Parker Lewis ne perd jamais est le cas, extrêmement rare, de la série qui vieillit plus vite que ces téléspectateurs. On souffre tous du même soucis. On a adoré les deux premières saisons, et la troisième nous bouffe tellement le moral que la note que l'on attribue à cette série fait une chute vertigineuse. Je vais donc essayer de séparer ma critique en deux. Premièrement l'esprit Parker Lewis, et deuxièmement, les soucis lié à la troisième saison.
Mais avant toute chose, vous remarquerez que ma note est particulièrement élevé, la raison en est simple : je suis totalement fan de cette série ! J'ai enlevé un point car certains détails m'empêche de mettre le 10 de la perfection, des détails que même ma subjectivité ne peut nier. Pourtant, quand une série marque autant votre enfance et votre développement, vous ne pouvez nier que vous l'aimer. Parker Lewis a été, comme Bugs Bunny ou Jim Carrey, une de mes idoles de jeunesse (non, à part ça, je ne suis pas du tout fan des cartons).

L'esprit Parker Lewis ... Qu'est ce que c'est au juste ? Et bien, c'est avant tout un trio de pote, des amis prêts à tout pour s'entraider. Il nous faut un mec cool que tout le monde aime et qui a toujours une solution, c'est le héros, c'est Parker, et comme le titre le précise, il ne perd JAMAIS ! C'est le concept même, il trouve toujours une solution in extremist. Ensuite, il nous faudrait un rebelle bien rockeur, qui du coup, génère quelques soucis mais dont le coeur tendre arrivera à nous toucher, ça sera Mickey. Enfin, pour terminer, un geek qui arrivera à aider les amis grâce à ses facultés mentales sur-développés, en opposition totale avec ses capacités sociales, quasiment nulles (notons au passage que ça touche forcément le geek que je suis).
Ce trio de pote doit redoubler d'effort pour sécher les cours, réussir leurs contrôles (ce qui est difficile vu la première nécessité), éviter les heures de colles, fuir le caid du bahut et bien entendu ... séduire les filles ! Ha, les filles ! La moitié de la série est sur ce thème là, la séduction pure et dure sans lendemain, seul le plaisir éphémère de la drague adolescente plait à ces jeunes louveteaux.
Maintenant, la grande particularité de Parker Lewis c'est l’amoncellement de gag, visuels, de situations, de répétitions ... Il y a tous les types de comiques, mais le gags dans sa forme pure d'absurde est prioritaire, venant parfaitement de l'ambiance cartoonesque dont la série se veut la digne héritière. Et c'est réussit. On se poile à fond !
Allez, avouons le, qui n'a jamais rêvé d'être dans la bande de Parker ? Une bande qui se développe au fur et à mesure, avec ses amis et ses ennemis.
Grace Musso, la surgé', rivale direct de Parker elle garde une part de féminité et une envie de séduction, et c'est un moindre mal face à son némésis, le docteur Pankow, véritable incarnation de Mussolini en version proviseur. Ajoutez à ça un Kubiac, bruce épaisse au grand coeur, un Nick beau gosse aventurier apte à donner de bons conseils, un Frank Lemmer, adorateur de Nixon et doté de pouvoir vampirique, une Shelly Lewis, soeur du héros qui hésite entre le rôle de peste et d'adolescente incomprise, et vous obtenez une série géniale.
Un véritable univers qui séduit et que l'on adore, car tous les personnages ont un arrière-fond, une version plus profonde que ce que l'on croit. Les thèmes ne sont pas toujours si simple et ont réellement une complexité cachée.

Cependant, et c'est là ma grande critique, il y a une absence de critiques constructives. Le MAL est trop souvent désigné du doigt avec rigueur. Le gothisme c'est le mal ! Arrêter l'école, c'est le mal ! Mentir à ses parents, c'est le mal !
Heureusement de temps en temps on a une légère notion de développement supérieure, notamment vis à vis du sexe, fréquemment présent sous la forme de sous-entendue.
L'autre grand défaut de Parker Lewis est l'absence presque totale de connexion entre épisodes. Vous pouvez les regarder dans n'importe quel ordre, ça ira quand même ! On peut regretter l'absence de narration. Dans le même temps, certains éléments narratifs apparaissent montrant une évolution dans l'histoire. Jerry et Shelly notamment, mais cette carte est bien peu usée et c'est aussi un de mes grands regrets. Musso et Pankow aussi forment un couple dynamique. L'embauche de Mickey à l'Atlas (le restaurant/bar/café), le rendant adulte malgré sa désinvolture. Et enfin, et c'est le plus important, la rencontre avec Annie Sloan, la "vraie" petite-amie de Parker, qui apparait dans le 12ème épisode de la saison 2 (globalement la moitié de la série enfaite). On perd la chasse au fille à cause de cet élément ... Heureusement au détour de quelques aménagements scénaristique on arrivera à recréer le même genre d'ambiance que par le passé.


