Slip
6.4
Slip

Série The Roku Channel (2023)

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Ça démarre au quart de tour, grâce à des saillies vraiment drôles entre l'héroïne et sa meilleure copine Gina ("shut your psychotic mouth!"), tout occupées à trouver nazes leurs existences respectives. L'une est tout droit sortie d'une chanson de Brassens (Quatre-vingt-quinze fois sur cent, la femme... ^^), l'autre sent son célibat commencer à lui peser sérieusement. En un épisode alléchant, un ton est donné : on est à New York, les femmes y sont les reines du monde de la sitcom, elles y vivent comme des nababettes dans des apparts qui feraient se ruer la moitié la plus pauvre de la planète sur un pays aussi péniblement nombriliste que les États-Unis, la culture y est érigée en idole toute-puissante, bref, ça donne envie de trainer un peu en compagnie de ces nénettes trentenaires à la tchatche diabolique ou au regard finement distancié, héritières de Friends, Sex and the City et Desperate Housewives. Survient l'événement qui donne son titre (si éloquent en français, pas vrai ?) à la série, intrigant : en trompant son mari, Mae se retrouve projetée dans un univers parallèle très semblable au sien où elle est mariée au gars qu'elle a culbuté par ennui. Et chaque orgasme va la projeter dans une réalité alternative où les données de son existences seront chamboulées. Sauf une : la persistance de son amitié avec Gina-la-mitraillette, tour-à-tour promeneuse de chiens ou fleuriste, mais toujours dans le portable de Mae à la première entrée. Jusque là, on est ferré. Sauf que ça finit par tourner en rond et qu'heureusement que la série ne compte que 7 épisodes, finalement. L'autrice semble chercher comment boucler cette drôle d'épopée interdimensionnelle et on ne coupe guère aux réflexions métaphysiques un peu grandiloquentes avant d'atterrir sur une fin relativement téléphonée. La morale est sauve, ces nantis déprimés finissent par se rendre compte du fait qu'ils passaient à côté de l'essentiel et qu'ils ne sont finalement pas si à plaindre que ça, une fois le filtre de l'égocentrisme correctement étrillé. On ne peut pas dire non plus que ça soit une révélation spirituelle à proprement parler, même si ça lorgne de ce côté-là. Mais bon, au moins ça cherche à décoller un peu. A la manière d'Orville, dans Bernard et Bianca, parfois. En résumé, pas si désagréable que ça, mais pas non plus formidable. L'autrice/réalisatrice/actrice se taille la part du lion, en étant quasiment de tous les plans, et ne fait pas mystère de son anatomie, ce qui finit par lasser un peu, il faut bien l'avouer, mais c'est ce qu'on pourrait appeler un bon début.

Créée

le 21 nov. 2023

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