D’ordinaire, les histoires de vampires et de gothic ladies au corset lacé ne sont pas ma tasse de thé. Trop souvent superficielles ou prévisibles. Cependant, si elles sont bien racontées et que les personnages s’emparent de moi jusqu’à hanter mes nuits, il faut le mentionner. Penny Dreadful est l’une des séries les plus marquantes de ces dernières années, dotée d’un univers esthétique raffiné et d’une actrice aussi envoûtée qu’ensorcelante, Eva Green.
Londres victorienne
Londres au XIXe siècle. Un ancien explorateur, Sir Malcolm (Timothy Dalton, ex James Bond, tout en retenue) tente de retrouver sa fille disparue. Son amie d’enfance, Vanessa Ives (Eva Green, Casino royale) aux talents de médium, veut l’y aider. Ensemble, ils recrutent un tireur d’élite, qui se produit dans des spectacles ambulants, Ethan (Josh Hartnett, Le dahlia noir). Avec sa dégaine de saltimbanque, le seul Américain de la bande offre un contraste amusant face aux Britanniques soumis aux convenances. Dans la première saison, Ethan semble cantonné au rôle de cow-boy amoureux d’une prostituée, mais la saison 2 lui offre une autre dimension et révèle son vrai visage. Penny Dreadful, diffusée sur Netflix, explore l’époque Victorienne, ses fastes et ses excès, ses crimes (les journaux parlent d’un Eventreur), sa culture, ses musées des horreurs et personnages de cire, ses monstres en choir et en os.
Imaginaire romanesque
Apparaissent d’autres personnages dont on prend plaisir à se rappeler l’origine romanesque, comme Dorian Gray (d’Oscar Wilde, 1890) éternellement jeune et beau (Reeve Carney). Le Docteur Victor Frankenstein (du roman de Mary Shelley, 1818) qui met au monde ses Créatures en utilisant des cadavres, vit reclus avec ses démons. Or il n’est pas le seul à lutter contre ses démons, en réalité, chaque personnage va devoir s’y atteler, comme le Conservateur d’un musée, capable de décrypter les messages du Malin… Tout le talent des scénaristes est de révéler les hantises de chaque protagoniste, dans la première et la deuxième saison, en progressant profondément dans la forêt de la psyché humaine… C’est cela qui fait de Penny Dreadful une fantastique série gothique : en frissonnant de plaisir, on s’attache vite aux histoires de ces âmes tourmentées, tiraillées, déterminées à survivre.
Grande prêtresse de l’occulte
Plus que les autres, Eva Green, alias Vanessa Ives, porte la série. Il est rare de trouver une actrice aussi possédée par son personnage, sous l’influence d’un charme diabolique, capable de passer d’un répertoire à l’autre, de jouer sur le fil de la tendresse, de l’empathie, de la passion. Une grande actrice, dans une grande série palpitante, qui vaut bien plus qu’un penny*!
*Autrefois, les « Penny dreadful » étaient des histoires macabres, vendues pour un penny.
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