Skins
6.9
Skins

Série E4 (2007)

Voir la série

Ne regardez cette série que si vous avez les idées larges...

Présentation de la série

Une explication liminaire : Le terme « Skins » (qui signifie « peaux ») ne fait référence à la nudité (on pourrait le penser tant on voit de corps nus dans cette série) mais est utilisé, en Grande-Bretagne, pour désigner le papier qui sert à confectionner les « joints » que les jeunes consomment allègrement.

L’action est censée se dérouler dans le milieu lycéen de Bristol. Elle met en scène une bande d’adolescents d’origines et de milieux très différents, et raconte très librement leurs histoires de sexe, leur consommation de drogue et d’alcool.

L’originalité de la série repose sur le fait que chaque épisode est vu à travers le regard d’un des personnages. Comme ils sont une dizaine, qui changent d’une saison sur l’autre, le spectateur est souvent désorienté et finit (ce qui a été mon cas) par se lasser, d’autant que les personnages des deux premières saisons, auxquels, malgré leurs turpitudes, on avait fini par s’attacher, disparaissent totalement dès la saison 3 pour être remplacés par de nouveaux venus.

Saison 1

Dans la première saison, le personnage principal, ou du moins celui autour duquel tous les autres gravitent, est Anthony « Tony » Stonem (Nicholas Hoult). C’est le « beau gosse » tête à claques de la saison, à qui tout réussit sans qu’il en foute une rame : gueule d’ange, sportif, doué, intelligent, il est aussi très bon élève. « Propre sur lui », il passe auprès des parents des autres élèves pour l’exemple à suivre alors qu’en réalité, il est sans aucun doute le plus dépravé de la bande. Manipulateur, totalement amoral, il joue de son charme pour coucher avec tout ce qui passe, que ce soient les filles ou les garçons.

Sa copine en titre est la belle Michelle Richardson (April Pearson). Elle est aussi bonne élève, et apparemment bien dans sa peau. Mais elle souffre du comportement de sa mère, une décoratricefriquée , qui passe d’un « mari » à un autre. Michelle est sincèrement amoureuse de Tony et, bien qu'elle sache qu'il la trompe allègrement, elle lui passe tout jusqu’au moment où elle n’en peut vraiment plus. Elle le laisse alors tomber et Tony, « sonné » se retrouve abandonné, non seulement par elle mais par tous ses copains qui ont tous des raisons de lui en vouloir. Michelle reviendra cependant vers lui lorsqu’il sera vraiment « dans la merde » et lui sauvera la mise.

Sidney « Sid » Jenkins (Mike Bailey) est le meilleur ami de Tony. Physiquement, il fait penser à Ron Wesley, le meilleur ami d’Harry Potter. C’est le "looser" du lycée, congénitalement désordonné, toujours en retard, mal fringué, mauvais élève car incapable de fixer son attention. Il est totalement fasciné par Tony qui en profite sans scrupules pour le faire tourner en bourrique à la moindre occasion. Sid désire secrètement Michelle, la copine de Tony, mais, lorsque celle-ci, pour se venger d’une énième infidélité de Tony, se propose à lui, il se rend compte qu’il a fantasmé sur elle et qu’elle ne sera jamais autre chose pour lui qu’une bonne copine. Lui aussi finira par lâcher Tony mais, lorsque celui-ci fera appel à lui, il viendra quand même pour lui sauver la peau.

Cassandra « Cassie » Ainsworth (Hannah Murray) est anorexique. D’une personnalité rêveuse et romantique, elle est "à part". Amoureuse de Sid qui ne voit que Michelle jusqu'au moment où, ayant compris qu’il ne l’aimait que parce qu’elle était la copine de Tony, il se tourne enfin vers Cassie.