Or, une volonté de créer une historicité est à la base même de l'échec de Parker Lewis, saison 3 ... Adieu Nick, celui-ci s'en va (c'est le seul départ qui fut expliqué, l'absence de Pankow et Lemmer restant sans explications). Mickey prend un appart, ça aussi ça évolue. Brad Penny, un beau gosse assez violent, devient la bête noire de Parker et le frappe à chaque rencontre, créant non pas un comique de répétition (rien de drole dans ce geste) mais bien une temporalisation de leurs rencontres. Puis il y a Hank Kohler, le coach, qui va ajouter plus d'historicité en rachetant l'Atlas Diner. Dès le début il y a une mini-volonté d'être plus réaliste, même dans la ligne temporelle.
Malheureusement ce n'est pas tout. La saison 3 se cherche. Comme Parker dans le premier épisode de cette saison. On change de coupe de cheveux, on oublie les chemises horriblement moches qui étaient une marque de fabrique, Jerry ne porte plus son par-dessus. Non, on remet tout à jour ... Parker Lewis devient le nom de la série ... Sous-entendu : Désormais, Parker Lewis peut perdre.
On dit adieu aux éléments cartonnesques qui ne reviennent que sous la forme d'imaginaire, tel un regret à la fois des scénaristes et des spectateurs. Parker vieillit, il ne peut plus s'échapper grâce à des subterfuges de dessin-animé, il doit désormais faire face à la réalité, et nous aussi.
Pour autant, la série se cherche dans cette saison. Ca se voit déjà à l'hésitation sur le lieu central. D'abord le parc, puis le retour à l'école pour enfin revenir à l'Atlas, qui risque pourtant d'avoir trop encore la "présence de Nick" dans l'esprit des téléspectateurs. Au final, on ne sait pas vraiment sur quel pied danser. L'absence de lycée est cependant très préjudiciable, la série ayant même perdu la tension vis à vis de l'école qui la caractérisait. Le gros problème est que le rythme de croisière est obtenu, à mon sens, dans les derniers épisodes, où, même si ça a changé par rapport à la saison 2, on trouve de vrais intrigues, de vrais développements, de vrais problèmes. Certes, il faut dire adieu aux gags, mais quand même ? On peut regretter que ce sérieux n'ait pas été mieux compris dès le début de la saison 3 au lieu de nous bassiner avec Brad Penny, personnage avec un charisme totalement absent.
De plus, la saison 3 ne temporalise peut être pas encore assez. Nous avons une Musso mariée puis veuve, mais tout le monde s'en fiche. Nous avons un Hank qui est fou amoureux de Musso puis finit par tomber amoureux d'une autre femme et sort avec, mais pourtant dans l'épisode suivant, tout est oublié.
Les parents de Parker sont plus en avant aussi, assez bien utilisés au passage. Malheureusement dans le même temps on peut regretter que Mickey, travaillant et ayant un appartement, ne soit pas devenu l'homme responsable du groupe. Autre grand défaut, l'histoire Jerry-Shelly, encore plus absente dans cette saison que dans la première où elle n'avait même pas encore eut lieu.

Au final, l'ultime épisode, nous montrant la fin de l'Atlas, nous rappelle tous les bons moments passés avec Parker Lewis. Les personnages voyant de multiples flash-back, nous ne pouvons manquer de remarquer que 90% d'entre eux viennent d'avant la saison 3. Ce furent les moments magiques. Et pourtant, ça n'empêche pas l'Atlas de fermer... Comme la série de se terminer.
Pourquoi ? Parce que Parker n'a plus de solution, qu'il n'est "plus" qu'un ado normal. Parce que finalement, ses flash-backs nous montrent qu'en réalité, Parker Lewis n'aurait jamais dut arrêter de ne pas perdre.
mavhoc
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le 30 mai 2013

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mavhoc

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