Critique et images sur: https://branchesculture.com/2016/04/25/critique-serie-poldark-bbc/
On connaît l’engouement de nos voisins britanniques pour les fameux period drama, et après Downton Abbey, Wolf Hall, Outlander ou encore The Musketeers voila que Poldark a fait son apparition au printemps dernier sur la BBC One. Avec ce nouveau feuilleton, remake d’un grand succès télé des années 70, la chaîne publique anglaise nous livre une fresque historique de qualité, une de plus ! Encore inédite dans les pays francophones, on ne peut qu’espérer voir cette série débarquer sur nos écrans.
À la fin du XVIIème siècle, Ross Poldark revient, après avoir combattu lors de la guerre d’indépendance américaine, sur sa terre natale; les Cornouailles. Une triste réalité l’attend alors, feu son père ne lui ayant laissé que des dettes alors que sa bien-aimée, le croyant mort, a épousé son cousin et ami. Commence alors pour lui une lutte presque perdue d’avance mais dans laquelle il s’engagera corps et âme pour rebâtir l’empire minier de son père et ainsi donner du travail aux familles corniques laissées sans le sou après la fermeture de nombreuses mines de cuivre et d’étain. Cela sans compter ses ennemis sans pitié, les Warleggans, prêts à tout pour le faire tomber, ainsi qu’une rencontre qui bouleversera sa vie à tout jamais.
S’immerger dans la série Poldark, ce n’est pas seulement regarder une énième fresque historique, à dire vrai c’est bien plus que cela… Car cette nouvelle création de la BBC est ce que l’on peut appeler une série de qualité, admirable en de nombreux points. À commencer par cette réalisation lumineuse dans laquelle on se retrouve plongés dès les premières minutes. Les paysages corniques sont magnifiés, fascinants et mis en valeur d’une telle manière qu’ils se révèlent rapidement porteur d’une véritable invitation au voyage. Plus généralement, les décors sont tout bonnement remarquables et représentent parfaitement cette époque lointaine dans laquelle évoluent nos personnages.
Et justement, parlons-en de cette incroyable galerie de personnages si singuliers et attachants à la fois. Ils étaient sans aucun doute l’une des forces du roman original de Winston Graham ainsi que de la série dérivée apparue au cœur des années 70, cependant, cette fois ils prennent une dimension nouvelle, s’élevant bien au-dessus de leurs précédentes apparitions. Et si tous ces protagonistes s’avèrent si charismatiques c’est sans aucun doute grâce à l’incroyable casting portant la série.
Et s’il y a bien une actrice qui crève véritablement l’écran, c’est bien Eleanor Tomlinson, brillante interprète de Demelza, la servante de Ross Poldark. La jeune femme est absolument bluffante dans ce rôle qu’elle semble maîtriser à la perfection tout en faisant preuve d’un naturel rarement atteint. Ses yeux azurés transpercent le spectateur, son sourire est dévastateur et sa voix est tout juste magnifique, car oui, la demoiselle chante qui plus est et il faut bien avouer qu’elle est plutôt douée!
Et pour jouer le ténébreux Cap’tain Ross Poldark, il fallait dénicher un talent tout aussi mystérieux… C’est ainsi que le rôle est revenu à un acteur irlandais qui monte ; Aidan Turner. C’est acteur talentueux révélé par l’incroyable série à petit budget Being Human et vu plus récemment dans le rôle du nain Kili dans la trilogie du Hobbit. Outre sa binette angélique, il est clair que l’acteur était parfait pour le rôle. Son jeu est juste et le Ross qu’il nous livre est travaillé et tout en nuance, tantôt sensible, tantôt coléreux et violent, un personnage très complexe et profond qui n’est pas s’en rappelé le légendaire Heathcliff d’Emily Brönte. L’alchimie avec Eleanor Tomlinson est assez incroyable et séduit le spectateur dès les premiers balbutiements de leur relation.
Mais le reste du casting ne reste certainement pas en berne et les autres acteurs de la série sont, à la lumière des deux têtes d’affiche, tout aussi talentueux. Ruby Bentall en cousine éprise du mauvais gars, Heida Reed en amour de jeunesse désenchantée, Kyle Soller en cousin dépendant aux jeux d’argent, Jack Farthing en intriguant ennemi juré avec une mention spéciale à Phil Davis et Beatie Edney tous deux hilarants dans le rôle de Jud et Prudie Paynter ; on ne se lasse pas de leurs succulentes prises de bec.
Pour ce qui est du scénario, il est tout à fait à la hauteur de ce à quoi la chaîne britannique nous a habitués par le passé, bien ficelé et assez recherché il faut l’avouer, cette nouvelle adaptation de Poldark s’avère à la fois loyale au célèbre roman historique, mais également, et là réside la grande prouesse des showrunners, incroyablement fidèle à un public moderne. C’est pourquoi en regardant Poldark on ne peut qu’être inspiré par cette histoire qui de loin rappelle délicieusement les Hauts de Hurlevent ou même Jane Eyre. Vous l’aurez donc compris, les amateurs de drames historiques seront conquis !
Énorme succès en Angleterre, notons tout de même que la série reste exclusive en nos contrées, allez donc savoir pourquoi? Il ne nous reste plus qu’à espéré qu’elle débarque bientôt sur nos écrans ayant diablement besoin d’être rafraîchi. En attendant, après avoir captivé plus de 7 millions de téléspectateurs, la BBC a d’ores et déjà annoncé son renouvellement pour une saison deux alors qu’il se murmure que son acteur principal, Aidan Turner, aurait dès lors signé pour cinq saisons au total. Affaire à suivre donc…