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Comme le montre si bien son générique, Orange is the new black est une série de personnages. Chaque visage photographié en gros plan nous annonce la spécificité des portraits à venir. Toutes ces femmes - nous sommes dans une prison féminine - dépassent leur stéréotype de base par une vérité humaine, une justesse naturelle très touchante. Les personnages se dévoilent au fur et à mesure, à travers des flashback - procédé qui pourrait être détestable mais auquel on s’habitue assez rapidement, ou lors de très bonnes scènettes (on se croirait plus au théâtre qu’au cinéma) variées et toujours portées par une écriture tragico-comique simple mais efficace. Le personnel n’est pas en reste face à cette horde de prisonnières, car c’est tout le système carcéral qui est mis en scène à travers ces personnages.


Celui ci s’organise comme une micro-société : les plus forts contre les plus faibles, les plus malins et sournois contre les plus hautains, les noirs contre les blancs, les latinos contre les russes, les nouveaux contre les anciens, les gardiens contre les inmates, la directrice contre l’argent, tout se mélange et la politique de la survie est reine, la mafia s’en nourrit. Tous les moyens sont bon à prendre pour s’accaparer un bout du pouvoir ou un simple carré de chocolat.
Pourtant, au delà des magouilles, des différences de peau ou de croyance, des actes de gentillesse sont encore possibles, de temps en temps. La prison est à l’image de la vie, en concentré. On y croise les vices et les vertus, la violence incompréhensible, le cancer et la peur de mourir, l’amour et le sexe (lesbien ou hétéro), la folie et son exclusion, l’addiction et où elle nous emmène, l’amitié et l’ennui, les petits plaisirs anodins...


Orange is the new black est une série fort sympathique, portées par des actrices et acteurs grandioses, qui n’a pas peur de la crudité des corps et des thèmes dont l’enfermement efface les tabous.


Prolongations : saison 3
épisode 1 : je commence l'épisode ne me souvenant pas trop des événements de l'an dernier - peu importe, car ce sont les personnages et non les faits qui comptent, nous l'avons dit précédemment. L'épisode débute en joie, dans les préparations d'une journée spéciale Fête des Mères. On retrouve une certaine sympathie dans cette prison, on en arrive presque à rêver d'être tranquille en prison soi-même, loin des raffuts de la société, parmi ces femmes qui sont maintenant connues et appréciées, chacune ayant son histoire et sa personnalité avec les défauts qui deviennent de nouveaux points d'attachement. On se dit : Orange is the New Black est une série pépère, distrayante, qui détend. Puis, les ennuis arrivent. L'alarme sonne. Les enfants de ces femmes incarcérées voient leurs mères s'allonger sur le sol, obéir à des gardes qui restent debout. Ils ne comprennent pas ce qui se passe, ils découvrent avec désarroi la prison, celle vers qui se tournait notre tendresse émue un instant auparavant. Non, Orange is the New Black n'est pas une série pépère. Peu importe l'illusion (on y reviendra), ces femmes n'ont plus la dignité d'être mères, n'ont plus la possibilité de l'être. (La piñata vide est en effet une métaphore de la vie de ces enfants.)
Puis, à cela, des scènes de dialogue fortes - comme Penntucky et son cimetière de bébés avortés, les flashback autour des relations maternelles (la mère folle-dingue de Healy), Morello chez l'esthéticienne et sa mythomanie augmentant pour couvrir son désespoir, la transexuelle qui donne des conseils "de papa" à son fiston...


Contrairement à Bob's Burger où je me pose la question de "quel est mon personnage préféré", ici se pose celle de "quel est le personnage le plus triste".
Ce premier épisode de saison nous permet des retrouvailles globales de l'univers de la série.


épisode 2 : NO MORE BULLSHIT (except from me) - je crois que le thème principal de cet épisode est l'illusion. Illusion que l'on détecte dans la particularité des bedbugs : l'invisibilité pose la question de la présence - est-ce que les insectes sont des les livres ou ailleurs ? est-ce que je me gratte à cause de mon imagination ou à cause d'une réelle piqûre ? Bref, la Fête des Mères fût l'illusion de la normalité carcérale, mais cela n'a pas duré longtemps.
Red, la russe, a tout compris. Elle ne veut pas d'illusion. Elle ne veut pas qu'on lui mente, même pour la rendre heureuse, elle veut la vérité, même si cette dernière fait souffrir (alors qu'en face, Pipper se pense gentille = conflit / oh, humanity...). Dîtes lui que son magasin a fait faillite !
L'ancien soldat, futur père, perd l'illusion qu'un avenir serein est possible avec Daya. Toute la partie chez le beau-père (ou père ?) de Daya propose un travail assez chouette sur la tension morale. Son flashback - sir, yes sir - reste encore une énigme, tout en donnant un nouvel aspect au personnage, un aspect surprenant d'ailleurs.
Le directeur de la prison perd l'illusion de son efficacité institutionnelle, dépassé par des mesures administratives sur lesquelles il ne détient aucun pouvoir.
Healy, terrible, perd l'illusion qu'il s'adresse à Red et se rend bien compte qu'il parle à une autre russe et qu'il parle d'un autre homme - je crois.
La relation entre Pipper et Alex ne parle que de ça, et la morale est que, chez certains, la perte d'illusions se transforme en sexe enragé.
Par ailleurs, Luscheck est charmant. (et Nicky aussi)

slowpress
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le 29 juin 2014

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slowpress

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