Une Série fort sympathique, qui se regarde bien, avec des personnages plutôt cool (j'adore Janette!!).
Mais si j'écris ici une rapide "critique" de ce Show, ce n'est pas tant pour son style, sa trame, ses persos, sa réal' ou autre, non, c'est juste pour relever, comme ça, gratuitement, une énormité que j'ai cru déceler et qui de mon point de vue, fait complètement s'écrouler l'édifice de cette construction qui se voulait pourtant très maline.
Car oui, cette Série a beau avoir un ton très léger, elle semble tout de même se croire très fine et très maline, en témoigne son succès auprès de certains vulgarisateurs Philo reconnus (M. Phi notamment), ce qui témoigne d'une certaine intention à être philosophiquement crédible et solide.
Sauf que je regrette, mais si au niveau entertainment de qualité, ça fait le taf et ça le fait bien, au niveau logique philosophique, ça ne marche pas, c'est profondément bancal.
Résumons (ATTENTION SPOIL) :
On a un système avec un Paradis (Good Place) et un Enfer (Bad Place). Sauf que les critères sont trop hard et que tous le monde va en Enfer. Le personnel de l'Enfer décide de mettre en place un plan innovant avec un "faux Paradis" pour torturer de façon original les nouveaux arrivants. Dans ce "faux Paradis", on explique les règles de sélections, qui se base suivant un système de points : chaque bonne action offrant des points en fonction de son degré d'Utilité : ex. réparer le vélo d'un gamin qui n'aime pas le vélo = 1 pts / réparer le vélo d'un gamin qui aime faire du vélo = 20 pts... et vis et versa pour les actions mauvaises qui enlèvent des pts en fonction de la "souffrance" qu'elles induisent. Bref, du bon gros Utilitarisme pour les nuls.
Et je regrette, mais c'est très très bizarre quand même ce mélange des genres... Je veux dire, en calquant la logique Religieuse (avec Enfer/Paradis et damnation éternelle) sur une grille de lecture "Utilitariste" (cf système de points relatifs à l'utilité de l'action), on arrive à une aberration sans nom à première vue ; En effet, comment justifier d'un point de vue Utilitariste, une infinité de souffrance et de torture pour un très grand nombre de "non-méritants"???? Toute cette souffrance engendrée va générer un calcul Utilitariste extrêmement mauvais, sans rien apporter en échange... La torture ne peut être justifiable que d'un point de vue Déontologique (pour fixer et sacraliser un interdit supérieur) ou bien à la rigueur si elle apporte potentiellement quelque chose de concret (ex : pour empêcher un attentat meurtrier par exemple ou si on suppose qu'elle aurait un effet dissuasif avéré). Le concept de damnation (qui n'est même pas présenté en amont et qui donc ne peut avoir aucun effet dissuasif) me semble totalement incompatible avec l'idée même d'un système Utilitariste ou qui se voudrait, même de manière parcellaire, comme tel...
Et je suis vachement surpris de ne pas avoir vu plus de monde lever un sourcil de circonspection devant cet aspect là (pourtant d'autres critiques ont été relevée, mais pas celle-ci)... Nan mais, je sais que je suis un peu relou là (pour pas changer^^) mais tu peux pas faire un truc vachement fignolé et documenté de la main gauche pour te vautrer aussi ostensiblement de la droite ; il y a mal donne! Bref.
Et du coup, toute cette réflexion m'amène à une autre question plus fondamentale : les défenseurs de l'Utilitarisme (Bentham et consort) pouvaient-ils seulement croire à des concepts comme l'Enfer et la Damnation (je suppose que non...) et si oui, comment faisaient-ils pour justifier rationnellement une telle chose?... C'est une vraie question.