Je me souviens vaguement de Raël lorsque j'étais gamin, moi qui regardais Goldorak je trouvais qu'il était tout même un peu moins sexy que Actarus pour venir nous délivrez un message de paix venu des étoiles. Puis en grandissant comme pour tout le monde (ou presque) c'était plus devenu un zigoto/mytho/rigolo objet de toutes les moqueries, puis après une lente mutation intellectuelle c'est devenu un type que je considérais comme un gourou un peu louche mais pas bien méchant avant que je l'oublie tout simplement.


Netflix remet le personnage en lumière avec une mini série de quatre épisodes nous raconter le destin assez extraordinaire de Claude Vaurhilon un type ordinaire qui est passé d'anonyme vaguement chanteur à grand ordonnateur et fondateur d'un courant de pensée internationale et patron d'une véritable multinationale continuant de récolter des fonds pour la construction d'une ambassade extra-terrestre sur terre. Peu importe ce que l'on pense de lui d'un point de vue morale ou éthique, Raël reste un personnage assez fascinant auquel le documentaire de Netflix offre un éclairage globalement assez intéressant.


Durant un peu plus de trois heures, Raël Le Dernier Prophète va donc revenir sur les grandes lignes du parcours de ce chef spirituel à travers de nombreuses images d'archives et en donnant largement la parole à des raëliens qu'ils soient toujours sympathisants du mouvement et donc plutôt bienveillants ou d'autres bien plus critiques. Cette équilibre fait que l'on a jamais vraiment la sensation de voir un documentaire à charge mais plutôt un éclairage contrasté et relativement diversifié sur le sujet. Même ce bon vieux Raël désormais exilé au Japon est de la partie pour un entretien malheureusement beaucoup trop court et sage à mon goût. Avant de revenir sur des aspects bien plus problématiques et condamnables je dois dire que je trouves encore et toujours le personnage étrangement fascinant, pas au point bien sûr de le suivre dans ces délires sectaires et cosmiques, mais dans sa dimension à la fois de gourou et d'homme d'affaires. Celui qui à ses débuts en 1971 chantait sous le pseudonyme de Claude Celler Sacré Sale Gueule comme une supplique pour qu'on l'apprécie aura construit en 50 ans un véritable empire internationale dont il reste une figure adulée par des adeptes aussi amoureux que dévoués. Et a priori il ne semble pas bien méchant ni bien dangereux prônant juste l'amour et la liberté dans des communautés un peu hippie flower power dans lesquels on chante à poil à la gloire des extra terrestres qui nous ont crées : les Elohims. Car que l'on croit ou pas à tout ce délire de cosmos, de prophète, de venue prochaine d'extra terrestres dans le fond le discours de Raël reste porté par une dynamique plutôt positive, en tout cas en rien belliqueuse ou agressive. En tout cas une communauté qui semble vivre dans l'amour et la fraternité tout en pensant que c'est une intelligence extra terrestre qui nous a créer ne me dérange pas beaucoup, quand bien même elle se regarde le trou de balle avec un miroir pour admirer la beauté de la création tout en s'interrogeant sur l’existence des trous noirs. Reste bien sûr à mesurer à quel point la liberté est réel, à quel point l'amour est consenti et à quel point les intentions même du gourou sont sincères et honnêtes.


Le documentaire va remettre bien sûr, et fort heureusement, toutes les polémiques qui sont venus entachées le mouvement Raëlien et son créateur lequel se défendra toujours dans un étonnant mélange d'humour, de décontraction et même d'intelligence. De l'extraordinaire coup de bluff publicitaire de la création d'un bébé cloné aux accusations d'actes pédophiles en passant par des pratiques proches du viol avec une conception assez élastique du consentement, les aspects purement sectaire du mouvement vont clairement venir ternir les blanches tenues de ce gourou, prophète et messager. Au début on se marre plutôt à l'écouter raconter son voyage chez les Eholim avec les écureuils roses à têtes d'oursons bleus et son dîner avec Bouddha, Mahomet, Moïse et Jésus qui lui apprend carrément qu'ils son frères. On sourit encore un peu devant son obsession de gourou à toujours vouloir mettre tout le monde à poil et se reluquer le trou de balle puis on finit par ne plus sourire du tout. Même si il s'en défendra, de manière aussi habile que honteuse d'ailleurs, en prétextant qu'il y en a partout c'est assez rugueux pour l'esprit de le voir sourire et pardonner au nom de l'amour et de la liberté des attouchements sur des mineurs. Le documentaire n'explore pas en profondeur cet aspect laissant un flou ambiguë pour savoir si effectivement quelques personnes ont profités des préceptes illuminés d'un gourou pour assouvir leurs penchants dégueulasse ou si c'était une pratique presque institutionnalisé au sein du groupe. La série préfère largement parler de toute cette histoire de clonage qui conduira tout de même Raël jusque devant le congrès américain et lui assurera une extraordinaire couverture médiatique mondiale et un bon coup de pub. Raël va également créer un ordre de bonnes sœurs poétiquement appelé les anges en choisissant de préférence de jolies jeunes femmes devant servir docilement leur maître y compris sexuellement avant de pouvoir entre autres choses coucher avec des Heolims lors de leur venue en 2035 (ça approche). Fatalement la notion de consentement devient un peu poreuse dès l'instant qu'il s'agît d'embrigadement et de domination psychologique, ces jeunes femmes se sont offertes à leur gourou vraisemblablement sans violence ni contrainte autre que l'emprise psychologique profonde qu'il exerçait sur elle. On regarde alors mi amusé mi horrifié quelques clips musicaux d'un érotisme un peu vulgaire dans lequel Raël se délecte d'avoir des dizaines de femmes soumises à sa disposition. Celui qui chantait sa sale gueule qui visiblement lui pesait est devenu au fil du temps un macro intersidérale aimé des plus jolies femmes. Le plus triste reste peut être quelques témoignages glaçants de personnes toujours aussi dévouées comme cette femme qui se retrouve la larmichette à l’œil en pensant au regard si beau et profond de son maître et qui s'interroge si elle vivra assez longtemps pour connaître un coït avec un être venu de l'espace. Dommage que le documentaire n'évoque pas quelques autres anecdotes croquignolettes comme ses liens supposés ou exacts (Avec lui on ne sait jamais) avec Mark Zukerberg ou Dieudonné tout deux désignés par Raël guides honoraires de l'humanité


Gourou, as du coup médiatique, escroc, mythomane, chanteur raté, obsédé sexuel, illuminé ou juste esprit brillant capable de manipuler des millions de personnes pour assouvir ses fantasmes de richesse, de reconnaissance, de gloire et de luxure Raël continue encore et toujours de prêché le même discours avec ce sourire un peu crispant qui semble dire "Je vous emmerde" et le plus triste c'est qu'il a encore de nombreux adeptes et serviteurs prompts à lui succéder.

freddyK
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le 2 mars 2024

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Freddy K

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