Christopher « Chris » Miles (Joe Dempsie) : c’est le junkie de service, vidant les pharmacies et avalant tout ce qui passe à sa portée. C’est un garçon passablement immature (sauf sur le plan sexuel) mais attachant. En se levant un matin, il s’aperçoit que sa mère est partie sans laisser d’adresse. On comprend qu’il y a eu un drame dans la famille et que la mère ne s’est jamais remise du décès du frère de Chris dont on ne sait pas dans quelles circonstances il est mort. Chris est un gentil garçon et peut être extrêmement attentionné. C'est ce qui séduira son prof de philo qui, trahie par l'homme qu'elle aime, se consolera dans les bras de son élève. Malheureusement, alors qu'on commençait à apprécier Chris pour sa gentillesse et que lui-même semblait avoir trouvé la paix, il mourra subitement.

Jalander « Jal » Frazer (Larissa Wilson) est noire. C’est la meilleure amie de Michelle. Elle aussi très bonne élève, elle est une des rares à être sérieuse aussi bien dans ses études que dans sa vie personnelle. C’est aussi une clarinettiste douée qui désire plus que tout être reconnue par son père, un producteur de rap reconnu, qui méprise ce qu’elle fait. Sa mère a quitté le domicile conjugal et elle vit avec son père et ses deux frères qui se donnent des airs de petits durs mais n’en sont pas. Malgré son caractère sérieux, elle se laisse de temps en temps entraîner à fumer un joint ou picoler mais reste toujours raisonnable.

Max « Maxxie » Oliver (Mitch Hewer) est ouvertement gay. En dehors du lycée, il pratique la danse pour laquelle il est très doué. C’est un garçon beau, original, sympathique et généreux, d’une sensibilité à fleur de peau, désireux qu’on le reconnaisse pour ce qu’il est. Son meilleur ami est Anwar.

Anwar Kharral (Dev Patel) est un jeune paki (pakistanais) musulman pratiquant qui a du mal à concilier sa religion avec les attraits du monde occidental dans lequel il vit (la drogue, l’alcool et surtout les filles pour lesquelles il a une réelle fascination). Bien qu’il accepte parfaitement l’homosexualité de Maxxie, il a honte de le reconnaître devant sa famille, très traditionaliste. En fait, lorsqu’il l’apprendra, le père d’Anwar accueillera Maxxie avec beaucoup plus de chaleur que ne le feront d’autres parents de la troupe, a priori plus ouverts moralement.

Un autre personnage est à citer, même si son rôle est secondaire. Il s’agit de Josh Stock (Ben Lloyd Hugues), autre beau gosse qui, sous des aspects respectables, s’avèrera un dangereux psychopathe. Comme excuses, il a pour mère une parfaite folle, directrice d’une institution psychiatrique où est internée Cassie, qui ira jusqu’à enfermer arbitrairement Sid venu la chercher. Pour se venger de Tony, Josh enlèvera et droguera la petite sœur de Tony, Effy (Kaya Scodelario) qui, sous ses aspects de sainte-nitouche, est peut-être la plus perverse de tous.

Voilà pour les personnages principaux de cette première saison qui, à part Tony-le-beau-gosse qui sait se rendre si parfaitement odieux, sont tous, malgré leurs travers, charmants et attachants. Ce ne sont en fait que des ados déboussolés dans un monde qui ne tourne pas rond.

La saison 1 se terminait brutalement, c'est le moins qu'on puisse dire... Au moment où les choses semblaient s'arranger pour tous les protagonistes : Sid retrouvant Cassie, Effie sortant de l'hôpital sans (apparemment) garder de séquelles après l'overdose que lui avait infligée Josh, Tony se réconciliant avec Michelle à laquelle il avouait enfin qu'il l'aimait... Paf ! alors que Tony est sorti de la voiture et se trouve dans la rue pour dire par téléphone à Michelle qu'il l'aime, il se fait percuter par un bus et on le voit étendu sur le macadam, un filet de sang lui sortant de la bouche, sa sœur Effy en larmes à ses côtés.

Les réalisateurs auraient pu faire dans le drame et le pathos. C'était mal les connaître. Ils terminent cette 1ère saison en comédie musicale, faisant chanter les différents protagonistes (y compris le blessé - qui est peut-être même déjà mort, on n'en sait rien - allongé sur le sol). Tout le monde chante, y compris le chauffeur de bus. C'est une trouvaille assez surprenante et pour le moins osée qui, s'ajoutant à d'autres, est un des nombreux atouts de la série "Skins" qui, décidément, ne se prend pas aux sérieux bien qu'elle traite de sujets graves et par moments "limite".

