The Future Diary
6.1
The Future Diary

Anime (mangas) CTC (JA) (2011)

Mirai Nikki, c'est cool. Et ce malgré son scénario débile, ses personnages plus stéréotypés tu meurs, ses situations absurdes, ses enjeux bizarres, son héros insupportable, son nawak ambiant... Qu'est ce que je disais, au début ?

Enfin, commençons par le commencement. Tout ça nous ramène en l'an de grâce 2012. J'étais jeune, j'osais sortir sans sac sur la tête, rien ne me faisait peur. Si j'avais su... Car dans l'ombre, impatient, m'attendait MON PREMIER ANIME !!! J'ai dû ne pas en voir plus de dix autres depuis, mais quand même, ça vaut bien l'emploi de MAJUSCULES ! Innocent, j'ignorais alors tout du fan-service, l'idée même de robots géants me paraissait parfaitement grotesque, et quelqu'un avec des cheveux roses ne pouvait pour moi que souffrir d'une grave affliction. Je ne me méfiais donc pas quand un ami entama le premier épisode et me convia au plus étrange des spectacles...

Nous faisons la connaissance de Yukiteru, un geek pleurnichard haï de tous. A un point tel que même si vous avez été vous aussi un geek pleurnichard haï de tous, vous voudrez quand même le baffer et vous moquer de lui. Le monde déteste Yukiteru, et le monde le lui rend bien, histoire d'être sûr que le message soit bien passé. Les seules personnes qui ne semblent pas le considérer comme une crotte de chien sous la chaussure de l'univers sont sa mère ( youhou ) et une étrange jeune fille, Yuno, aux cheveux roses et à la voix horripilante, qui semble s'intéresser au contenu de son pantalon et qui l'appelle "Yuukiiii". Ça n'a l'air de rien comme ça, mais prenez-vous 20 épisodes de Yuukiiii dans la tronche, et vous aurez l'impression de ne plus savoir dire que ça. Un jour comme les autres dans sa vie fade et inutile, il est soudain convoqué par... Dieu en personne !!! Dieu est un acarien géant habillé par le costumier de Lady Gaga, qui sent venir son heure dernière, et se cherche un successeur. Plutôt que de sélectionner la personne qui lui parait la plus sage et la plus apte, comme le ferait n'importe quel loser, le créateur, bien plus original, va faire son choix parmi des gens assez dingues pour entendre son appel et les forcer à s'entretuer pour léguer son trône au survivant. Pour cela, il leur donne à chacun un journal ( enfin, on dirait plus une gameboy/portable, mais chut ) capable de leur prédire l'avenir, de diverses façons. Yukiteru a ainsi son propre futur qui s'affiche à l'avance, mais pas assez à l'avance pour que ce soit utile, évidemment, et Yuno, qui est là aussi, peut lire le futur de Yuki. Ce qui est... assez inutile, c'est certain, mais voilà, quoi, ça ne semble pas la déranger.
Yukiteru doit donc se débarrasser de onze autres candidats, parmi la fine fleur des clichés associaux Japonais ! Pour cela, il ne dispose que de sa Mme Irma portable, dont le rôle est en général de dire "tout va bien" une fois que le danger est passé, d'un jeu de fléchette, dont j'ignore totalement pourquoi il le trimballe partout, et de Yuno elle-même, qui est folle amoureuse de lui pour... une raison, sans doute. Ah, et Yuno est accessoirement une machine à tuer psychopathe prête à découper tout ce qui s'approche de trop près de son Yuukiiii adoré. Très pratique contre les témoins de Jéhovah, moins pour développer une vie sociale. Voilà donc notre héroïne et ce tocard de Yukiteru face à leur destin, dans une ville ou rôde dix autres personnes qui sont convaincus que dieu est un pokémon qui les veut comme héritier. Est-ce que ce n'est pas le meilleur pitch du monde ?

