière brillante. Et proposent une belle évolution à chacun des protagonistes, permettant d'éviter le surplace psychologique et le sentiment de redite. Certaines de ces évolutions sonnent parfois de manière forcée, artificielle (le retour de la mère au foyer après son escapade parisienne, la trajectoire auto-destructrice du père, le renversement général des situations dans un dernier épisode qui remet les pendules à zéro...), mais le plaisir reste total. Le point culminant de la saison est cette fois la formidable scène de découverte par son père du show de Mrs Maisel, mais il y a de la concurrence dans presque chacun des épisodes. Allez on embarque pour la troisième saison !


[Critique écrite en 2022]

EricDebarnot
8
Écrit par

Créée

le 6 mars 2022

Critique lue 550 fois

4 j'aime

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 550 fois

4

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