La fing justifie les moyengs

Le premier Anglais qui échoue au Japon avec un bateau armé, avec la mission secrète de couler tous les bateaux portugais qu'il peut, se retrouve un MacGuffin que s'arrachent diverses cliques à l'époque confuse qui précède la victoire de Tokugawa et la restauration du shogunat qui suit la bataille de Sekigahara.

Cette série est l'adaptation d'un roman de James Clavell, et passe après une première adaptation des années 1990. Je n'ai ni lu l'un, ni vu l'autre, donc je n'ai rien à dire en termes d'adaptation.

Les intrigues politiques sont fort complexes au début, puis se resserrent sur la fin, avec l'agréable surprise qu'au fonds il est beaucoup question de guerre, mais les choses se passent autrement (et ça arrange les chargés de production, visiblement). L'écriture est réussie : j'adore les séries reposant sur les problèmes de traduction, et la barrière linguistique entre l'Anglais et les Japonais est habilement utilisée (dommage que les Jésuites portugais s'expriment aussi dans la koinè mondiale, mais bref).

Un des aspects agréables aussi, c'est ce marchandage perpétuel sur ce qu'est l'honneur et la loyauté, avec des retournements de situation intéressants (quoiqu'un peu répétitifs à la longue). La série est à la bonne taille (dix épisodes d'une heure chacun), même s'il y a un ventre mou avant le bouquet final des trois derniers épisodes.

Le casting est largement japonais, mais l'acteur britannique s'en tire bien, en surjouant juste ce qu'il faut pour qu'on comprenne qu'il passe pour un barbare aux yeux de ces Japonais raffinés.

Après, c'est une série d'intrigues politiques à la Game of Thrones, avec le même goût pour le sordide monochrome, pour la violence sèche, pour le suspense reposant sur un bluff qui réussit ou un accident vraiment imprévisible, mais aussi pour un certain pathos un peu prévisible du "il-faut-survivre-coûte-que-coûte". ça, ça m'énerve un peu. On est un peu dans la monoforme que dénonce Peter Watkins.

Bref, ça se regarde sans déplaisir. Pas la révolution de l'année non plus. Merci à Sophie pour la découverte.