Alors très clairement, au début, on ne regarde que pour cet aspect-là : le n'importe quoi, le risible, le cliché appliqués joyeusement et sans aucune honte. Comment résister ? Sans rire, qui ne voudrait pas voire une terroriste déguisée en cosplayeuse faire sauter un lycée puis s'enfuir en faisant surgir une moto de sous ses jupons en expliquant cela par le fait qu'elle possède le "journal de l'évasion" ? Qui ne voudrait pas voir une gamine de quatorze ans à l'anatomie d'une jeune femme de 18 attaquer ses ennemis à l'aide de toutes les armes disponibles et imaginable dans un festival d'hémoglobine ? Qui ne voudrait pas voir la tentative d'empoisonnement du plus jeune serial-killer de tout les temps échouer parce que "cette tomate était étrangement lourde" ? Qui ne voudrait pas voir dix ans de délire Japonais résumé en une poignée d'épisodes ? Plein de gens, je suppose, mais ne faisons pas les rabats-joies, c'est un vrai plaisir coupable de voir ces soudains plans-nichons complètement hors propos, ces couchers de soleil allant du rouge au vert au passant par le violet, ces immeubles gentiment vide en pleine métropole nippone, cette violence sanguinolente déchaînée sans que personne ne lève un sourcil, ce gros doigt pointé vers la cohérence et la retenue.
Et ces personnages, mon Grand Acarien ! Tremblez de peur ( ou d'extase ) devant un type qui se prend pour un super héros, un gentleman obsédé par les clebs, le type avec la pire coiffure du monde et sa copine, une femme qui est apparemment un jouet en plastique ayant pris vie, un homme politique qui est semble-t-il un nazi, mais pas trop, et un... flic plutôt normal et sympa. Et si cette brochette de candidats à la divinité ne vous convainc pas, que diriez vous d'un Kaworu, d'un Carcus, d'une Lesbienne et d'une Fille Random ( ils sont à ce point clichés qu'ils méritent ces appellations, oui ) qui forment le groupe d'ami de Yukiteru ? Et oui, il se fait des amis. Quand je vous disais que cet anime, c'était n'importe quoi.
Ça court, ça saute, ça tue, ça dit des fadaises, ça combat des chiens robots, ça flash-backe, c'est plein de jolies couleurs, ça n'a aucun sens, ça ne s'arrête jamais !

Et peu à peu... allez savoir pourquoi, on rigole moins. On se moque moins. On espère être juste en train de s'ennuyer, mais il faut se rendre à l'évidence, on commence à se sentir touché par cet anime ! Mon amour propre de type avec du bon goût en prend un sacré coup. Et pourtant, c'est toujours autant n'importe quoi, attention. Toujours les mêmes incohérences, les mêmes clichés, les mêmes trucs sortis de nulle part. Mais à côté de ça, l'ambiance devient plus sombre. Moins insouciante. Yuki essaye de devenir un homme, et se rend compte qu'aspirant Dieu, c'est un boulot plus compliqué que ce que dit la brochure, Yuno, en plus d'être une serial killeuse amoureuse d'une lavette, se révèle pas tout à fait saine mentalement ( ça alors, je l'avais pas vu venir ). L'intrigue reste toujours sans queue ni tête, mais les événements prennent de l'ampleur et les risques pour les personnages augmentent en conséquence. La relation amoureuse des deux protagoniste est remise en question, est approfondie, va jusqu'au bout de sa logique absurde. Le monde est menacé, la réalité est sens-dessus-dessous, les personnages sont au bord de devenir dingues, ce qui étaient une virée à disneyland Tokyo devient un drame. Et le pire, c'est qu'on en a quelque chose à foutre.
Pourquoi ? Ce n'était pourtant que fun, au début, on enchaînait les épisodes débiles d'un oeil condescendant, sans être plus que ça concerné. Peut être est-ce progressif, insidieux. Peut être qu'à force de glisser des drames humains dans un emballage loufoque, on finit par y être plus sensible quand cet emballage disparaît. Peut être qu'à force d'être répété tous les épisodes sans plus d'arguments, la romance des deux adolescent finit par être crédible, et le fait que le spectateur soit conscient de sa fragilité, contrairement à eux ( Yukiteru se sert involontairement de sa copine comme bouclier humain, quand même ) fait qu'on redoute le moment ou une pointe de réalisme va venir tout fiche en l'air. Peut être qu'avec cette trame qui s'épaissit mine de rien au fil du temps et amène des choses autrement plus grave que les boss de fin de niveau du début ( trahison, maturité, responsabilité quant à ses actes, perte d'un être cher, folie... ), on se retrouve inconsciemment prêt à accepter que la série sorte de son cadre comique de vaudeville.

Et nous voilà là, vers la fin de l'anime. Bizarrement émus. Un peu honteux de l'être. Contents d'avoir bien rigolé quand même. En train de remarquer que la musique est mine de rien pas mal du tout, et que c'est bizarre qu'il n'y ait pas eu de moments où c'était visible avant. Un peu triste parce que ça ne finit pas complètement bien pour tout le monde, mais pas trop parce que c'était quand même bien débile, aussi. Se demandant si le réalisateur avait prévu tout ça ou si c'est un parfait hasard.
En tout cas, à partir de maintenant, je penserai à ne plus baisser ma garde au premier cheveux rose venu. Derrière du rien peut parfois se cacher... du n'importe quoi. Mais plutôt du bon.

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le 3 avr. 2014

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Kevan

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