Saison 2

On a bien entendu hâte de savoir ce qui est advenu de Tony auquel on a fini par s’attacher, même s’il s’est comporté tout au cours de la saison 1 comme une véritable ordure et qu’au fond, il n’a eu que ce qu’il méritait. Mais tout de même ! Cette 2ème saison est presqu'en totalité, du moins au début, axée (comme la 1ère d'ailleurs) sur son personnage. Mais ce n'est plus le Tony flamboyant des débuts : le beau gosse à qui tout réussit, sûr de lui et manipulateur que nous avons connu. Après son accident et plusieurs mois de coma, il est devenu un légume : il ne se souvient plus de rien, ni même du nom de ses amis les plus proches et il doit réapprendre tous les gestes (tenir une cuillère, un verre, etc. Il a besoin d'assistance pour tout, pour s'habiller, ou pour aller aux toilettes et... pire que tout pour un tel séducteur : il ne peut plus bander ! Curieusement, ses plus proches amis, Sid, bien qu'il l'ait veillé tout au long de son coma, et Michelle, à qui il avait déclaré son amour juste avant l'accident, se sont éloignés de lui. Après beaucoup de patience (on ne sait combien a duré sa convalescence), ses parents ont démissionné l'un après l'autre : le père s'est fait envoyer à l'étranger par sa boîte, la mère est tombée en dépression et la maison, auparavant si bien tenue, part à vau l'eau. Seule Effie, la petite sœur de Tony, dont on savait qu'elle l'aimait mais que l'on croyait trop superficielle, égoïste et froide pour être pour lui d'une aide quelconque, s'occupe de lui avec entêtement et essaie d'éviter que la demeure familiale ne devienne un dépotoir. Parmi ses anciens amis, seul Maxxie, qui n'avait jamais été très proche de lui avant l’accident (même s'ils avaient une fois couché ensemble, "pour voir), l'aide avec abnégation et sans arrière-pensée, essayant de lui redonner le goût de vivre. Les autres sont trop occupés avec leurs propres histoires pour se soucier du "has been" qu'est devenu Tony...

C’est, peut-être, la saison la plus réussie, la plus émouvante en tout cas mais on ne peut la comprendre que si on a suivi les péripéties de la première saison.

Saison 3

Ayant bien aimé les saisons 1 et 2, j'avais hâte de découvrir la saison 3 qui inaugurait une nouvelle génération d'acteurs. Mais quelle déception ! A part Effy et sa copine Pandora (semi débile qui intégrait Skins en fin de saison 2), et quelques adultes (le sous-directeur, les parents d'Effy), on ne retrouve aucun des autres personnages des deux saisons précédentes. Ayant beau le savoir et l'ayant a priori accepté puisque cela faisait partie du challenge que s'étaient fixé les scénaristes, je me serais attendu à tout le moins qu'on nous dise ce qu'étaient devenus les héros des saisons précédentes, au moins en ce qui concerne Tony, le propre frère d'Effy, qui semble avoir tout bonnement disparu du paysage.

parmi les nouveaux venus, à part Freddie (Luke Pasqualino), qui reste assez sympathique malgré sa garde-robe semblant tout droit sortir d’une benne à ordures, les nouveaux héros de cette saison sont sans le moindre intérêt, leurs histoires se résumant à fumer du hash, boire et baiser. Le pire étant James Cook 'Cook' qui, s'il concourait pour un championnat de bêtise et de vulgarité, obtiendrait à coup sûr le 1er prix.

On a beau savoir qu'il s'agit d'une satire de la société anglaise, on se demande comment le corps enseignant réagit devant la peinture que présente la série. Sans doute existe-t-il partout des directeurs ou des enseignants incompétents, à bout de nerfs, hystériques ou mal embouchés mais les pauvres élèves du lycée (heureusement fictif !) de Roundview, outre leurs propres problèmes comportementaux qui sont déjà gratinés, doivent faire face à tout cela cumulé. J'espère pour les sujets de sa Gracieuse majesté que le niveau de l'enseignement en Angleterre est tout de même un peu plus élevé que nous ne le présente "Skins".
Le terme "trash" que je jugeais uniquement fait pour attirer un public en mal de sensations lorsqu'il était appliqué à la 1ère saison est malheureusement parfaitement en adéquation avec cette 3ème saison qui n'est, à part vers la fin, que "trash" !

