The Nokdu Flower
8
The Nokdu Flower

Drama SBS (2019)

Thèmes : Histoire / Période Joseon / Colonisation japonaise / Famille / Lutte armée
Bromance : 70 % / Romance : 40 % / Féminisme : 70% / Paternalisme : 0%
*


L'histoire de Nokdu Flower se déroule entre 1894 et 1895 pendant la révolution paysanne de Donghak. Baek Yi-kang et Baek Yi-hyeon sont deux demi-frères appartenant à une famille de classe moyenne et dont le père est notoire en tant qu'agent du gouvernement local. Yi-kang est le fils aîné bâtard, né d'une servante abusée. Il est utilisé par son père comme homme de main et est craint par la population. Yi-hyeon est le fils légitime, à l'avenir tout tracé : après ses études au Japon, il passera le concours d'Etat et sera promis à un bel avenir. Alors que tous méprise Yi-kang, Yi Hyeon en est proche. Les deux frères s'aiment et se respectent.
Mais en 1893 éclatent les premières émeutes paysannes, initiée par le général Jeon Bong Jun, et dont les fondations reposent sur le mouvement religieux Donghak et l'égalité entre les hommes. Les deux frères vont se retrouver plongés au coeur de la révolte, et bientôt dans deux camps opposés...


J'ai vraiment beaucoup apprécié Nokdu Flower. Les 24 épisodes m'ont semblé très courts. C'est une période de l'histoire de la Corée que je ne connaissais pas et j'ai aimé être plongée dans cette époque. Chronologiquement, l’action se situe 10 avant Mr Sunshine. D’ailleurs, à ce propos, on retrouve ici Choi Moon-jun, qui jouait l’artilleur Jang dans Mr Sunshine, et qui est ici tout aussi puissant, beau et charismatique. Il interprète ici le général Jeon Bong-jun (“Nokdu”).


A chacune de ses apparitions, son aura crève l’écran. Vraiment, il en impose avec sa retenue, son calme et son regard plein d’intelligence et de bonté, tacticien et politicien hors pair...


J’ai aussi été ravie de retrouver plusieurs des comédiens de Six Flying Dragons (et aussi des références au drama avec la présence de deux personnages qui viennent directement en clin d’oeil, ce qui donne lieu à deux scènes très amusantes, surtout la première).


La série se focalise donc sur le général Nokdu, mais aussi sur Song Ja-in, une jeune femme faisant partie de la ligue des marchands, bien décidée à faire sa place au soleil. Elle est interprétée par la magnifique Han Ye-ri (Six Flying Dragons, Minari…) et on peut dire que c’est un personnage fort et féministe, qui joue égal à égal avec ces messieurs.


Et les deux personnages principaux, donc, ce sont les deux frères, aussi différents l’un de l’autre qu’il est possible de l’être : l’un racé, posé et cultivé, voué à la lumière, l’autre fruste, avec un côté animal, voué à être un homme de l’ombre. Et pourtant, les deux s’aiment et se respectent, le plus jeune ayant toujours défendu son aîné, l’autre ayant toujours protégé son cadet. Les deux étant également les jouets de leur père… Cho Jung-seok (Yi-kang) et Yoon Si-yoon (Yi-hyeon) sont tous les deux formidables (surtout Cho Jung-seok, écorché vif, sublime) et physiquement, leur choix est parfait : l’un (YSY) est grand, longiligne, physique "idéal", qu’on remarque ; l’autre (CHS), plus petit, trapu, peau plus sombre, grand yeux noirs :


le "civilisé" (le Japon qui aime à penser qu'il est le seul pays civilisé d'Asie) contre le "sauvage" (Joseon, considérée par les Japonais comme un pays d'arriérés).


Les deux personnages sont complexes et ils évoluent beaucoup au cours de l’intrigue.


Un autre personnage qui m’a impressionnée, c’est celui de Hwang (interprété par Choi Won-yeong, que j’ai récemment vu dans Alice et Sky Castle). Il est très marquant aussi dans son évolution.


Et puis il y a le remarquable Park Yeok-gwon (Six Flying Dragons, Secret Affair, Something in the rain), toujours exceptionnel dans le rôle du père abject des deux personnages principaux. Et puis Kim Sang-ho (Alice aussi, Kingdom, Sweet home), adorable dans le rôle du “grand frère” de Ja-in, toujours à ses côtés, dont le visage sourit rien qu’avec les yeux…


La série est pleine de personnages complexes et bien écrits avec une évolution intéressante pour beaucoup d’entre eux.


La série est addictive et certains des personnages sont très vite très attachants. C’est marrant parce qu’à la première image où on voit Yi-kang, il m’a tout de suite accrochée. Il captive tout de suite le regard. Je me suis demandée si c’était lui ou pas le héros parce que je voulais le revoir (oui, c’est le premier drama que je vois avec Cho Jung-seok). Je me suis dit d’entrée que, purée, lui, il dégage un truc de malade !


