The Big Bang Theory
6.7
The Big Bang Theory

Série CBS (2007)

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Au commencement était le Sheldon.
Le Sheldon est un être à part, que l'on pourrait croire créé et non généré. Une preuve s'il en fallait : le Sheldon est asexué.
De nombreuses hypothèse courent sur la nature exacte du Sheldon. Personne n'a encore pu répondre aux montagnes de questions soulevées par son existence, mais cependant certains essaient de bâtir des système où le Sheldon trouverait sa juste place. A l'aide d'équations complexes pleines de lettres grecques, on a pu définir au moins un monde dans ce multivers où le Sheldon serait chez lui. Ainsi, un scientifique du Nebraska a publié une étude selon laquelle le Sheldon serait originaire de Vulcain. En effet, il est possible de voir en lui une version comique délirante de Spock. Le Sheldon semble dépourvu de sentiment et n'accorde d'intérêt qu'à son seul intellect, ce qui le distingue nettement de l'humain ordinaire, et surtout de l'Américain moyen. Tout ce qui pourrait constituer une attirance humaine est dédaigneusement évité par le Sheldon, à commencer par la compagnie d'une personne aimée. Aucun contact physique, aucune volonté d'entretenir la conversation, mais toujours la certitude de sa propre supériorité, des règles délirantes (qui vont de la position des personnages dans le salon commun à l'attitude à avoir en cas de morsure de zombie), une absence complète d'inhibition dans ses paroles (il dit tout ce qu'il pense comme il le pense, sans s'embarrasser de règles de bienséances sociales), le tout allié à des capacités physiques hors du commun (car très en-dessous du commun).
Cependant, il ne faut pas négliger, malgré tout cela, le potentiel émouvant du Sheldon. Suivant sûrement une croissance qui n'existe que sur sa planète d'origine, le Sheldon, bien qu'approchant la trentaine, est encore un enfant. Son esprit en témoigne bien, où s'allient des capacités intellectuelles extraordinaires avec des réactions de la plus grande puérilité.
Pour tenter de s'accoutumer aux mœurs terriennes, le Sheldon s'est laissé approcher par trois humains. Mais là aussi, on ne peut pas dire que cela soit représentatif du genre. Nous avons là trois scientifiques geeks, éternels célibataires, passant leur temps à lire des comics, faire des jeux vidéos ou des jeux de rôles, et à discuter de sujets... particuliers. L'un vit toujours chez sa mère, caricature de la légendaire « mère juive » ultra-possessive (j'avoue que c'est mon préféré parmi le quatuor) ; un autre ne peut prononcer le moindre mot dès qu'une femme se trouve dans la même pièce que lui (ce qui entraîne certains commentaires concernant ses orientations sexuelles). Enfin, le dernier, le plus « normal » en apparence, est lui aussi tyrannisé par une mère qui est visiblement de la même planète que le Sheldon.
En bref, rien de tout cela ne semble très propice à faire sortir le Sheldon de sa bulle protectrice.


C'est alors qu'apparaît Amy Farrah Fowler.
Elle est clairement conçue pour être une version féminine de Sheldon. Elle connaît les mêmes absences d'inhibition, la même prédominance accordée à l'esprit, la même absence de vie.
Mais la différence fondamentale, c'est qu'elle a conscience du décalage que cela lui procure par rapport aux humains, qu'elle en souffre et qu'elle voudrait corriger le tir. Elle cherche clairement à se sociabiliser, même si c'est, là aussi, en ayant le comportement d'une pré-pubère qui découvre la vie. C'est même là que le personnage est le plus touchant, dans ces rituels de jeunes filles qu'elle découvre à la trentaine : soirée pyjama, première épilation, etc.
En cela, Amy constitue un lien, un pont entre le Sheldon et l'humanité, et elle va l'amener progressivement vers un comportement que l'on pourrait qualifier de « normal ». Avec toutes les réserves que cela impose, partant du principe que l'on parle du Sheldon.
Le côté comique vient le plus souvent de la quête vaine d'Amy pour satisfaire ses envies sexuelles, alors que le Sheldon est non seulement dénué du moindre intérêt pour la matière, mais qu'il semble même en ignorer l'existence, observant le coït des autres avec une froideur toute vulcaine. Le décalage entre les deux personnages du couple est alors hilarant.
L'arrivée de personnages comme Amy Farrah Fowler a relancé de façon intelligente et drôle une série qui aurait pu s'enliser. Elle est émouvante et drôle, gentiment décalée. Et son actrice est tout aussi intéressante, puisqu'elle est réellement détentrice d'un doctorat en neuroscience et qu'elle mène de front sa double carrière d'actrice et de scientifique.

SanFelice
8
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le 24 juin 2018

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