Les acteurs n'y sont pour rien mais les scénaristes, si ! Ils ont fait vraiment dans la facilité et le nauséabond, rendant leurs personnages tellement antipathiques et ridicules que l'on ne peut vraiment trouver aucun point positif à cette saison.

Je viens de terminer le visionnage des deux derniers disques. Les choses s'améliorent quelque peu et, lorsqu'on finit par faire la connaissance du père biologique (car il n'a été que cela, et encore) de Cook, on peut comprendre pourquoi son fils est ainsi. De même, la mère d'Effie, quand elle se confie à JJ, nous brosse un portrait très lucide de sa fille. Mais cela ne suffit tout de même pas à nous faire aimer les personnages.

Je trouve vraiment cette évolution détestable et je regrette le choix des scénaristes d'aller vers toujours plus de vulgarité et de facilité. Ils tenaient, avec leurs deux premières saisons, une matière qui aurait pu donner lieu à des développements tellement plus riches. Un véritable gâchis !

Mon opinion sur cette série

Un conseil, ne regardez cette série que si vous avez les idées larges. Ceci étant dit, Skins est une vision sans tabous d'une société malade, dont la jeunesse n'est pas pire qu'une autre : désorientée, sans repères (que ce soit du côté des parents ou des institutions), elle s'étourdit à travers toutes les expériences qui sont à sa portée (drogue, alccol, sexe) mais elle est attachante car elle cherche la stabilité et l'amour sincère.

La musique

La bande son, composée de rock et de pop, est en tout point remarquable et mériterait à elle seule de regarder la série.

Créée

le 4 oct. 2014

Modifiée

le 4 oct. 2014

Critique lue 3.2K fois

Roland Comte

Écrit par

Critique lue 3.2K fois

D'autres avis sur Skins

Skins
Narrator
1

Critique de Skins par Narrator

Skins saison 1 et 2,c'était montrer une jeunesse en crise, dans ce qu'elle a de pire, puis dans ce qu'elle a de meilleur. En désignant des cause (le père de sid, la directrice du lycée) comme les...

le 12 oct. 2010

61 j'aime

13

Skins
Babalou
8

"Doesn't anybody care ? "

Skins pourrait partir du mauvais pied avec un sujet aussi bateau que des ados en détresse qui noient la vacuité de leur existence dans l'alcool, les drogues et le sexe. Et en fait non. En fait, la...

le 3 mars 2012

36 j'aime

2

Skins
spud
9

Critique de Skins par spud

J'ai beau avoir 10 ans de trop pour faire partie du public ciblé, j'ai été bouleversée par cette série. Les scénaristes ont sans doute décidé de faire grimper les ventes de prozac mais peu importe,...

Par

le 7 mai 2010

13 j'aime

1

Du même critique

Sibyl
Roland_Comte
4

Brouillon et nombriliste

Sibyl (Virginie Efira), psychothérapeute, décide d’arrêter l’exercice de sa profession pour revenir à sa première passion : l'écriture. Néanmoins, alors qu’elle a annoncé à ses patients qu’elle...

le 26 mai 2019

11 j'aime

6

Les Enfants de Timpelbach
Roland_Comte
8

La république des enfants

Les critiques des revues ou des sites spécialisés sur le cinéma n’ont généralement pas épargné ce film, sans doute trop atypique pour eux, mais cela ne saurait me surprendre tant ils adorent pouvoir...

le 11 nov. 2023

9 j'aime

Et au milieu coule une rivière
Roland_Comte
9

Ne croyez pas qu'un film sur la pêche à la mouche soit forcément ennuyeux;

L'action se déroule dans le Montana, au début du XXème siècle. Le film est fidèle au livre, en grande partie autobiographique, de Norman Maclean : nés dans une famille presbytérienne du Montana, deux...

le 19 déc. 2014

8 j'aime