Entre acharnement thérapeutique et déni de réalité

L'année 2012 n'aura décidément pas été bonne pour les nouvelles séries nord-américaines. Certes, The Newsroom est une bonne surprise et pourrait sauver les meubles à côté de Girls, de la moyenne mais sympathique Continuum ou encore de Arrow qui se laisse passablement regarder. Mais à côté de la palette de nouveautés franchement quelconques comme Elementary ou The Mob Doctor, pas catastrophiques mais sans réel intérêt, et de la reine des arnaques Revolution, on ne peut s'empêcher d'avoir des regrets par rapport à 2011.

Revolution pose principalement deux problèmes, non seulement c'est vraiment très mauvais, mais en plus cela creuse encore plus profondément du côté de la série budgétaire à l'idée "cool et sympa" qui se casse franchement la gueule, pire que 7 à la maison chez les dinosaures de l'année précédente (aka. Terra Nova).

Sur ce second problème, on peut noter qu'il n'était pas complètement imprévisible. Les thèmes abordés par Revolution sont sensiblement délaissés par le public américain, comme les histoires de famille, l'univers post-apocalyptique, la science-fiction facile, le voyage initiatique, etc. Si l'on veut réussir à plaire avec ces thématiques dans ce début d'années 10, il ne faudra pas se contenter d'être moyen, et Revolution arrive carrément à se planter.

Contrairement à Person of Interest qui sans inventer le fil à couper le beurre propose au public une thématique plus actuelle autour de la technologie et de la paranoïa liée au 11 septembre également présente dans Homeland, Revolution joue sur des idées vues, revues et corrigées durant la décennie précédente. Cette forme d'acharnement à vouloir séduire ainsi encore aujourd'hui me laisse perplexe, le titre de la série ne restera donc que le titre.

Si ce n'était que ça, Revolution pourrait encore être tout à fait convenable en elle-même, simplement ringarde à l'instar de The Secret Circle qui s'est ratée en 2011 là où elle aurait mieux fonctionner aux côtés de Smallville, Buffy ou Charmed quelques années plus tôt. Mais Revolution n'avait visiblement pas envie de se contenter d'être dépassée. Revolution avait envie d'être une catastrophe.

Non contente d'être un ramassis de clichés thématiques, elle est un ramassis de clichés sur à peu près tous les plans du scénario. De l'univers aux personnages caricaturaux, sans relief, et dont l'interprétation n'aura rien de convaincante. L'héroïne est en effet plutôt insupportable et l'ensemble des autres acteurs sans la moindre implication réelle. Même Gus Fring a l'air de se demander ce qu'il fout là et surjoue carrément pour éviter l'ennui. Il est finalement difficile de leur en vouloir. Avec des personnages aussi peu intéressants et auxquels on ne peut réellement s'identifier, s'impliquer semble nettement plus difficile.

La narration est affreuse, dès le premier épisode, simple collage de séquences qui s'arrêtent quand elles ne devraient pas et semblent apparaître de manière plus hasardeuse que réfléchie. Regarder un épisode d'une traite tient presque du calvaire. Le cadrage est simplement quelconque mais le montage le massacre dès que l'épisode essaye d'être un peu plus dynamique. On se réjouït tout juste de ne pas avoir affaire à Greengrass ou Michael Bay pour nous coller des effets ridicules et grossiers.

Pourquoi nous raconter cette histoire minable ?
Pourquoi nous présenter des personnages à jeter dès le premier épisode ?
Pourquoi nous montrer ces affreux pseudo-rebondissements qui soit se sentent à des kilomètres, soit sont tellement crétins et dépassés qu'on n'ose pas les imaginer ?
Pourquoi ridiculiser davantage le tout avec ce montage au mieux plat, au pire complètement idiot ?
Pourquoi c'est juste pénible à suivre et même pas drôle ? Quitte à être nul, ça aurait pu au moins être dans un esprit nanar.

En résumé c'est catastrophique dans l'idée, dans l'esprit, dans le fond et dans la forme. Cela aurait mérité un 3 ou un 4 grand maximum il y a dix ans, en étant indulgent pour laisser place à l'amélioration, mais nous faire ce coup là en 2012 c'est tout simplement impardonnable.

Heureusement, 2013 s'annonce meilleure.