Peut-être est-il approprié qu’un anime aussi peu grandiloquent se finisse modestement et sans bruit. Tout au long de son existence, Gin no Saji aura été simple, universel et naturel. Devant sa consistance, devant l’aisance de sa narration, on pourrait vite oublier à quel point son éclat est une chose rare, une occurrence qu’on ne saurait trop apprécier et qui saura se faire manquer.
Gin no Saji est une série très franche dans son approche, et ne demande pas beaucoup d’informations pour l’appréhender. Basé sur un manga d’Hiromu Arakawa (Fullmetal Alchemist), elle raconte l’histoire d’un adolescent, Yugo Hachiken, qui décide de s’inscrire dans une école d’agriculture d’Hokkaido.
Le cadre scolaire est atypique mais le public pourra facilement trouver son quotidien insignifiant. Nous parlons d’un anime où la bouffe est un élément capital, où nous pleurons la perte d’un cochon, et où la scène la plus épique réside dans une simple course équestre. Mais sous ces petites choses se cachent des questions essentielles, de vraies réflexions comme les difficultés à saisir son futur ou à le concrétiser. Je parlais d’universalité, et Gin no Saji arrive à porter ses thèmes à merveille, nous montrant le passage à la vie adulte d’un personnage principal très réussi.
L’atmosphère agricole de Gin no Saji n’est certainement pas là pour faire joli et l’auteure, inspirée par son expérience personnelle, a mis un point d’honneur à recréer un cadre rural solide et réaliste. Par l’intermédiaire d’Hachiken, citadin dont l’ignorance en la matière frise l’aberrant durant le premier épisode, la série propose également de petites séances d’informations sur les animaux de la ferme et l’agriculture, ce qui donne un côté éducationnel, plus ou moins réussi et en tout cas jamais pesant. Plus percutant, Arakawa ne nous épargne pas les aspects les moins heureux de ce mode de vie : être champêtre n’est décidément pas très réjouissant par moments, même si en passant ça n’a pas empêché le ministère de l’Agriculture français de promouvoir le manga.
Gin no Saji a une vision très terre à terre sur le sujet, notamment en ce qui concerne le sort souvent cruel des animaux de ferme, ceux destinés à l’abattage mais pas seulement. Les réflexions sont là mais il n’est pas question de donner une quelconque morale, ou de remettre en question le système sur lequel nous nous nourrissons sans préoccupations. Au contraire, il s’agit ici pour Hachiken de s’adapter et d’accepter son environnement tel qu’il est. Une approche qui a des avantages comme des inconvénients, et qui a surtout le mérite de reconnaître ces problèmes sans tomber dans un sentimentalisme excessif.
Cependant, je ne voudrais pas donner une image trop sérieuse à cet anime. En effet, Gin no Saji se veut la plupart du temps optimiste et dilue ses dures réalités par des élèves pétillants d’énergie, ainsi qu’un humour léger, parfois délicieusement ironique, toujours bien placé. Dès le début nous sommes immergés dans le tourbillon scolaire de cette école d’agriculture où les activités s’enchaînent, animés par un excellent ensemble de personnages, qu’ils soient élèves, professeurs, adultes, vaches, chevaux, et autres.
En tant qu’adaptation, le résultat n’est pas mauvais mais pas de quoi crier au miracle lorsque l’on entend sa musique, même si j’aime beaucoup le premier ending, ou lorsque l’on regarde son animation. Pas mal de scènes du manga sont de plus ignorées et même si la série fait du bon boulot en ce qui concerne les moments les plus importants, il est quand même dommage de ne pas profiter de tout le contenu original.
Gin no Saji conjugue plusieurs thèmes avec talent et les rassemble tous pour développer le personnage d’Hachiken, qui au cours des 22 épisodes proposés, a déjà grandement évolué. Une très belle expérience de vie, même si loin d’être terminée.