Le monde sous le tapis

Cette mini-série raconte la vie hors du commun de Bernard Tapie, de ses débuts dans la chanson au milieu des années 1960 jusqu'à son emprisonnement en 1997 dans l'affaire VA-OM.

Il y avait de quoi redouter un biopic sur Tapie, lui-même en ayant rejeté le concept, ses proches n'ont pas été consultés, avec la menace d'un procès. Cependant, les deux auteurs, dont Tristan Séguéla (fils de Jacques, ami de Tapie), ont fait le choix intelligent d'en faire une histoire à l'américaine, où on imprime la légende, peu importe qu'elle soit réelle ou non. Ce qui explique que certains faits historiques ne soient pas à la bonne date, ou des éléments de la vie de Tapie ont été déplacés dans la chronologie du temps (comme son mariage avec Dominique qui a eu lieu en 1987 et non pas dans les années 1990 ou sa fille Sophie qui est déjà adolescente alors qu'elle devait être une enfant, ainsi qu'un de ses fils qui n'a pas le même prénom. Mais au fond, l'histoire de Bernard Tapie est là ; ses déboires avec la justice, son passage au ministère de la Ville, sa reprise (puis revente) de la société Wonder, et bien entendu la victoire de l'OM en Coupe d'Europe, dont les images m'émeuvent toujours en tant qu'ancien supporter.

Il faut dire que Laurent Lafitte, en plus de ressembler physiquement à Nanard, a un terrain de jeu rêvé pour un acteur, en faisant du personnage une grande gueule que rien n'arrête, inébranlable, qui n'hésite pas à ruer dans les brancards de la bienséance, car on sent le type qui est parti du bas, et qui va bouffer de la vache enragée pour accéder aux plus hauts sommets, et qui sait, tutoyer le pouvoir. Jusqu'à la fameuse affaire, qui concerne les deux derniers épisodes, dont un formidable face-à-face d'une trentaine de minutes où Tapie va défendre sa cause auprès du procureur Eric de Montgolfier, joué par l'excellent David Talbot, ce dernier étant montré au départ comme naïf, mais qui va peu se montrer offensif, voire persuasif au fur et à la mesure de la discussion, poussant le patron de l'OM dans ses retranchements, et dans la menace d'une peine de prison.

Même Laurent Lafitte écrase tout, il ne faut pas oublier de citer Joséphine Japy dans le rôle de sa deuxième épouse (dont le rôle a été grandement exagéré par rapport à la réalité), Samuel Labarthe en François Mitterrand, Patrick d'Assumçao son père, Camille Chamoux sa conseillère ou encore son mentor joué par Fabrice Luchini. Les sept épisodes, d'une durée entre 35 et 65 minutes, se dévorent à tout vitesse, c'est rythmé en diable. Même si ça n'est pas toujours juste au niveau de la véracité, c'est avant tout un terreau intéressant pour le personnage Tapie qui, qu'on n'aime ou pas, était hors du commun.