Neufs Meufs ? Bof, bof.

Bon, bon bon, je dois bien vous l'avouer, j'ai abordé cette mini-série avec une certaine curiosité que j'ai malheureusement troquée bien rapidement pour beaucoup de scepticisme.

Alors Neufs Meufs, c'est quoi ?
Très basiquement, et pour paraphraser le synopsis, on nous narre ici en neufs épisodes d'une dizaine de minutes chacun, des moments de vies de neufs femmes ayant comme seul point commun de résider dans le même immeuble parisien.
La lecture de ce pitch m'avait donné pas mal d'espoir, enjoué que j'étais par les souvenirs lointains me revenant d'excellents autres exercices du genre, tel que Bref ou la trop sous coté Ma Pire Angoisse.
La désillusion a cependant été rapide et assez brutale.
Avant toute chose, et pour être tout à fait honnête avec vous, la comparaison que je viens d'ébaucher ici est loin d'être très pertinente, Neufs Meufs étant structurellement et scénaristiquement totalement différentes de Bref et consœurs.
A l'inverse d'une narration qui suivrait un personnage central et ses péripéties dans l'immense joyeux bordel qu'est la vie (pardonnez moi cette envolée pseudo-lyrique), le parti pris est ici de mettre le focus sur neufs histoires différentes de femmes au travers d'un instantané "volé" de leur existence, dans la banalité singulière de leurs quotidiens respectifs.
Si l'exercice de style est intéressant, et il faut reconnaitre qu'il est très bien servi par un casting de qualité assez juste, voir touchant, dans l'interprétation, l'alchimie ne prend pas et le résultat reste malgré tout assez plat et décevant.

Parmi les réels défauts dont souffre Neufs meufs, il faut d'abord souligner le mauvais équilibrage entre narration et format, trop peu de choses se passant dans un épisode, qui tend à enfermer l'histoire dans une contemplation vite ennuyeuse laissant un gout de perplexité à chaque fin, pas aidé par l'absence de continuité entre épisodes et qui empêche l’émergence d'une réelle empathie pour ces femmes et leurs histoire.
De plus, je ne peux m’empêcher de penser que Neufs Meufs livre au final une vision très stéréotypée et idéalisée au travers d'un prisme très "Parisian style" des choses, qu'on retrouve tant dans dans les situations contées que dans l'esthétisme global.
Je ne sais absolument pas si c'est un parti pris assumé de la part d'Emma De Caunes ou si cela reflète réellement la perception de son quotidien mais les trames scénaristiques sont globalement assez convenues et entendues: la séparation de deux étrangers dans la ville de l'amour (épisode clairement sauvé par Philippe Katerine, merci à lui), l'étudiante racontant à son père son amour tourmenté avec son prof de fac (malgré un 'twist' assez anecdotique), ou encore une histoire de cul entre membres d'un groupe de trentenaires très très cliché.

Au final, tout cela laisse un certain gout d'inachevé et de vacuité en sortie du visionnage de l'intégralité des épisodes qui composent Neufs Meufs.

Entendons nous bien, malgré tout ce que j'ai pu écrire jusqu'ici, rien dans cette série n'est foncièrement mauvais.
Esthétiquement parlant, l'ensemble est assez joli, la réalisation plutôt léchée, le jeu et la direction d'acteurs sont convaincants mais au final, l’intérêt et le plaisir qu'on prend à regarder tout ça reste très limité et repose, de mon humble avis, peut être beaucoup trop sur l'identification du spectateurs aux situations/personnages (et je ne suis probablement pas le public cible haha).
Si vous avez une dizaine de minutes à combler dans votre journée (ou votre nuit hein, le sommeil étant une chose beaucoup trop sur-coté de nos jours), vous pouvez tout à fait picorer cette mini-série pour passer le temps mais n'en attendez pas foncièrement plus.