L’un des éléments phares de Nokdu flower, c’est le peuple, comme dans Six Flying Dragons où Jeon Do-jeon les définissait comme l’essentiel, comme ceux autour duquel le monde devait se construire : les racines de la Corée. Ici, les classes dirigeantes sont reléguées au second plan. Ce sont les paysans qui sont mis à l’honneur, ceux qui ont constitué l’Armée Vertueuse au fil des années, comme dans Mr Sunshine.


C’est très émouvant de découvrir cette page ci de l’histoire de la Corée, de ce que les Coréens ont traversé pendant ces années de révoltes. Cette détermination, cette unité. Ici, on est au plus près des gens. Et on est beaucoup dans l’empathie avec eux.


Et on sait qu’ils vont tous à la mort. C’est d’autant plus difficile de regarder certaines scènes (épisode 22...)


Le personnage de Yi-kang est celui avec lequel on est forcément le plus en empathie. C’est à travers ses yeux qu’on avance dans le récit. Il est émouvant, attachant et il a un côté enfant. Il grandit au fil de l’histoire et le spectateur assiste véritablement à son éclosion. C’est assez touchant.


Un thème important de la série aussi, c’est la dualité. Dans un pays déchiré, on a nos deux personnages principaux qui luttent l’un contre l’autre d’abord puis intérieurement chacun contre leur propre Mr Hyde… Mais cette dualité n’est jamais simpliste : la série a l’intelligence de ne brosser aucun des deux comme des êtres figés, tout en blanc ou tout en noir. Parmi les autres personnages aussi, l’écriture est belle. Le personnage de Hwang est d’ailleurs l’un des plus intéressants parmi les seconds couteaux.


Et la scène de sa fin est par ailleurs superbe : il bascule finalement du bon côté, ayant réussi à atteindre son objectif de devenir un “vrai” noble, alors que Yi-hyeon bascule, lui, définitivement dans l’obscurité.


Le personnage le plus complexe de la série, c’est Yi-hyeon.


Il est vraiment celui dont les actes et les choix m’ont laissée le plus dans l’interrogation. Il est dans l’autodestruction et possède une grande lucidité : il sait qu'il est condamné dès le départ. Il essaye de s'en sortir comme lui a demandé Yi-kang (en devenant superviseur pour Nokdu), mais à cause de la violence de quelques uns, il bascule à nouveau, et là, c'est le chemin de non retour...


Yoon Si-yoon, je ne le connaissais pas avant et je l’ai trouvé très bien.


Quant à la romance (ben oui, il y a toujours une romance), elle reste un peu au second plan mais elle apporte de la tendresse à la série. Les deux personnages s’aiment mais restent indépendants l’un de l’autre, souvent en dualité aussi d’ailleurs au fil des épisodes…


Enfin, je trouve qu'il y a une vraie problématique autour du père : les pères ici, il y en a trois :
-Baek Ga, le père dysfonctionnel des deux personnages principaux : avide, ambitieux, manipulateur, violeur aussi dans sa jeunesse. Un personnage méprisable, rongé par la honte d'une naissance de basse classe, qui exploite les autres pour son seul compte, ses enfants ne devant servir qu'à sa propre gloire.
-Le seigneur Song, le père de Ja-in, qui, s'il est fortement attaché à sa fille, lui, n'est aussi intéressé que par la prospérité de l'entreprise familiale.


Il sera celui qui trahira les rebelles.


-Enfin, plus largement, il y a le roi qui est censé être le père de la nation. Mais c'est un homme faible et influençable, incapable d'aider ses sujets, totalement écrasé par les autres, retournant sa veste en fonction des événements.
Tous les trois sont des pères soient haïssables, soit pathétiques. Ils sont défaillants. Un seul est fort, fiable, debout. Celui qui incarne LE père ici, c'est Jeon Bong-jun, celui qui se préoccupe du sort des faibles et du pays. Le général Nokdu qui agit comme un père envers ceux qui ont choisi de combattre à ses côtés et qui se comporte vraiment comme tel avec Baek Yi-kang. Il est le père ici ce tout Joseon. Et en cela que cette figure est d'autant plus forte.


Alors oui, la série n’est pas aussi puissante et virtuose que Mr Sunshine (chef d’œuvre absolu) et elle est aussi plus modeste dans sa réalisation et sa photographie, mais elle est fortement marquante et ses personnages complexes interrogent et touchent. Elle et fait preuve d’une belle énergie et d’une grande émotion dans le récit. Et comme Mr Sunshine, c’est une tragédie. Une tragédie pleine d’espoir. Ses personnages sont pris dans le tourbillon des événements qui se déroulent autour d’eux et ils prennent des décisions parfois remarquables, parfois honteuses. Les chemins qu’ils empruntent ne les déterminent pas forcément comme bons ou mauvais, ils tentent tous de survivre.


Ah, et puis un dernier mot sur l’intro, juste sublissime avec sa musique mélancolique et son design noir et blanc magnifique !


*Voir page d'accueil de ma liste pour plus d'explications : https://www.senscritique.com/liste/Kdramas_vus/2850094

ElizzZed
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le 21 mai 2021

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Aglaé Brisetin

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